Après "l'acte VIII", "gilets jaunes" et gouvernement de nouveau face à face
Quelles suites à "l'acte VIII"? Au lendemain d'une journée de mobilisation émaillée de heurts, des femmes "gilets jaunes" ont repris dimanche le flambeau d'une contestation qui s'enracine face à un gouvernement tenté de durcir la répression.
A Paris, Toulouse, Saint-Etienne ou Rennes, des centaines de femmes, parfois coiffées d'un bonnet phrygien, ont défilé en ciblant le chef de l'Etat --"Macron t'es foutu, les gonzesses sont dans la rue"-- et avec l'espoir de donner une image plus pacifique du mouvement qui fait vaciller l'exécutif depuis un mois et demi.
"Le gouvernement veut nous faire passer pour des casseurs, mais aujourd'hui nous sommes des mères, des grands-mères, nous sommes les filles, les sœurs de tous les citoyens", a déclaré à Caen Chloé Tessier, professeure d'équitation, après les heurts de la veille.
Près de 50.000 personnes ont manifesté samedi à travers la France, un succès comptable pour les "gilets jaunes" après une série de mobilisations en demi-teinte.
Ça "donnait une impression de 17 novembre", s'est félicitée une des figures du mouvement, Eric Drouet, en référence à "l'acte I" qui avait réuni 282.000 personnes, selon les autorités.
Mais les incidents parfois violents qui ont éclaté à Paris, Bordeaux ou Toulouse ont quelque peu éclipsé le message d'un mouvement qui ciblait initialement le prix des carburants avant de porter des revendications plus larges comme le référendum d’initiative citoyenne (RIC).
A Paris, l'entrée du ministère du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a été défoncée par un engin de chantier et à Rennes, un petit groupe de "gilets jaunes" a cassé une porte d'accès à la mairie.
A Dijon, une caserne de gendarmerie a été dégradée et deux gendarmes blessés, dont l'un a reçu un coup de barre de fer au visage, selon la gendarmerie.
Deux gendarmes violemment pris à partie sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor qui enjambe la Seine à Paris ont par ailleurs porté plainte, selon la même source.
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, l'un d'eux est à terre, molesté par un homme portant un manteau et un bonnet noir. Dans une autre vidéo, on voit un homme également habillé en noir attaquer, tel un boxeur professionnel, un gendarme derrière son bouclier.
Le premier gendarme s'est vu prescrire 15 jours d'incapacité totale de travail (ITT), le second deux jours.
Une enquête a été ouverte pour retrouver l'auteur de l'agression, qui serait un ancien boxeur professionnel selon le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
Au total, selon le parquet, 35 personnes ont été placées en garde à vue à Paris après cet "acte VIII".
De son côté, le préfet du Var a saisi l'IGPN, la "police des polices", après la diffusion d'une vidéo montrant un commandant de police frappant des manifestants samedi à Toulon. Le procureur de Toulon avait auparavant indiqué qu'il n'ouvrirait pas de procédure contre le fonctionnaire, assurant à l'AFP qu'il avait "agi proportionnellement à la menace".
Dans la nuit de samedi à dimanche, le péage autoroutier d'Agde a par ailleurs été de nouveau pris pour cible et la députée de Vendée LREM Modem Patricia Gallerneau a dénoncé dimanche sur Facebook le "murage" de son garage par des "gilets jaunes".
- "+Ça suffit+"-
Le gouvernement, qui avait dénoncé vendredi un mouvement aux mains "d'agitateurs", a de nouveau appelé dimanche à la fin des violences, déjà condamnées samedi par Emmanuel Macron.
"Je souhaite que tous ceux qui croient à la démocratie, à la représentation souveraine du peuple français, se rassemblent et disent +ça suffit+", a déclaré le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, ajoutant que cette crise "coûtait cher à l'économie française".
Le gouvernement et la majorité s'en sont également pris à l'attitude "irresponsable" d'une partie de l'opposition, en particulier de Jean-Luc Mélenchon.
Commentant les violences, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a appelé à "arrêter d'être naïfs" face à "des gens qui veulent renverser la démocratie".
Le syndicat de police Alliance a de son côté réitéré dimanche sa demande de création d'"un fichier" de manifestants violents.
Le gouvernement n'a pas fermé la porte à une évolution, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez évoquant un possible "durcissement de la législation pénale".
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