Affaire Benalla : Michel Delpuech, l'un des préfets les plus puissants de France

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Par Gregory DANEL - Paris (AFP)
Publié le 23 juillet 2018 - 18:52
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Le préfet de Paris Michel Delpuech et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, à Paris, le 20 avril 2018.
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© BENOIT TESSIER / POOL/AFP/Archives
Le préfet de Paris Michel Delpuech et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, à Paris, le 20 avril 2018.
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Placé en première ligne dans l'affaire Benalla par le ministre de l'Intérieur lui-même, le préfet de police de Paris Michel Delpuech avait été nommé à ce poste prestigieux et sensible peu avant l'arrivée d'Emmanuel Macron à l’Élysée.

La République l'avait promu commandeur de la Légion d'Honneur à l'occasion du 14-Juillet: neuf jours plus tard, ce grand commis de l’État âgé de 65 ans, à la carrière jusque-là sans accroc, se retrouve au cœur de la tempête Benalla.

Auditionné lundi matin par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, Gérard Collomb, qui s'est défendu de toute faute personnelle, a renvoyé une partie de la responsabilité d'éventuels manquements au préfet de police, nommé à ce poste le 19 avril 2017, à la veille du 1er tour de la présidentielle.

Absence de signalement à la justice des violences commises par Alexandre Benalla et son acolyte le 1er mai à Paris, autorisation de port d'arme délivrée à l'ex-conseiller de la présidence "par un arrêté du préfet" sans en référer à Beauvau, gestion calamiteuse de l'incident par les services de la préfecture: Gérard Collomb a dessiné en creux le portrait-robot du parfait fusible dans cette affaire qui secoue l'exécutif.

Auditionné lundi après-midi, le préfet a, lui, dénoncé des "dérives inacceptables, condamnables, sur fond de copinages malsains" entre M. Benalla et les trois fonctionnaires de la préfecture de police soupçonnés de lui avoir remis des images de vidéo-surveillance de l'incident.

Alexandre Benalla était "un interlocuteur connu", a assumé Michel Delpuech, alors que Gérard Collomb avait assuré ne pas connaître la fonction du chargé de mission.

Le préfet a revanche renvoyé l'exécutif à sa responsabilité politique: "le sujet Benalla était traité par l'autorité hiérarchique dont il dépendait", à savoir l’Élysée, selon lui.

- "État dans l'État" -

Longtemps estampillé "chiraquien", ce "grand préfet", selon les mots d'un syndicaliste policier, avait pris la tête de la prestigieuse "PP" à la faveur d'un rocambolesque accident. Dans un contexte de menace terroriste, l'exécutif avait demandé à celui qui venait d'être nommé préfet d'Ile-de-France le 27 février 2017 de succéder en urgence à son ami et ex-camarade de l'ENA Michel Cadot, sérieusement blessé lors d'une chute à Vélib'.

"Dans le contexte, il faut quelqu'un de solide", commentait-on à l'époque dans les couloirs de Beauvau. Dès le lendemain de sa nomination, un policier, Xavier Jugelé, était tué sur les Champs-Élysées par un homme se revendiquant du groupe jihadiste État islamique (EI).

Né à Aurillac le 13 février 1953, M. Delpuech, parfois moqué en interne pour une attitude jugée aristocratique, est pourtant un produit de la méritocratie républicaine.

Ancien élève de la fameuse promotion Voltaire de l'ENA, où il a côtoyé François Hollande ou Dominique de Villepin, il commence sa carrière comme directeur de cabinet du préfet du Lot en 1980 avant de grimper une à une les responsabilités au sein de la préfectorale.

M. Delpuech connaît bien les arcanes de la préfecture de police de Paris, parfois considérée comme un "État dans l'État", pour avoir été secrétaire général pour l'administration de la police en 1996, puis directeur de cabinet du préfet de 1999 à 2003, avant d'être nommé préfet des Hauts-de-Seine.

Présenté comme "sérieux et appliqué" par un ancien préfet, "pudique, courageux, très républicain" par un ex-collaboratrice, il fut également directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie au ministère de l'Intérieur en 2007.

Préfet successivement de Corse, de Picardie puis d'Aquitaine, Michel Delpuech connaît bien Gérard Collomb pour avoir été de mars 2015 à février 2017 préfet du Rhône et de la région Rhône-Alpes. L'actuel patron de l'hôtel de Beauvau était alors maire de Lyon.

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