Covid-19 : après Bordeaux et Marseille, Véran cible Lyon et Nice
Des restrictions d'ici samedi à Lyon et Nice, peut-être un durcissement à Marseille et en Guadeloupe, mais pas d'annonce pour réduire les délais des tests: le ministre de la Santé Olivier Véran a tracé jeudi la feuille de route des prochains jours pour contrer la "progression de l'épidémie" de Covid-19.
"L'épidémie est à nouveau très active dans notre pays", avec une "dynamique" qui "inquiète" dans "certains territoires", a expliqué M. Véran lors d'une conférence de presse au ton pédagogique qui sera désormais hebdomadaire.
Conséquence: les préfets devront proposer "d'ici samedi" des mesures pour les métropoles de Lyon et Nice, où le taux d'incidence (nouveaux cas) est 4 fois et 3 fois supérieur à la "cote d'alerte" de 50 cas pour 100.000 habitants.
Ces mesures seront sans doute comparables à celles annoncées la semaine dernière à Bordeaux et Marseille: interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes dans les parcs (ou sur les plages), abaissement de la jauge maximale pour les événements publics à 1.000 personnes, voire annulation de grands événements.
Et "si la situation sanitaire ne s'améliore pas" à Marseille et en Guadeloupe (où des restrictions ont également été adoptées), "il faudra sans doute prendre des mesures encore plus fortes", a prévenu M. Véran, citant "la possible fermeture des bars" ou "l'interdiction des rassemblements publics".
Ces annonces répondent à la volonté du gouvernement de ne pas appliquer les mêmes mesures uniformément en France, mais de les "adapter à chaque territoire".
C'est l'un des "quatre piliers" de sa stratégie. Les trois autres sont les gestes barrières (dont le masque), le triptyque "tester, alerter, protéger", et la "protection des personnes âgées et des plus vulnérables".
- Du nouveau à l'école? -
Par ailleurs, les professionnels des crèches, qui devaient jusqu'à présent porter le masque uniquement en présence des parents, devront désormais le porter aussi avec les enfants, en vertu d'un nouvel avis du Haut conseil pour la santé publique sur les questions de transmission d'enfants à enfants et d'enfants à adultes.
"Ces nouveaux éléments vont nous permettre dans les tout prochains jours d'assouplir le protocole sanitaire dans les écoles", a poursuivi Olivier Véran sans autre précision, indiquant que le ministre de l'Education nationale reviendrait sur cette question.
En revanche, il n'a pas annoncé de mesures permettant de réduire les délais trop longs pour faire un test ou en avoir le résultat.
"Nous sommes confrontés à de réelles difficultés organisationnelles", a-t-il concédé.
Pour résoudre ce problème, les pouvoirs publics ont déjà défini des personnes prioritaires (les gens qui ont une ordonnance, ceux qui ont des symptômes ou les soignants).
En outre, les tests antigéniques, plus rapides que les RT-PCR actuels, sont désormais autorisés, mais pas pour les personnes avec des symptômes ni les "cas contacts".
Et on attend l'arrivée d'autres tests rapides, les tests salivaires. "Nous attendons de façon imminente l'avis de la Haute autorité de santé" (HAS), a indiqué M. Véran.
Quatre mois après la fin du confinement, la situation est inquiétante. D'abord, le nombre de contaminations en France connaît une hausse régulière (près de 10.000 en 24 heures selon les chiffres de mercredi soir).
Plus préoccupant, cette hausse commence à se ressentir sur les hospitalisations et la réanimation.
- Méfiance -
Sur les sept derniers jours, 2.976 malades du Covid ont été hospitalisés et 508 admis en réa, dont 649 et 100 pour la seule journée de mercredi. Il y a un mois, on comptait quotidiennement environ 200 hospitalisations et une trentaine d'admissions en réa.
Actuellement, 5.800 malades du Covid-19 sont hospitalisés et 796 sont en réa. Certes, on est très en-dessous des niveaux atteints lors du pic de l'épidémie, avec 7.000 malades en réa début avril. Mais la crainte est que ces chiffres montent avec quelques semaines de décalage sur les contaminations puis que les hôpitaux finissent par être débordés.
"Le risque était que le virus passe des plus jeunes vers les personnes moins jeunes et vulnérables, qui font plus de formes graves. C'est ce que nous observons depuis plusieurs semaines", a relevé M. Véran.
Nous devrons "vivre avec ce virus pour quelques mois encore", a-t-il prévenu.
En plus de ce rebond, le gouvernement doit aussi surmonter la méfiance croissante de la population. Près d'un Français sur deux trouve que l'exécutif ne prend "pas assez de précautions" et 62% ne lui font "pas confiance" pour lutter contre l'épidémie, selon un sondage Elabe pour BFMTV.
Lors du Conseil de défense de vendredi dernier, "le président a été exigeant sur un certain nombre de points, demandant des résultats", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale. "J'ai la confiance du président", a assuré M. Véran, alors que des médias ont assuré que ce dernier l'avait mis sous pression.
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