Grève à la SNCF et "désorganisation" : Pepy demande des explications à la CGT
Le patron de la SNCF Guillaume Pepy a demandé mercredi des explications à la CGT, qui menace dans un courriel interne attribué à un de ses responsables parisiens de désorganiser complètement le service entre les jours de grève pour "faire plier" le gouvernement et la direction.
"On organiserait la désorganisation?", s'est interrogé M. Pepy sur RTL. "Ça ce n'est pas la SNCF, ce n'est pas les cheminots, ce n'est pas le service public. (...) Rien ne justifie que pendant trois mois on prévoit une gêne permanente des usagers", a-t-il asséné.
Dans un long message révélé par le Parisien et dont l'AFP a eu copie, signé par le secrétaire général d'une section parisienne, la CGT Cheminots se réjouit du mode d'action choisi, une grève deux jours sur cinq du 3 avril au 28 juin, qui selon elle "permet de désorganiser fortement le plan de transport et les travaux".
"La direction avait anticipé et s'est organisée pour une grève dure et reconductible classique. Ils n'ont à aucun moment senti venir le coup", se réjouit-elle, notant que le mouvement sera "IN-GE-RABLE" pour les dirigeants de l'entreprise publique et le gouvernement.
"Nous pouvons tenir trois mois tout en ayant quasiment le même impact qu'une grève reconductible classique sur les jours où nous serons à la production", écrit-elle, ajoutant que "la désorganisation du travail devra se faire également sur les jours ouvrés".
La CGT prédit de fait une belle pagaille aux bout de quelques jours. "Les agents ne seront pas au bon endroit, les rames perdues au milieu de nulle part, etc.", prévoit-elle. L'entretien des voies et du matériel deviendra vite impossible.
"La direction sera totalement perdue et incapable d'anticiper quoi que ce soit", et les plans de transport annoncés par la direction à 17H00 les veilles des jours de grève annoncés seront impossibles à tenir, dit-elle.
"Si jamais nous voyons que ces deux jours ne suffisent pas à désorganiser la production alors nous pourrons toujours durcir le ton. Mais je suis intimement persuadé que, si tout le monde joue le jeu et s'implique dans la grève, cette stratégie est la meilleure que l'on puisse avoir. (...) On va gagner!", conclut le responsable syndical.
Interrogée par l'AFP, la fédération CGT Cheminots n'a pas réagi dans l'immédiat.
"Moi je crois que l'auteur de ce mail doit s'expliquer, parce que moi je suis extrêmement choqué et je pense que les autres cheminots, l'immense majorité des cheminots, comme moi, ne se reconnaissent pas dans ces menaces", a réagi Guillaume Pepy.
"Qu'il y ait grève, c'est un droit constitutionnel. Mais lorsqu'il n'y a pas grève, il faut que tout le monde fasse ses efforts pour que le service public fonctionne pour les 4,5 millions de voyageurs quotidiens", a souligné le patron de la SNCF.
"Si l'objectif c'est de perturber au maximum les voyageurs, de désorganiser le service public, là je pense que ça n'est pas ce qu'on peut attendre de l'action syndicale", a de son côté indiqué la ministre des Transports Elisabeth Borne.
"Je ne peux pas croire que les cheminots adhèrent à ces méthodes", a-t-elle ajouté sur RMC, répétant que "la bonne démarche, c'est la négociation".
Dans un courrier adressé mardi aux syndicats, Mme Borne a annoncé un nouveau calendrier de négociations, tenant compte du calendrier parlementaire et prévoyant notamment "des réunions multilatérales pour restituer le résultat (des) échanges bilatéraux".
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