Cannes sacre Bong Joon-ho, premier Sud-Coréen à recevoir la Palme d'or
Le Festival de Cannes a sacré samedi soir Bong Joon-ho, premier cinéaste sud-coréen à recevoir la Palme d'or, laquelle échappe une nouvelle fois à l'Espagnol Pedro Almodovar, l'autre grand favori de la compétition, qui tentait de l'obtenir pour la sixième fois.
Lot de consolation pour "Douleur et Gloire", film le plus personnel du cinéaste espagnol: l'acteur Antonio Banderas remporte le prix d'interprétation masculine.
L'Américain Quentin Tarantino est lui reparti bredouille avec son "Once upon a time... in Hollywood", l'un des films les plus attendus de la compétition, qui avait assuré le show sur la Croisette avec ses superstars Brad Pitt et Leonardo DiCaprio.
Drame familial et thriller très maîtrisé sur les inégalités sociales, "Parasite" de Bong Joon-ho, qui avait remporté l'adhésion de la presse, est le deuxième film asiatique de suite à remporter la Palme d'or, après "Une affaire de famille" du Japonais Hirokazu Kore-Eda l'an dernier.
"Je suis vraiment très honoré", a déclaré Bong Joon-ho, qui a dit être "toujours très inspiré par le cinéma français", et a remercié "les deux grands réalisateurs français Henri-Georges Clouzot et Claude Chabrol".
"Parasite", qui mêle avec virtuosité les genres cinématographiques tout en tenant le spectateur en haleine, raconte l'histoire d'une famille de chômeurs dont la vie va changer le jour où leur fils va devenir professeur d'anglais pour une famille bourgeoise.
"Nous avons tous été fascinés par ce film, et cette fascination a continué à croître au fil des jours", a expliqué le président du jury, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, lors d'une conférence de presse après le palmarès, soulignant que "la plupart des films qui ont reçu des prix traitent de justice sociale et d'injustice".
"Ils ont à voir avec les aspects politiques et sociaux du monde actuel", a-t-il ajouté. "Le cinéma doit essayer d'élever la conscience sociale et ce partout dans le monde", a-t-il encore dit, tout en réfutant que les choix du jury aient "reposé sur des choix politiques".
- La nouvelle garde, Ladj Ly et Mati Diop -
La Franco-Sénégalaise Mati Diop, 36 ans, l'une des quatre réalisatrices de la compétition, a reçu quant à elle le Grand Prix, deuxième récompense la plus importante, pour "Atlantique", fable à la fois politique et onirique sur le sort des migrants et la jeunesse de Dakar, son premier long métrage.
"Je n'en reviens pas", a-t-elle lancé. Et, s'adressant au jury: "C'est un peu fou ce que vous avez fait !"
Autre nouveau venu à Cannes, le Français Ladj Ly a remporté le prix du jury pour "Les Misérables", film coup de poing sur les violences policières dans les banlieues, ex-aequo avec le film brésilien "Bacurau" de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles.
"Mon film parle des rapports entre les différentes communautés dans ce territoire. Le seul ennemi en commun qu'il y a entre ces habitants et les policiers, c'est la misère", a réagi Ladj Ly, avant de dédier son prix "à tous les misérables de France et d'ailleurs".
"Ce soir, c'est mon soir de gloire", a déclaré l'acteur Antonio Banderas, 58 ans, en dédiant son prix d'interprétation à Pedro Almodovar, qui l'a lancé dans le métier dans les années 80 et avec qui il collaborait pour la huitième fois. "Je très suis heureux, mais je ressens une légère amertume. J'aurais bien aimé que Pedro soit ici" parmi les primés, a-t-il ajouté en conférence de presse.
Chez les femmes, c'est l'actrice anglo-américaine Emily Beecham, 35 ans, qui l'a emporté pour "Little Joe" de l'Autrichienne Jessica Hausner, dans lequel elle campe une scientifique excentrique, dans un monde gagné par les manipulations génétiques.
Les frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui appartiennent au club très restreint des double Palme d'or, ont décroché cette fois le prix de la mise en scène pour "Le jeune Ahmed", sur un adolescent radicalisé.
"Merci au jury pour cette récompense pour ce film, qu'on a voulu comme une ode à la vie", a déclaré Luc Dardenne en recevant ce prix, auprès de son frère Jean-Pierre, évoquant des "temps sombres difficiles, où des populismes identitaires montent".
Autre réalisatrice en compétition, la Française Céline Sciamma est repartie avec le prix du scénario pour "Portrait de la jeune fille en feu", histoire d'amour entre une peintre et son modèle au XVIIIe siècle.
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