Corse : les incendies, moins virulents, mobilisent encore les pompiers
Les pompiers luttaient toujours lundi contre les incendies qui ont ravagé depuis samedi près de 1.500 hectares de végétation en Corse, des sinistres sans doute d'origine humaine - accidentelle ou volontaire, selon les enquêteurs.
A Calenzana, près de Calvi, où le feu a ravagé 1.200 hectares de végétation en moins de 24 heures, "la situation est désormais stable", a annoncé lundi après-midi la préfecture de Haute-Corse dans un communiqué.
Des moyens aériens (2 Tracker et 2 Canadair) et 150 personnes restaient mobilisés pour traiter les foyers situés sur des crêtes, mais "plus aucune habitation ou exploitation agricole n'était menacée", selon la préfecture.
Après une nuit de frayeur pour ses habitants et la destruction de forêts, le maire de Calenzana, Pierre Guidoni, a de nouveau dénoncé un "feu criminel".
Il a annoncé qu’il déposerait plainte mardi.
"C’est lâche d’avoir craqué une allumette sur ce site là avec la tempête de vent qu’on a connu", a-t-il dit tout en précisant attendre les résultats de la police criminelle.
"La route de la Flata est une vallée visée par les pyromanes en pleine saison estivale. On ne pensait pas qu’au mois de février il puisse y avoir un incendie d’une ampleur pareille", a-t-il ajouté.
Une enquête sur cet incendie a été confiée à la brigade de recherches de Calvi, a indiqué lundi à l'AFP la procureur de la République de Bastia, Caroline Tharot. La cellule d'investigation a indiqué à l'issue de ses constatations dimanche sur le terrain qu'elle penchait "en faveur d’une intervention humaine, faute d’autre explication plausible quant au départ du feu", a ajouté Mme Tharot.
- "Imprudents et irresponsables" -
L'enquête doit notamment déterminer si des écobuages - débroussaillement par le feu - mal maîtrisés pourraient être à l'origine de l'incendie.
Interrogée sur France Info lundi, la préfète de Corse Josiane Chevalier a dénoncé "des gens particulièrement imprudents et irresponsables" qui "dimanche encore, alors que personne ne pouvait ignorer les incendies, continuaient à brûler tout un tas de choses".
Une source proche de la préfecture indiquait à l'AFP que si des écobuages étaient à l'origine de feux, ces derniers ne pourraient pas pour autant être considérés comme "accidentels" par la justice, car la pratique était interdite depuis plusieurs jours en Corse en raison de vents violents.
"Quand il y a du vent, on ne fait pas de feu", a insisté la préfète sur France Info lundi. Deux écobuages ont encore dû être traités lundi matin, a annoncé la préfecture.
Météo-France a de nouveau placé l'île de Beauté en vigilance jaune "vent fort" jusqu'à mardi 03H00.
La sécheresse exceptionnelle de l'île est aussi pointée du doigt par la préfète, comme signe d'un "dérèglement climatique".
Les autres incendies survenus pendant le weekend en Haute-Corse, à Ghisoni (au centre de l'île) et Sisco (dans le Cap corse), étaient toujours sous surveillance lundi après-midi.
En Corse-du-Sud, "à midi les secours restaient mobilisés sur Sampolo. La reconnaissance aérienne effectuée ce matin a été rassurante", ont indiqué les pompiers à l'AFP.
"Il s'agit maintenant de traiter le moindre point chaud. Un travail de fourmi, harassant, est effectué depuis hier sur les lisières pour éviter toutes reprises (tronçonnage, dessouchage, grattage...)", ont-ils ajouté. 52 sapeurs-pompiers et forestiers-sapeurs étaient encore mobilisés lundi après-midi dans le département.
La Corse a connu un été 2018 particulièrement calme sur le front des incendies, mais un an plus tôt, en plein mois de janvier, l'île de Beauté avait déjà connu des incendies dévastateurs qui avaient fait trois blessés à Cervione (Haute-Corse).
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