Enfants homosexuels : gouvernement et associations dénoncent les propos "indéfendables" du pape

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Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 27 août 2018 - 17:24
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Le pape François en visite à Knock en Irlande, le 26 août 2018
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© Tiziana FABI / AFP
Le pape François en visite à Knock en Irlande, le 26 août 2018
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Le gouvernement, par la voix de Marlène Schiappa, a fustigé lundi les propos "incompréhensibles et indéfendables" du pape François recommandant le recours à la psychiatrie pour les enfants homosexuels, qui ont également choqué la communauté LGBT en France.

De retour d'Irlande après une visite dominée par les abus de pédophilie dans le clergé, le pape François a semé le trouble en déclarant à propos des orientations homosexuelles: "Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses".

Cette déclaration faite dimanche devant la presse a été corrigée lundi par le Vatican, qui a retiré de son verbatim officiel la référence à la "psychiatrie" en affirmant que le souverain pontife ne voulait pas assimiler l'homosexualité à "une maladie psychiatrique".

Les propos initiaux du souverain pontife ont provoqué l'indignation de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans), relayée ensuite par Mme Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité hommes/femmes et de la lutte contre les discriminations homophobes.

Le pape s'est illustré ces derniers mois en affirmant sa volonté de lutter contre la pédophilie, mais "c'est dommage que cette parole positive (soit) suivie par ces propos incompréhensibles et indéfendables sur l'homosexualité", a-t-elle déclaré sur RTL.

"Je comprends que les personnes (concernées) puissent se sentir stigmatisées par ces propos", a-t-elle relevé, en jugeant la recommandation du pape "extrêmement maladroite".

"On ne choisit pas d'être homosexuel" et "c'est effectivement un danger que de penser qu'il y aurait une forme de maladie qui serait liée à l'homosexualité, et c'est avant tout je crois de l'ignorance", a ajouté Mme Schiappa.

"L'essentiel c'est de dire à tous les jeunes: +vous êtres homosexuels? Vous en avez le droit, et personne, pas même vos parents, ne peut vous dire que vous devez changer cela+", a-t-elle conclu.

- "Diversion" -

Les déclarations du pape "sont un très mauvais signal envoyé à la jeunesse", avait un peu plus tôt déclaré Joël Deumier, président de SOS Homophobie, ajoutant: "La religion et la médecine, en particulier la psychiatrie, sont les deux grandes ennemies historiques" des droits des personnes homosexuelles.

La France a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales en 1981 mais il a fallu attendre 1990 pour que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fasse de même.

"L'homosexualité n'est pas une maladie, l'homophobie oui", a souligné Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT, qui rappelle les anciennes pratiques médicales de "guérison" de l'homosexualité comme "les lobotomies ou les électrochocs".

Si ces méthodes n'ont plus cours, des "thérapies de conversion" sont encore proposées, notamment aux États-Unis, où elles sont souvent délivrées par des groupes chrétiens conservateurs. Des théories "pseudo-scientifiques et dangereuses", dénonce-t-elle.

Les déclarations du pape François, qui s'est bâti une image progressiste auprès des médias, peuvent interpeller alors qu'il a envoyé à plusieurs reprises, depuis le début de son pontificat, des signes d'ouverture à l'égard des homosexuels.

"On voit là le double discours insidieux d'une institution qui a pour but de persécuter les homosexuels", a dénoncé sur Europe 1 Romain Burrel, le directeur de la rédaction du magazine gay Têtu.

Le pape est écartelé entre sa "stratégie pastorale de l'accueil, du dialogue et de la bienveillance" et "une stratégie doctrinale dans laquelle il reste attaché au principe que l'homosexualité est un acte désordonné", analyse le sociologue Philippe Portier.

Une réflexion "très complexe" qui génère de "l'incompréhension", observe le chercheur, alors que les catholiques pratiquants sont "beaucoup plus tolérants vis-à-vis des homosexuels que l'institution", assure Joël Deumier.

Pour la plupart des militants LGBT interrogés par l'AFP, ces propos sont un contre-feu allumé par l’Église pour détourner l'attention des nouveaux scandales de pédophilie qui éclaboussent son clergé.

Surtout, selon Clémence Zamora-Cruz, "les mots choquent car ils ciblent les enfants", alors que "le risque de suicide est plus élevé que la moyenne chez les jeunes LGBT".

Selon les études, les personnes homosexuelles présentent deux à sept fois plus de risque de commettre une tentative de suicide que les hétérosexuels.

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