CGT : Martinez candidat à un nouveau mandat, après quatre rudes années
Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a décidé de rempiler pour un nouveau mandat, après quatre années rudes qui ont vu son syndicat céder la première place à la CFDT et peiner à faire entendre ses revendications, malgré les mobilisations.
Il a confirmé mercredi sa candidature en interne, lors d'une réunion du Comité confédéral national (CCN), l'assemblée de secrétaires généraux des fédérations et des unions départementales, ont dit des sources présentes à l'AFP.
Philippe Martinez, 57 ans, a tête de la confédération depuis le 3 février 2015, est pour l'heure seul candidat à l'élection, qui doit se tenir lors du congrès du syndicat, prévu du 13 au 17 mai à Dijon.
Il risque d'y affronter les critiques de cadres, qui accusent une partie "minoritaire" de la direction d'être influencée par un courant "réformiste", adepte de la concertation, à l'image de la CFDT qui a ravi en décembre à la CGT la première place en termes de représentativité au niveau national.
"Je suis toujours le +dur+ de quelqu'un et le + mou+ d'un autre, à la CGT", a-t-il balayé cette semaine dans une interview à Politis.
Cet adepte d'une ligne "contestataire" a fait toute sa carrière à Renault Boulogne-Billancourt, depuis 1982, comme technicien. Il a démissionné du parti communiste en 2002. C'est donc le premier dirigeant CGT à ne pas avoir de carte au PCF, dont il conserve toutefois des "idéaux" et un discours appuyé sur la "lutte des classes".
Sa vision du monde ? Il est "coupé en deux, c'est Marx qui l'a dit. D'un côté il y a le capital, de l'autre le travail. Il n'y a rien au milieu". Et "dans un pays où les 40 plus grandes entreprises versent 57,4 milliards d'euros à leurs actionnaires, il ne faut pas uniquement frapper à la porte du gouvernement" car "ce sont ces entreprises qui développent la précarité et qui payent le moins d'impôts".
- "Chaise vide" -
Au delà des manifestations et des grèves, il porte des propositions constantes depuis son arrivée, qui tranchent avec le discours ambiant, militant pour une semaine de 32 heures, un Smic à 1.800 euros brut mensuels (contre 1.521 euros actuellement) ou la retraite à 60 ans.
Mais il échoue à se faire entendre. De même qu'il n'a pas réussi à faire retirer la loi travail en 2016, les ordonnances réformant le code du travail de 2017, ou encore la réforme de la SNCF en 2018, malgré toutes les journées de mobilisation.
Son discours vis-à-vis du mouvement des "gilets jaunes" apparaît ambigu, certains cadres jugeant nécessaire un appel national de la CGT pour s'y associer. Lui justifie son refus par le fait que ce mouvement n'a "ni coordination nationale, ni ligne", sans écarter pour autant la possibilité d'"essayer de faire des choses ensemble".
En attendant, il préfère organiser des journées de grèves et manifestations parallèles. Comme celle prévue le 5 février, pour répondre à "l'urgence sociale", avec à ses côtés Solidaires, des syndicats de Force ouvrière et côté politique, le NPA, la France insoumise.
Avec Emmanuel Macron, les relations sont glaciales. Le leader syndical ne s'est pas privé de jouer plusieurs fois la politique de la "chaise vide", à l'Elysée comme à Matignon. Réputé autoritaire en interne, il a des relations courtoises avec la plupart de ses pairs, y compris Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, même si les échanges médiatiques sont à fleuret moucheté.
Avec Yves Veyrier, le numéro un de Force ouvrière, les atomes sont nettement moins crochus qu'avec Pascal Pavageau, déchu en automne. "Il y a peu de chances qu'ils organisent des manifestations ensemble", assure un membre de la direction de FO.
Philippe Martinez devra peaufiner sa stratégie pour réussir l'"unité syndicale" dont il rêve depuis des années avec les autres confédérations, avant notamment la délicate réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. Il devra aussi contrer l'érosion de la CGT, qui compte près de 670.000 membres, contre 676.165 en 2015.
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