Covid-19 : nouveau tour de vis, voire couvre-feu, Macron va trancher

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Par Jérémy MAROT, Laurence BENHAMOU - Paris (AFP)
Publié le 14 octobre 2020 - 13:33
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Emmanuel Macron le 6 octobre 2020 à l'hôpital Rothschild
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© Lewis Joly / POOL/AFP/Archives
Emmanuel Macron le 6 octobre 2020 à l'hôpital Rothschild
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Couvre-feu dans les villes où le Covid-19 s'emballe ? Emmanuel Macron va annoncer de nouvelles mesures contraignantes mercredi soir, pour tenter d'endiguer la pandémie et éviter un reconfinement général aux conséquences économiques et sociales catastrophiques.

Depuis plusieurs jours, l'exécutif ne cesse de distiller des messages alarmistes sur le regain de l'épidémie qui menacerait de submerger le système de santé, notamment à Paris où la situation est jugée "dramatique", selon plusieurs sources.

"La situation de notre pays est extrêmement difficile et elle va conduire le gouvernement à adopter des mesures complémentaires pour faire face", a déclaré mercredi devant le Sénat Jean Castex. Le Premier ministre a renoncé à un voyage en Corse pour la fin de semaine afin d'être, selon Matignon, "mobilisé sur la gestion de la crise sanitaire après l'intervention du président".

Signe de possibles mesures à venir, le Conseil des ministres a, selon une source parlementaire, examiné mercredi matin un décret permettant de réinstaurer dès ce vendredi minuit l'état d'urgence sanitaire, qui offre un cadre juridique permettant d'encadrer certaines restrictions.

Les derniers chiffres montrent encore une augmentation globale du nombre de personnes en réanimation (1.633 pour une capacité actuelle nationale d'environ 5.000 lits) et 84 décès en 24 heures, avec un bilan global de près de 33.000 morts en sept mois.

Une résurgence inquiétante de la pandémie qui conduit d'autres pays européens à durcir aussi les mesures pour éviter un confinement dévastateur pour l'économie.

Mercredi, la Catalogne a annoncé la fermeture des bars et restaurants pendant 15 jours, alors que la chancelière Angela Merkel veut imposer de nouvelles restrictions en Allemagne.

C'est à cette aune que le chef de l'Etat doit trancher mercredi soir en s'adressant aux Français à partir de 19H55, pour 45 minutes d'interview sur TF1 et France 2.

Mais dans la panoplie de restrictions à sa disposition, qui peuvent aller jusqu'à un couvre-feu total à partir de 20H00 ou 21H00 dans les zones les plus frappées par le virus, lesquelles Emmanuel Macron retiendra-t-il ?

"Toutes les options sont sur la table", répond son entourage, en soulignant à quel point "l'heure est grave". A priori, tout reconfinement national ou local, apparenté à l'arme ultime, semble toutefois écarté, et les dispositions actuellement en vigueur pour les écoles, collèges et lycées devraient être prolongées, comme l'a indiqué mardi soir le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Mais M. Macron pourrait aussi frapper fort. Un couvre-feu permettrait de conjurer l'impuissance jurdique du gouvernement à interdire les rassemblements dans des lieux privés, notamment des jeunes.

"Le diagnostic qu'on porte c'est que dans tous les endroits où l'on a organisé les choses - le travail, les écoles et les collèges - ne sont pas des endroits où l'on a des difficultés. Les endroits où l'on se contamine sont sur les espaces de la vie privée où il faut que collectivement on ait un électrochoc", insiste un ministre.

"En cas de couvre-feu, tous les acteurs seront concernés. Comment expliquer à un restaurateur qui doit fermer qu'un théâtre peut rester ouvert ?", assure l'entourage de M. Macron, ajoutant qu'il faut des mesures "bien plus longues" que 15 jours.

"La différence du nombre de morts se chiffre par dizaine de milliers selon les choix qui seront faits. Y compris l'horaire d'un couvre-feu compte: une heure change la donne", souligne-t-on de même source.

Mais l'hypothèse d'un couvre-feu et surtout son horaire divise, selon une source gouvernementale, au sein même du gouvernement. Mardi soir, au moins quatre ministres était contre, pointant notamment le risque d'une fracture sociale entre, d'un côté, les cols blancs pouvant se réfugier en télétravail à la campagne pendant que les caissières et autres travailleurs en première ligne seraient réduits au métro-boulot-dodo.

- "Les Français en ont marre" -

"Le président de la République va annoncer un tour de vis", et "s'il faut passer par des mesures restrictives la mairie avancera avec l'Etat", a affirmé à l'AFP une responsable de la mairie de Paris qui a prévu de se réunir jeudi après-midi avec la préfecture de police pour "organiser la mise en oeuvre des mesures".

L'opposition exige, pour sa part, "plus de cohérence" et dénonce la stratégie de l'exécutif qui a mené selon elle à une nouvelle situation de crise. Et si à droite le président (LR) du Sénat Gérard Larcher estime qu'il faudra accepter des "couvre-feux", à gauche, les patrons d'EELV Julien Bayou et du PCF Fabien Roussel jugent que cela signerait "un constat d'échec" de l'exécutif.

"Les Français en ont marre" et "l'acceptabilité de mesures fortes est moins grande qu'en mars", répond un membre du gouvernement, ajoutant que l'exécutif est confronté à "des mauvais choix depuis le mois de mars".

Les professionnels de l'hôtellerie restauration indépendante se sont alarmés dès mardi soir d'un possible couvre-feu qui selon eux "condamnerait à la faillite des milliers d'établissements".

Le Medef Paris dénonce, lui, par avance un éventuel télétravail à 100%, qui amplifierait, selon lui, la crise économique à Paris et qui "va fragiliser encore les entreprises".

Le président sera donc aussi attendu sur ce terrain là mercredi soir. "Les Français ont autant peur pour leur santé que pour leur emploi. Il faut parler des deux", relève un proche du président.

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