France : la dette publique contenue à près de 100% du PIB

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Par Boris CAMBRELENG - Paris (AFP)
Publié le 28 septembre 2018 - 13:57
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Evolution trimestrielle de la dette publique française de 2007 au 2e trimestre 2018, après intégration par l'Insee de la dette de la SNCF
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© Jean Michel CORNU, Thomas SAINT-CRICQ / AFP
Evolution trimestrielle de la dette publique française de 2007 au 2e trimestre 2018, après intégration par l'Insee de la dette de la SNCF
© Jean Michel CORNU, Thomas SAINT-CRICQ / AFP

La dette publique de la France est restée sous la barre symbolique de 100% du PIB au deuxième trimestre mais avait dépassé ce seuil l'an dernier en intégrant la dette de la SNCF, un niveau qui n'est supportable que si les taux d'intérêt restent bas, préviennent les économistes.

La dette publique a atteint 99% du PIB à la fin du deuxième trimestre à 2.299,8 milliards d'euros, après intégration de la dette de la SNCF dans les statistiques, décision appliquée de façon rétroactive à compter de 2016, a annoncé l'Insee vendredi.

La dette calculée avec ce nouvel élément est en diminution de 0,3 point par rapport au 1er trimestre. Si elle a diminué en pourcentage du PIB, elle a en revanche progressé de 5,2 milliards d'euros par rapport au trimestre précédent.

Mais avec ce nouveau mode de calcul, la dette publique de la France a en fait déjà dépassé le total de la richesse nationale durant deux trimestres, atteignant en 2017 100,7% au 1er trimestre et 100,9% au 2e, avant de décroître le reste de l'année.

Au premier trimestre de 2018, elle a de nouveau augmenté à 99,3%, la dette de l'Etat progressant traditionnellement durant les six premiers mois de l'année avant de retomber ensuite.

"La dette devrait redescendre jusqu'à la fin de l'année. En 2019, elle va être à peine stabilisée à cause du remplacement du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, NDLR) par des allègements de charge, qui fait qu'on paie deux fois 20 milliards", relève François Ecalle, ancien magistrat à la Cour des comptes.

"En trésorerie, ça va obliger l'Etat à s'endetter un peu plus. Donc, la dette est tout juste stabilisée. Après 2019, si les prévisions (de croissance) sont bonnes, elle devrait baisser durablement", poursuit cet expert des finances publiques.

Avec une croissance prévue à 1,7% et une inflation prévue à 1,3% pour 2018, "il est normal que la dette diminue" avec un déficit prévu à 2,6% du PIB, constate aussi Patrick Artus, chef économiste chez Natixis.

Mais "l'année prochaine ça va être beaucoup plus juste parce qu'il y aura un peu moins de croissance et parce que le gouvernement a ciblé 2,8% comme objectif de déficit public", ajoute cet analyste.

-"Très mauvais signal"-

La vraie question pour M. Artus n'est toutefois pas de savoir si la politique budgétaire permettra une légère baisse de l'endettement public, mais si les taux d'intérêt se maintiendront à un niveau suffisamment bas pour que la dette reste soutenable.

Pour le moment, cette dette "est soutenable, ce n'est pas un danger pour les finances publiques", a assuré Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières sur BFM TV. "Il faut absolument la contrôler, la maîtriser, mais il faut retrouver le chemin de la réduction de la dette", a-t-il conseillé au gouvernement français.

Alors que la Banque centrale européenne (BCE) envisage de relever ses taux après l'été 2019, les pays de la zone euro seront d'autant plus fragilisés qu'ils sont endettés.

"Avec des taux à long terme à 1,5% (contre 0,75% sur dix ans aujourd'hui), on peut avoir une dette de 100% du PIB", estime Patrick Artus, ajoutant que "si c'était 4%, les gros ennuis commenceraient".

M. Ecalle met en avant l'écart avec l'Allemagne, dont l'endettement public diminue rapidement et pourrait retomber sous la limite des 60% fixés par le traité de Maastricht à la fin de cette année.

"La dette allemande à 60% et la dette française à quasi 100%, c'est un signal qui est très mauvais pour la cohésion franco-allemande", selon lui.

M. Artus exclut de son côté que la France s'engage sur la voie d'une réduction drastique de son endettement public pour converger avec l'Allemagne.

"On n'a pas envie de faire ça et on ne le peut pas, vu les contraintes de dépenses publiques qu'on a aujourd'hui", estime-t-il.

Pour lui, "le pari des pays européens qui n'ont pas fait comme l'Allemagne, c'est-à-dire la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, etc., c'est que la BCE ne ramènera jamais les taux d'intérêt dans une région dangereuse, une des raisons étant que la BCE n'oserait pas déclencher une crise budgétaire dans ces pays".

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