Affaire Grégory : nouveau coup de théâtre avec l'annulation des mises en examen

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Par Olivier DEVOS - Dijon (AFP)
Publié le 16 mai 2018 - 14:51
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C'est un nouveau coup de tonnerre dans une affaire qui en compte déjà beaucoup: les magistrats de la chambre de l’instruction de Dijon ont annulé mercredi les mises en examen de Murielle Bolle et des époux Jacob pour le rapt mortel du petit Grégory il y a 33 ans.

Les contrôles judiciaires qui pesaient sur les trois suspects de cette affaire qui a tenu la France en haleine pendant des années ont été levés.

"C'est une très belle victoire pour nous: Murielle Bolle est innocente. Sa mise en examen tombe, son contrôle judiciaire également", s'est félicité l'un de ses conseils, Me Christophe Ballorin.

"C'est encore un nouveau rebondissement énorme dans ce dossier. Ça en devient presque surréaliste. C'est manifestement un camouflet pour l'enquête", a réagi de son côté Me Frédéric Berna, l'un des avocats de Jacqueline Jacob, martelant à nouveau l'innocence de sa cliente et de son mari.

Les deux septuagénaires Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory, avaient été les premiers à être mis en examen en juin dernier, lors d'une spectaculaire relance de cette énigme judiciaire jamais résolue depuis la mort, il y a trois décennies, du petit Grégory.

Jamais inquiétés jusqu'alors, ils sont soupçonnés d'avoir été les "corbeaux" de l'affaire, à l'origine de plusieurs lettres anonymes bien renseignées, mais aussi d'être impliqués dans le rapt et la mort du garçonnet dans le cadre d'un "acte collectif".

Fin juin, Murielle Bolle, 48 ans, était mise en examen à son tour, soupçonnée d'avoir participé à l'enlèvement du garçonnet de 4 ans, dont le corps avait été retrouvé pieds et poings liés dans la rivière Vologne le 16 octobre 1984.

A l'automne 1984, alors âgée de 15 ans, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche, lors d'une garde à vue devant les gendarmes, d'avoir enlevé Grégory, avant de se rétracter. Ce dernier avait été incarcéré puis relâché avant d'être tué d'un coup de fusil par son cousin Jean-Marie Villemin, le père de l'enfant, en 1985.

- "L'affaire Grégory n'est pas terminée" -

L'accusation soutient aujourd'hui que la rétractation de Mme Bolle s'explique par des violences familiales subies à l'époque - ce qu'elle conteste.

"Avec une autre composition (de la chambre de l'instruction), la décision a été toute autre", a commenté son conseil Me Ballorin, rappelant que la chambre de l'instruction de Dijon est présidée depuis fin 2017 par Dominique Brault, l'ancienne présidente Claire Barbier se consacrant désormais exclusivement à l'instruction de l'affaire.

"L'affaire Grégory n'est pas terminée. Il est souhaitable qu'elle ne se termine que lorsqu'on connaîtra le coupable", mais "Murielle Bolle est définitivement mise hors de cause". "Enfin, il est compris que cette gamine de 15 ans n'a strictement rien à voir avec le meurtre du petit Grégory", a-t-il fait valoir.

Mais pour les avocats des époux Villemin, les parents de Grégory, "le bien-fondé de ces mises en examen n'a en rien été remis en cause par cet arrêt de la Cour d'appel de Dijon".

Dans un communiqué, ils mettent en avant un problème de forme: "la Cour a considéré que la Présidente Madame Barbier, qui avait prononcé ces mises en examen, n'en avait pas le pouvoir juridique, et que c’est à la chambre de l'instruction collégialement d'en décider."

Les conseils "sollicitent en conséquence que la chambre de l'instruction convoque à nouveau Murielle Bolle et les époux Jacob pour leur notifier à nouveau leur mise en examen, en bonne et due forme".

Les magistrats de la chambre de l'instruction avaient déjà accepté d'alléger les stricts contrôles judiciaires auxquels les mis en examen, contraints de résider loin des Vosges, étaient soumis depuis l'été dernier. Les époux Jacob avaient été autorisés à rentrer chez eux en novembre et décembre 2017 et Mme Bolle le 25 avril 2018.

Cette affaire a déjà connu plusieurs rebondissements spectaculaires: en juillet 1985, après la mort de Bernard Laroche, le juge Lambert avait opéré un spectaculaire revirement en portant ses soupçons vers la mère de Grégory, Christine Villemin. Celle-ci avait finalement été innocentée en 1993. Le juge Lambert lui même s'était donné la mort en juillet dernier après la relance de l'affaire.

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