L'immobilier ancien reste au plus haut, mais craint la pénurie
Une stabilisation au plus haut: c'est le bilan de la première moitié de 2018 en France pour le marché de l'immobilier ancien, qui sort de deux années sans précédent mais dont plusieurs acteurs craignent les conséquences d'une offre s'amenuisant.
"On est sur un rythme de transactions extrêmement élevé, mais qui a arrêté de croître", a résumé lundi lors d'une conférence de presse Laurent Vimont, président de l'antenne française de Century 21, qui compte 850 agences.
Depuis le début de l'année, Century 21 voit le nombre de ses ventes stagner (+0,3%) en France par rapport à la même période de 2017, selon des chiffres donnés à cette occasion.
D'autres agences avaient déjà publié un bilan en juin sur une période équivalente. Chez Orpi, les ventes ont reculé de 1,7%, alors que chez Guy Hoquet - qui appartient comme Century 21 France au géant immobilier Nexity -, elles ont à l'inverse progressé de 4,2%, dans les deux cas sur un an.
Cette dernière progression est une "surprise" puisque le marché ne semblait plus guère avoir de marge, reconnaissait en juin Fabrice Abraham, directeur général de Guy Hoquet, lors d'une conférence de presse.
Les deux dernières années ont été sans précédent pour le marché français. Après avoir déjà battu un record en 2016, les ventes ont été encore plus fortes l'an dernier en dépassant presque le million.
Pour Century 21, la forme du marché a une explication évidente: des conditions bancaires toujours exceptionnelles pour les acquéreurs qui peuvent emprunter depuis des années à des taux extrêmement bas.
- Loi logement sans effet -
Reste que ses homologues entrevoient une situation de plus en plus tendue, l'offre de logements anciens risquant de ne plus répondre à une demande enflammée.
"Ca fait 30 ans que je fais de l'immobilier", prévient M. Abraham. "Je n'ai jamais vu un tel déséquilibre entre l'offre et la demande."
Guy Hoquet, qui détient 500 agences dans le pays, note une forte baisse des mandats de vente, qui donnent une indication des opérations futures, et s'attend à un deuxième semestre "moins fort que le premier", selon les termes de M. Abraham.
Dans certaines zones, la situation est si tendue qu'elle pousse les "clients à se précipiter sur les offres", renchérit dans un communiqué Christine Fumagalli, présidente d'Orpi, qui compte 1.200 agences.
"Il arrive qu'ils reviennent sur leur décision après réflexion, le bien n'étant pas celui de leur rêve ou le niveau de prix dépassant un seuil psychologique", prévient-elle.
Les prix de vente au mètre carré poursuivent leur hausse même s'ils se modèrent. Chez Orpi, ils progressent de 1%, tandis qu'ils montent de 1,2% chez Guy Hoquet et de 2,3% chez Century 21.
"Je m'attendais à une hausse plus forte, elle a été retenue", nuance M. Vimont, évoquant un "plafond de verre" des prix tout en se montrant plus optimiste que ses confrères sur un maintien de l'activité aux niveaux actuels d'ici la fin de l'année.
Les agences dressent des diagnostics divergents entre Paris et le reste de la France: Century 21 met l'accent sur des progressions des prix au mètre carré dans quasiment toutes les régions face à un ralentissement des hausses à Paris.
A l'inverse, "les prix n'augmentent plus en province" et bondissent encore à Paris chez Guy Hoquet, remarque M. Abraham, soulignant une "disparité régionale terrible", avec "vraiment deux marchés".
En tout état de cause, les deux réseaux s'accordent sur un élément: le vaste projet de loi engagé par le gouvernement sur le logement, qui va passer au Sénat après son adoption par les députés, n'a pour l'heure guère de conséquence sur le marché de l'ancien.
"Les français regardent ça de très loin... Pour ceux qui regardent", estime M. Abraham.
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