"Acte VIII" des "gilets jaunes" : un ancien boxeur en garde à vue pour avoir frappé des gendarmes
Sur la passerelle face aux gendarmes il sautille, se protège la tête, enchaîne droites et gauches, puis des coups de pied sur un gendarme au sol: l'ancien boxeur pro Christophe Dettinger, acteur d'une vidéo virale de "l'acte VIII" des "gilets jaunes" à Paris, a été placé en garde à vue lundi.
A Paris, sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor qui relie les deux rives de la Seine au Jardin des Tuileries, des affrontements éclatent entre manifestants qui essaient de rejoindre l'Assemblée nationale, et forces de l'ordre.
Un homme, colosse en jeans, manteau, bonnet et gants noirs, se place face à une ligne de gendarmes casqués et protégés de boucliers. Comme sur un ring, il sautille et enchaîne les coups de poings de boxeur sur un gendarme, faisant reculer les forces de l'ordre.
"Laissez-nous tranquilles, barrez-vous", l'entend-t-on crier, comme d'autres manifestants.
Sur une autre vidéo, vraisemblablement filmée lors du même affrontement, on voit le même homme donner plusieurs violents coups de pied à un gendarme à terre. Ce gendarme s'est vu prescrire 15 jours d'incapacité totale de travail (ITT) et a porté plainte, selon la gendarmerie.
"C'était vraiment frapper pour frapper: la tête, le visage, le dos... Ses camarades m'empêchent de me relever. C'était taper pour vraiment faire mal, voire tuer s'ils pouvaient. C'est de l'hyper-violence, (...) de la violence gratuite", a raconté lundi aux médias ce gendarme mobile, âgé de 27 ans, en marge de la cérémonie des voeux du ministre de l'Intérieur aux forces de sécurité.
Le parquet a ouvert une enquête, mais l'homme, rapidement identifié comme étant Christophe Dettinger, est resté introuvable. Il s'est rendu à la police parisienne lundi matin.
Sur une vidéo enregistrée dimanche, le champion de France professionnel des lourds-légers (2007 et 2008), s'explique. "J'ai participé aux huit actes (des "gilets jaunes"). J'ai fait toutes les manifestations de samedis sur Paris", dit-il. "J'ai vu la répression. J'ai vu la police gazer, la police faire mal à des gens avec des flashballs. J'ai vu des gens blessés (...) La colère est montée en moi et oui, j'ai mal réagi. Mais je me suis défendu", se justifie l'ancien boxeur, 37 ans, désormais agent technique à la mairie de sa ville, dans l'Essonne.
- "Hyper gentil" -
Le ministre de l'Intérieur a rencontré lundi les gendarmes "lâchement attaqués" pour "saluer leur sang-froid".
L'Intérieur n'a par contre pour l'heure pas réagi à la deuxième vidéo "coup de poing" de cet "acte VIII": celle d'un officier de police frappant plusieurs personnes lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Toulon, qui a fait l'objet d'un signalement à l'IGPN.
On le voit donner plusieurs coups de poing au visage d'un homme plaqué contre un mur, avant que d'autres fonctionnaires ne s'interposent, puis frapper, de nouveau à coups de poings, un "gilet jaune" qu'il retient sur le capot d'une voiture.
Sur sa vidéo d'explication, Christophe Dettinger se présente lui comme "un citoyen normal", "lambda" qui "manifeste pour les retraités, le futur des mes enfants, pour les femmes célibataires..."
Décrit dans les médias comme un homme "hyper gentil" par son ancien entraîneur, très étonné de l'avoir vu frapper un homme à terre, Christophe Dettinger est un "agent lambda" "assez imposant" mais à qui "on ne connaît pas d'ennuis" explique un ancien collègue.
La Fédération française de boxe a dénoncé son "comportement inacceptable et honteux" et son club de Massy, où il était licencié jusqu'en 2013, a dit ne pas comprendre "les raisons de son acte". Dans un communiqué publié sur Facebook, le patron du club l'a décrit comme "un grand champion n'ayant jamais eu un tel comportement en dehors du ring". "Ce garçon a toujours été respectueux, timide et réservé", a-t-il aussi écrit.
Une cagnotte a été lancée sur internet pour qu'il ne soit pas "le seul à payer". Lundi en début de soirée elle avait déjà réuni près de 55.000 euros.
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