Collision entre un train et un bus scolaire à Millas : 5 morts et une vingtaine de blessés
Décorations de Noël enlevées, drapeaux en berne, illuminations éteintes et un drame toujours inexpliqué: les Pyrénées-Orientales portaient le deuil, samedi, après la violente collision entre un autocar scolaire et un train régional qui a fait cinq morts à Millas parmi les jeunes passagers du bus.
L'enquête s'est poursuivie deux jours après le drame, avec en toile de fond la controverse sur la position des barrières du passage à niveau où Alan, Loïc, Ophélia, Yonas, Diogo ont perdu la vie, à leur retour du collège.
Les éléments recueillis par les enquêteurs étaient toujours contradictoires: "Il y a des témoignages qui indiquent que la barrière était fermée et d'autres qui indiquent qu'elle était ouverte. On n'a pas terminé les investigations", a résumé le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, après s'être rendu sur les lieux.
Entendue pour la première fois par les enquêteurs, la conductrice du car a assuré que les barrières étaient "levées" lors de sa traversée des voies.
Une version que cette quadragénaire mère de famille, blessée dans l'accident et en "état de choc" selon le procureur, avait déjà donné à son employeur.
Sur France 3, une collégienne, passagère du car qui suivait celui qui a été accidenté, a aussi assuré que "les barrières ne se sont pas baissées. Les clignotants, il n'y en avait pas".
En revanche, le conducteur du train et des témoins affirment que ces barrières étaient fermées.
Les enquêteurs ont recueilli des "éléments matériels" sur la scène de l'accident, notamment "le bloc d'articulation de la barrière", tendant à montrer que celle-ci était fermée, selon le procureur chargé de l'enquête pour "homicides et blessures involontaires".
"Nous devons bien évidemment expertiser cet élément pour déterminer si c'est un fonctionnement qui est normal, ou au contraire si c'est la résultante de l'accident", a-t-il dit avec prudence.
Sollicitée par l'AFP, la SNCF n'a pas souhaité faire de nouveaux commentaires et indique que sa position n'a pas évolué depuis vendredi.
Elle avait alors déclaré qu'elle "s'en remettait aux enquêtes en cours" et "s'interdisait toute communication sur les causes de l'accident".
Sur place, le bus a été enlevé et la motrice était en cours d'enlèvement. "La scène va être entièrement vidée de tous ses éléments", a-t-on appris de source proche de l'enquête.
- 'Le temps du deuil' -
A Perpignan, un premier comité local d'aide aux victimes s'est tenu samedi à la préfecture des Pyrénées-Orientales.
"Nous entrons dans le temps du deuil", a déclaré le préfet, Philippe Vignes. "Il s'agit d'incarner la solidarité nationale et donner un visage humain", a renchéri le coordonnateur interministériel, Philippe Cèbe, nommé pour aider les familles "dans la durée".
Le drame, à l'approche des fêtes de fin d'année, a plongé la région dans la douleur.
"C'est une catastrophe pour le village", "le ciel nous est tombé sur la tête", a rapporté à l'AFP Robert Taillant, le maire de Saint-Féliu-d'Avall, d'où les 23 passagers du car étaient originaires. Sur les 18 enfants blessés, le pronostic vital de six restait engagé.
Cette commune d'un peu plus de 2.000 habitants pleure "ses petitous". Une veillée de prières sera présidée dimanche soir par l'évêque de Perpignan Mgr Norbert Turini en l'église Saint-André. Le matin, le curé de la paroisse dira une messe en mémoire des jeunes disparus.
Toutes les manifestations festives sont annulées dans le village: la fête des écoles, le goûter de Noël, le concert de Noël, les vœux du maire. Et les magasins ont décroché leurs décorations.
Des moyens de transport, des taxis locaux sont proposés aux habitants, ainsi qu'une cellule d'aide psychologique.
Dans un message adressé à l'évêque de Perpignan, le pape François s'est associé "par la prière à la souffrance des familles éprouvées par ce drame ainsi qu'à la douleur des camarades, collégiens et collégiennes, des proches de toutes les victimes et de la population de la région".
A Perpignan, près de 200 personnes ont observé une minute de silence en milieu de journée en hommage aux victimes. Parmi elles, de nombreuses personnalités locales: "Ce sont des moments où les mots ne servent pas à grand chose. On veut juste témoigner de notre solidarité", a déclaré le maire de Perpignan Jean-Marc Pujol.
Le Castillet, monument emblématique de la ville, sera symboliquement éteint samedi soir, ainsi qu'une partie des illuminations du cœur de ville.
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