Attentats de l'Aude : émotion lors des derniers hommages aux victimes

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Par Hugues JEANNEAUD et Hervé GAVARD - Trèbes (France) (AFP)
Publié le 29 mars 2018 - 13:55
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Les cercueils de Jean Mazières, Christian Medves et Hervé Sosna, victimes des attentats dans l'Aude, sont portés lors d'une cérémonie d'hommage à Trèbes, le 29 mars 2018
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© Pascal PAVANI / AFP
Les cercueils de Jean Mazières, Christian Medves et Hervé Sosna, victimes des attentats dans l'Aude, sont portés lors d'une cérémonie d'hommage à Trèbes, le 29 mars 2018
© Pascal PAVANI / AFP

"Ce n'était pas l'heure de partir pour aucun d'entre eux". La dernière journée d'hommage aux quatre personnes tuées vendredi lors des attentats de l'Aude a commencé dans l'émotion à Trèbes, "petite ville d'Occitanie que rien ne prédisposait à vivre" l'attaque du jihadiste.

Devant Edouard Philippe, accompagné des ministres de l'Intérieur Gérard Collomb et de la Justice Nicole Belloubet, le maire de Villedubert, dont la première victime était originaire, a débuté, étranglé par le chagrin, l'hommage solennel sur la place des armes de Trèbes où avaient été alignés les cercueils des trois Audois tombés sous les balles du tueur Radouane Ladkim.

"Ce n'était pas l'heure de partir pour aucun d'entre eux", a déclaré Marc Rofes, évoquant le "déchirement" des familles réunies devant lui, le visage grave, souvent en sanglots.

"Vous êtes tombés sous les balles du terrorisme et avez emporté avec vous l'insouciance d'une petite ville d'Occitanie que rien ni personne ne prédisposaient à vivre de tels événements", a poursuivi le maire de Trèbes Eric Menassi.

"Trèbes au sein de la République restera debout et fière de ses valeurs", a conclu la voix soudainement cassée par l'émotion, l'édile, dont le petit supermarché a été la cible de l'islamiste.

Au lendemain de l'hommage national rendu au colonel Arnaud Beltrame, qui a donné sa vie pour sauver une otage, les proches de Jean Mazières, 61 ans, de Christian Medves, 50 ans, et de Hervé Sosna, 65 ans, ont déposé des roses blanches sur les trois cercueils, avec les autorités, avant que ne résonne la Marseillaise.

Plusieurs centaines d’habitants et des proches des victimes s'étaient rassemblés, en cette matinée froide et ensoleillée, sur la petite place proche des arènes de la petite ville paisible, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Premier à être tombé sous les balles de Ladkim, Jean Mazières, viticulteur à la retraite. Le petit délinquant radicalisé l'a abattu dans une voiture stationnée sur un terrain boisé de Carcassonne peu avant 10h00.

Le conducteur, de nationalité portugaise, a été atteint d'une balle dans la tête. Il est toujours dans un état grave.

- "Antithèse de la haine" -

Le tueur de 25 ans, qui s'est revendiqué du groupe Etat islamique, s'est ensuite rendu au Super U de Trèbes et a tué immédiatement près des caisses un employé, Christian Medves, chef boucher d'origine italienne, père de deux filles, ainsi qu'un client, Hervé Sosna, maçon à la retraite.

"Deux Trébéens qui étaient l'exacte antithèse de la haine et de l'obscurantisme", selon le maire.

Leurs obsèques auront lieu séparément jeudi à Trèbes et Villedubert dans la stricte intimité familiale.

Thierry Lefranc connaissait bien le boucher: "il faut que ça s’arrête. Dans les grandes villes, on voit ça (des attentats) mais on ne s’attendait pas à ce que ça arrive dans un petit village".

Les deux ministres, cette fois sans le Premier ministre, se rendront ensuite à Carcassonne pour visiter l'Espace d'information et d'accompagnement des victimes puis assisteront en fin de matinée à la messe des obsèques du colonel Arnaud Beltrame à la cathédrale Saint-Michel.

Agé de 44 ans, marié sans enfant, le colonel Beltrame s'était substitué à une otage dans le supermarché, laissant son téléphone ouvert pour aider les forces de l'ordre. Il a été mortellement blessé au cou par Lakdim, abattu lors de l'assaut du GIGN.

Autour de la cathédrale de Carcassonne, au coeur des remparts de la citadelle, un périmètre de sécurité a été mis en place. Des policiers n'y font entrer que les membres de la famille, les proches et les collègues du colonel.

Alix, femme d'un commandant de police, est venue "pour honorer le geste du colonel". "Je suis là aussi pour la France", a ajouté cette sexagénaire, "quand j'ai appris sa mort, j'ai été bouleversée, j'ai pleuré comme une madeleine".

"Sa grandeur a sidéré la France", avait déclaré mercredi aux Invalides Emmanuel Macron devant le cercueil du gendarme recouvert d'un drapeau français. Ses obsèques seront célébrées dans l'après-midi à Ferrals, dans les Corbières, où il résidait.

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