1er-Mai : amende et relaxes pour les premiers manifestants jugés à Paris

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Par Sofia BOUDERBALA - Paris (AFP)
Publié le 04 mai 2018 - 23:26
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Des manifestants vêtus de noir défilent en marge du défilé syndical du 1er mai 2018 à Paris
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© Alain JOCARD / AFP/Archives
Des manifestants vêtus de noir défilent en marge du défilé syndical du 1er mai 2018 à Paris
© Alain JOCARD / AFP/Archives

Un apprenti cuisinier relaxé, une spécialiste du vitrail en panique, un ex-graffeur repenti ou une SDF belge: ils ont défilé vendredi au tribunal correctionnel en "comparution immédiate" pour répondre de violences commises lors de la manifestation du 1er-Mai à Paris.

Toute l'après-midi, ils se sont succédé à la barre, les visages défaits après une longue garde à vue, souvent au bord des larmes. La plupart obtiennent un report de l'audience, pour mieux se préparer.

Bilan de la journée: une condamnation à 1.000 euros d'amende pour un fumigène dans la poche et deux relaxes.

Deux jeunes femmes, une Suisse et une SDF belge, qui ont refusé de se soumettre à des relevés d'empreinte et d'ADN sont écrouées dans l'attente de leur procès, dans trois semaines. Les autres sont laissés libres, parfois avec une obligation de pointer au commissariat.

"Mais où sont les black blocs?", raille un avocat, en référence aux militants d'ultragauche accusés d'être à l'origine de violences contre les forces de l'ordre et de nombreuses dégradations, allant de vitrines brisées à des incendies, en marge du défilé du 1er-Mai.

Le premier jugé en lien avec ces violences, Tim R., cadreur, ex-graffeur et photographe à ses heures, est relaxé des faits de "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations".

Mais il écope d'une amende pour avoir été en possession d'un fumigène, rapporté, dit-il, d'un tournage en Espagne et qu'il assure avoir songé à allumer pour "faire de chouettes photos" dans la manifestation.

La procureure avait réclamé quatre mois ferme contre lui et un mandat de dépôt à l'audience, "au vu de ce qui se prépare": allusion sans doute aux futures manifestations contre la politique gouvernementale, dont le rassemblement prévu samedi à Paris pour faire la "fête à Macron".

- "Traitement exceptionnel" -

L'avocat du jeune homme a dénoncé le "traitement exceptionnel" réservé aux manifestants interpellés, parmi lesquels on ne trouve "aucun black bloc" mais une "foule de badauds", moins entraînés à échapper à la police.

Beaucoup ne comprennent pas pourquoi ils ont été arrêtés, parfois loin du cortège, et encore moins pourquoi ils doivent "se justifier" d'avoir participé à une manifestation.

"Il avait l'attirail du parfait manifestant", a plusieurs fois attaqué la procureure, insistant sur la "tenue sombre", le "masque chirurgical" ou "l'écharpe" de certains prévenus lors de leur interpellation.

Malick B., apprenti cuisinier (20 ans), et sa petite amie étudiante, Coline S. (19 ans), ont expliqué avoir voulu se protéger des gaz lacrymogènes lancés par la police alors qu'ils étaient dans le cortège, avec la CGT.

- "Pourquoi ne pas quitter la manif si vous êtes gênée par les gaz?", demande la procureure.

- "Parce qu'il m'a semblé que ma présence était importante", répond la jeune femme.

- "Pourquoi votre présence est importante?"

Après un bref silence, Coline S. répond d'une voix douce mais ferme: "Madame, par ma présence dans cette manifestation, je cherchais uniquement à exprimer mon opinion... et un soutien aux luttes en cours parce que je ressens qu'il y a un problème avec la politique actuelle".

Le couple a expliqué avoir été arrêté après 20H00, pris en tenaille par les policiers qui venaient d'évacuer une place où des jeunes s'étaient "rassemblés pour boire un verre". Ils avaient répondu à un appel à "un apéro" lancé sur les réseaux sociaux. Les deux jeunes gens seront relaxés.

Vient le tour de Bianca B., qui se tient les coudes, réprime ses larmes. Sous traitement anxyolitique pour soigner une angoisse chronique, elle sollicite un report d'audience. Après avoir travaillé dans un atelier de vitrail à Paris, elle aspire à une vie calme.

Parce qu'elle avait "une arme", la procureure demande son placement sous contrôle judiciaire. Elle avait dans son sac une "clé allen". "La liberté doit rester le principe", plaide son avocat. Elle sera convoquée le 30 mai, libre.

Au total, 283 personnes avaient été arrêtées à l'issue de la manifestation du 1er-Mai, dont 102 placées en garde à vue. Mercredi, une cinquantaine avaient été relâchées et mises hors de cause. Sept suspects devaient être présentés à un juge vendredi.

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