A Cognac, les alambics dopent le tourisme d'hiver

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Par Alexandra LESIEUR - Cognac (France) (AFP)
Publié le 15 février 2018 - 09:30
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La distillerie de Peu à Juillac-le-Coq près de Cognac (sud-ouest), le 9 février 2018
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© NICOLAS TUCAT / AFP
La distillerie de Peu à Juillac-le-Coq près de Cognac (sud-ouest), le 9 février 2018
© NICOLAS TUCAT / AFP

Dans un tuyau en cuivre brillant s'écoule de l'eau-de-vie transparente. Devant dix alambics alignés de part et d'autre de la salle de distillation, rien ne semble changé depuis le XIXe siècle aux yeux des visiteurs venus découvrir en Charente les secrets de fabrication du cognac.

Véritable attraction pendant l'hiver, lorsque la vigne est au repos, l'ouverture aux visiteurs de l'élaboration d'une eau-de-vie représente un vrai plus touristique pour cette région qui compte 4.500 exploitations et plus de 250 maisons de négoce.

"Les Bordelais nous l'envient. La distillation est le moment où on va transformer le vin en eau-de-vie, le futur cognac. Un moment magique où il fait chaud à l'intérieur de la distillerie, où ça sent bon", s'enthousiasme Stéphane Daugeron, responsable des visites Hennessy, du groupe LVMH.

Depuis janvier, cette maison de négoce propose une visite haut de gamme dans sa distillerie du Peu à Juillac-le-Coq. L'amateur y apprend comment le vin se transforme en 24 heures en eaux-de-vie qui, une fois assemblées, donneront du cognac.

Surtout, il participe à un grand moment de la distillation: la coupe. Avec les distillateurs, réunis devant l'alambic, le visiteur peut lui aussi goûter l'eau-de-vie jusqu'à ce que sa concentration aromatique et gustative soit parfaite, sans trop d'amertume.

Des vignes jusqu'aux chais de vieillissement, les touristes apprennent d'où vient le cognac, les deux chauffes pendant la distillation, etc.

"Je n'imaginais pas que c'était aussi compliqué et qu'il y avait autant de travail derrière une eau-de-vie", lance Betty Dempt, venue de Reims. "On remonte dans le temps", sourit-elle.

Hennessy accueille dans son siège historique à Cognac 30.000 visiteurs par an, principalement des Français, suivis par les Anglais et les Nord-Européens, sans compter les touristes des Etats-Unis et de Chine, principaux marchés du cognac.

- 200.000 visiteurs par an -

Sur l'ensemble du Cognaçais, près de 200.000 personnes en quête d'oenotourisme font le déplacement chaque année, selon l'interprofession.

"Il y a trois types de clientèle: les novices qui vont dans une grande maison de négoce, ceux qui y sont déjà allés et se rendront chez un viticulteur et les amateurs qui s'offrent une visite VIP dans une maison", explique Stéphanie Tonon, directrice de l'office de tourisme de Cognac.

"C'est une niche, reconnaît-elle, tout en soulignant le dynamisme de la région. Depuis que Hennessy a rouvert au public en 2016, il y a un vrai effort pour mettre en avant le cognac".

Certaines grandes maisons sont dorénavant ouvertes en hiver, des petites maisons de négoce comme Frapin accueillent aussi le public, deux bars à cocktail ont ouvert l'année dernière à Cognac et un hôtel cinq étoiles est en construction.

Ces nouvelles offres s'ajoutent à toute la gamme d'activités déjà proposées: repas dans les salles de distillation, concerts, taï-chi dans les vignes... jusqu'au tour en jeep l'été sur le domaine Marcadier-Barbot à Segonzac.

Dans cette propriété familiale, les touristes découvrent là aussi deux majestueux alambics en cuivre rouge. Devant la chaudière surmontée d'un bec de cygne, ils sentent et goûtent l'alcool blanc qui sort de l'alambic à 71 degrés jusqu'au produit final, le cognac à 40 degrés, qui prend sa couleur en vieillissant dans les futs de chêne.

"Beaucoup pensent que le cognac n'est pas fait à base de raisins. Ils imaginent que c'est peut-être comme du whisky", explique un des propriétaires Frederick Barbot, qui fournit en eaux-de-vie de grandes maisons telles que Rémy Martin, et vend en direct 10% de son propre cognac.

Cette année, la distillation, autorisée officiellement jusqu'à fin mars, se termine dès février, en raison d'une petite récolte après le gel du printemps 2017.

Les derniers touristes viennent se réchauffer auprès des alambics après avoir vu pressoirs et chais aux murs noircis par le torula, champignon se nourrissant des vapeurs d'alcool issus des fûts.

Et ce qu'ils aiment le plus, dit son père Alain Barbot, "c'est de sentir le cognac directement dans la barrique. Ca, les gens, ils apprécient!".

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