Uber : une image sulfureuse forgée dans les scandales

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Par AFP
Publié le 22 novembre 2017 - 15:15
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L'image d'Uber, déjà sulfureuse, est écornée par la révélation d'un piratage massif des données de 5
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L'image d'Uber, déjà sulfureuse, est écornée par la révélation d'un piratage massif des données de 57 millions de clients fin 2016
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Uber, le groupe américain de réservation de voitures avec chauffeur, voit son image déjà sulfureuse encore écornée par la révélation d'un piratage massif des données de ses utilisateurs et des critiques sur son manque de transparence.

Le vol des noms, adresses électroniques et numéros de téléphone de 57 millions de clients s'est produit fin 2016 mais n'a été révélé que mardi par le PDG, Dara Khosrowshahi.

L'arrivée de M. Khosrowshahi à la tête d'Uber fin août et la communication autour d'une nouvelle culture d'entreprise devaient aider à faire oublier les scandales de l'ère Travis Kalanick, cofondateur de l'application mobile en 2009 et patron jusqu'à sa démission en juin.

Harcèlement sexuel

L'image d'Uber est déjà sérieusement ternie en février quand M. Kalanick annonce l'ouverture d'une enquête interne après des accusations de harcèlement sexuel et de sexisme au sein de l'entreprise.

Susan Fowler, une ingénieure ayant travaillé pour Uber, avait publié un article sur son blog personnel expliquant pourquoi elle était partie travailler ailleurs.

Elle raconte avoir reçu, au tout début de sa prise de fonctions fin 2015, des propositions sexuelles d'un supérieur, et l'avoir signalé. Selon elle, l'homme n'a pas été sanctionné au motif que c'était sa "première infraction" et qu'il affichait "une performance élevée". Mme Fowler, de son côté, s'est vu demander de choisir entre changer de service ou prendre le risque d'obtenir une mauvaise évaluation si elle conservait son poste.

L'audit interne s'était soldé par une vingtaine de départs d'employés. Il préconisait aussi le départ du patron Travis Kalanick et une refonte des valeurs de l'entreprise.

Altercation du PDG avec un chauffeur

Quelques jours après, M. Kalanick, doit présenter ses excuses après la diffusion d'une vidéo le montrant en pleine altercation avec un conducteur Uber.

On y voit M. Kalanick répondre au conducteur qui lui reproche d'avoir fait chuter les rémunérations. "Certaines personnes n'aiment pas endosser la responsabilité de leur propre merde", lui assène le PDG.

Il avait fini par faire son mea culpa dans un message adressé à ses employés.

Problèmes juridiques

Uber est visé par plusieurs enquêtes des autorités américaines sur des soupçons de corruption de responsables étrangers ou d'utilisation de logiciels illégaux.

Le gouvernement américain a notamment ouvert une enquête pénale contre Uber, soupçonné d'avoir utilisé un logiciel pour permettre à ses chauffeurs d'éviter de se faire repérer par les autorités dans les zones dont il est exclu.

A Londres, l'Autorité des transports a évoqué ce même logiciel pour retirer sa licence à la compagnie. Le groupe a saisi un tribunal pour contester cette décision.

Présent dans 500 villes dans le monde, Uber fait régulièrement face à des problèmes juridiques avec ses chauffeurs qui réclament de meilleures rémunérations et un statut plus protecteur, avec les taxis qui voient en lui un concurrent déloyal, ou avec les autorités.

En mai, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait estimé qu'Uber devait disposer de licences et agréments au même titre que les taxis ordinaires, remettant en cause le modèle de fonctionnement du groupe.

Uber est par ailleurs poursuivi par Waymo, filiale d'Alphabet (Google) spécialisée dans la voiture autonome, qui l'accuse de lui avoir volé des technologies. Un procès est attendu en décembre.

Problèmes financiers

Pour certains analystes, le plus gros problème d'Uber est surtout financier. En 2016, le groupe a perdu 2,8 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires de 6,5 milliards.

Le groupe qui n'est pas coté en Bourse, ne fournit jamais de résultats complets mais fait part à intervalles réguliers de certaines performances financières, ce qui rend difficile la comparaison d'une année sur l'autre.

Il a réduit sa perte au deuxième trimestre, selon des chiffres cités par le site d'information Axios et confirmés par Uber. Sa perte d'exploitation avant intérêts et impôts (EBIT) s'est élevée à 645 millions de dollars pour un chiffre d'affaires à 1,75 milliard, plus que doublé par rapport au deuxième trimestre de 2016.

Le groupe, dont la croissance de l'activité est fulgurante, était valorisé au printemps à environ 70 milliards de dollars. Mais les polémiques ont fait baisser sa valeur théorique.

Uber avait annoncé début novembre qu'il prévoyait une entrée en Bouse en 2019. M. Khosrowshahi avait assuré que, malgré ses énormes pertes financières, l'entreprise était sur la voie de la rentabilité, à long terme.

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