Les "gilets jaunes" ciblent autoroutes et dépôts de carburant, fermeté des autorités

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Par Alexandre HIELARD avec les bureaux de l'AFP en régions - Paris (AFP)
Publié le 19 novembre 2018 - 12:01
Mis à jour le 20 novembre 2018 - 00:32
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Des "gilets jaunes" bloquent une route à proximité du dépôt de carburant de Lespinasse, près de Toulouse, le 19 novembre 2018
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© PASCAL PAVANI / AFP
Des "gilets jaunes" bloquent une route à proximité du dépôt de carburant de Lespinasse, près de Toulouse, le 19 novembre 2018
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Troisième jour de blocage et une première condamnation: les "gilets jaunes" poursuivaient lundi les opérations de blocage en ciblant autoroutes et dépôts pétroliers, tandis que les autorités affichaient leur fermeté.

Un homme de 32 ans a été condamné à Strasbourg à quatre mois de prison ferme pour mise en danger de la vie d'autrui et entrave à la circulation. Samedi, il avait formé une chaîne humaine sur l'autoroute et traversé un terre-plein central avec quatre autres personnes.

Lundi soir, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a appelé "solennellement" au respect du principe de la libre circulation et averti que les déblocages menés par les forces de l'ordre allaient "se poursuivre dans les heures qui viennent".

Il a ainsi demandé aux préfets et forces de l'ordre de "veiller à dégager systématiquement, mais méthodiquement, sans confrontation, les dépôts pétroliers et les sites sensibles".

Selon un décompte du ministère, le seul disponible pour évaluer ce mouvement qui se veut apolitique et asyndical, 27.000 personnes ont participé lundi à des actions. Elles étaient 290.000 samedi.

Les manifestations ont fait un mort et 528 blessés, dont 17 grièvement atteints, selon un bilan donné lundi soir par le ministre. Aucun détail n'a été donné sur les circonstances ni la nature des blessures.

Alors que de nombreux points de rassemblements, péages, stations-service, entrées des autoroutes ou centres commerciaux, avaient été évacués dans la matinée par les forces de l'ordre, certains "gilets jaunes" ont réinvesti les lieux dans l'après-midi.

Ce fut le cas au Pont d'Aquitaine, à Bordeaux, où les manifestants, qui avaient installé un barrage filtrant, ont joué au chat et à la souris toute la journée avec les forces de l'ordre. Ils ont été délogés en fin de journée.

"On a été chassé dimanche... On est revenu, on se refait chasser (lundi) mais c'est pas grave, on tiendra bon, on va encore revenir à la charge", assurait un manifestant.

A Vern-sur-Seiche au sud-est de Rennes, environ 150 "gilets jaunes" bloquaient un rond-point près d'un dépôt de carburant. "Nous allons rester toute la nuit ici et évacuer les lieux demain matin pour aller sur un autre point d'action", a indiqué à l'AFP Erwan, chaudronnier soudeur.

Plusieurs dépôts pétroliers sont par ailleurs désormais ciblés, notamment à Port-la-Nouvelle (Aude), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Frontignan (Hérault), Portes-lès-Valence (Drôme) et Valenciennes (Nord).

En Corse, le blocage du dépôt de Lucciana a entraîné une ruée des automobilistes dans les stations-services de la région bastiaise, qu'il approvisionne.

Des organisations patronales ont mis en garde contre "un blocage de l'économie".

Le chef de l'État a déclaré de Bruxelles qu'il répondrait au mouvement "en temps voulu", arguant qu'il ne s'exprimait pas de l'étranger sur l'actualité française.

La veille, le Premier ministre a dit avoir entendu la "colère" et la "souffrance" des manifestants. Mais il a maintenu "le cap" de la politique économique du gouvernement, visant à faire baisser les prélèvements obligatoires et à mieux rémunérer le travail, quitte à davantage taxer la pollution.

Le mouvement, lancé sur les réseaux sociaux et qui n'a pas de leader connu, est soutenu par près de trois quarts des Français, selon plusieurs sondages. D'abord concentrés sur la hausse du prix des carburants, les motifs de griefs se sont ensuite élargis à une dénonciation plus globale en matière de taxation et de baisse du pouvoir d'achat.

- Clémentines corses -

Les opérations se sont poursuivies dans toutes les régions avec des opérations-escargot ou des barrages filtrants. De longues files d'attente de poids lourds se formaient aux abords de péages, bretelles d'entrées ou sorties d'autoroutes, ronds-points.

En région Paca, quelque 680 tonnes de clémentines corses n'avaient pas pu être livrées et la récolte s'en trouvait suspendue "jusqu'à nouvel ordre" sur l'île de Beauté, selon Simon-Pierre Fazi, président de l'AOP Fruits de Corse.

A Lisieux, les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour déloger près de 150 "gilets jaunes" qui bloquaient 200 poids lourds, selon la préfecture.

A Bordeaux, à l'approche des forces de l'ordre le matin, les "gilets jaunes" avaient entonné une Marseillaise, dans une épaisse fumée noire de pneus et branchages. Sur plusieurs barrages dans le pays, des manifestants avaient apporté un drapeau français.

La journée a été marquée par de nouveaux accidents.

A Calais, un routier a tenté de forcer le passage d'un barrage, avant d'être pris en chasse par un motard de la police, qui a ensuite heurté une voiture. Le policier blessé a été transporté à l'hôpital.

Un autre motard a été grièvement blessé par un automobiliste paniqué à l'approche d'un blocage à Colombelles, a tweeté la préfecture du Calvados.

Dans la Drôme, un motard qui avait pris la route à contresens avant de rencontrer un camion, était entre la vie et la mort.

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