A Bordeaux, bastion de "gilets jaunes", les doléances sont rares mais précises

Auteur:
 
Par Fabienne FAUR - Bordeaux (AFP)
Publié le 18 janvier 2019 - 13:53
Image
Une femme inscrit ses doléances sur le "cahier de doléances et d'espérances" mis à disposition dans huit mairies de quartier à Bordeaux, le 18 janvier 2019
Crédits
© MEHDI FEDOUACH / AFP
Une femme inscrit ses doléances sur le "cahier de doléances et d'espérances" mis à disposition dans huit mairies de quartier à Bordeaux, le 18 janvier 2019
© MEHDI FEDOUACH / AFP

L'une est pour l'augmentation des retraites, d'autres veulent la reconnaissance du vote blanc, la réduction de la TVA ou la "division par deux" des amendes routières : A Bordeaux, bastion "gilet jaune", les doléances sont encore rares mais précises.

Dans la mairie de quartier de Bordeaux-Centre, "il n'y a pas foule mais je reçois beaucoup d'appels pour des renseignements", dit à l'AFP Sandra, assistante du maire de quartier.

Dans son tiroir est précieusement gardé le "cahier de doléances et d'espérances" -- 99 pages et couverture bleu-blanc-rouge -- qu'elle tend à la demande.

Le titre a été voulu par le maire Alain Juppé qui espère "une manifestation de confiance en l'avenir" en plus des "revendications, des insatisfactions, des frustrations, des critiques".

Et des critiques, il y en a.

"En Gironde, les tribunaux ont été fermés, les postes et les (centres des) impôts aussi", accuse dans son message une femme qui "travaille depuis l'âge de 14 ans" et qui "dans (son) rêve", veut voir "l'augmentation des retraites".

Un "fils de pied-noir" s'adresse à "cher pouvoir hors-sol" alors qu'un autre contributeur détaille en trois chapitres, aux titres dûment soulignés, la situation des retraites, la politique du gouvernement et réclame des panneaux solaires sur le toit d'un centre commercial en centre-ville.

La campagne a commencé cette semaine, et va durer jusqu'au 15 mars. Le "cahier a été distribué aux huit mairies de quartier", dit Jean-Louis David, adjoint au maire en charge de l'organisation.

Elle avait recueilli jeudi soir une cinquantaine de contributions, plus 200 autres déposées en ligne. "Pas mal de gens téléphonent pour connaître la procédure", dit-il en estimant que ce lent démarrage n'est pas "significatif d'un résultat final".

L'utilisation du cahier est très encadrée. Chaque mairie "doit faire attention à ce que les gens ne le prennent pas en photo ou ne raturent pas les commentaires précédents", dit-il.

- "Ça va servir, je suis optimiste" -

Dans une petite pièce au calme de la mairie de "Chartrons-Grand Parc", un sexagénaire vient de remplir une demi-page : "C'est la première fois qu'on me demande mon avis en laissant une trace écrite", se réjouit ce médecin.

Pour lui, l'initiative est utile. "Ça va servir, je suis optimiste", dit-il, "on peut entendre les différents sons de cloche. C'est sa principale qualité. Tout d'un coup, il y a des trucs qui ressortent".

Sur le cahier, les propositions abondent. L'un veut la reconnaissance du vote blanc, d'autres la réduction de la TVA pour les produits de première nécessité, "justice contre les politiciens véreux" ou la "division par deux des amendes routières pour ne pas ruiner les citoyens pour un dépassement de 10km/heure".

"Merci aux gilets jaunes d'avoir réveillé une France endormie", écrit une femme pour qui "ce grand débat, c'est du bla-bla".

Les cahiers de doléances "permettent aux maires de retrouver une position d'intermédiaire", assure Laure, porte-parole du groupe "gilets jaune" Yellow Friday Revolution, qui revendique près de 7.000 membres.

Mais "personne n'y croit. Augmenter le Smic, baisser le prix de l'essence, c'est intéressant. Mais il faut élever le débat", dit cette quadragénaire qui estime qu'il faut "remettre à plat le fonctionnement de nos institutions".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.