Devant des lycées de Lyon et sa banlieue, plus de violences que de slogans
"Ils sont où ceux de Colbert ?", lance une adolescente alors que des élèves de plusieurs lycées lyonnais se regroupent face aux policiers. C'est la seule, parmi eux, à porter une pancarte, au quatrième jour d'une mobilisation dont les violences font plus de bruit que les slogans.
Vers 08H00 jeudi, le proviseur du lycée Lamartinière-Monplaisir, dans le 8e arrondissement de la ville, surveille les entrées, casque de chantier à la main. "On a reçu des projectiles un peu plus tôt", explique Bruno Bigi. Dont deux cocktails Molotov qui n'ont pas fait de blessés.
"Le lycée fonctionne normalement depuis lundi, il n'y a qu'une vingtaine d'élèves, peut-être, qui ne sont pas en cours. J'ai discuté avec eux, ils n'ont pas vraiment de revendications, il n'y a pas de fond", assure-t-il.
Sur le trottoir d'en face, "Réformes supprimées, Parcoursup terminé, on en a marre", clame l'unique pancarte présente. Des jeunes vont et viennent, le portable vissé aux oreilles.
Depuis lundi, deux autres établissements sont la cible de violences dans le quartier, dont le lycée Lumière dont les personnels réclament la fermeture au rectorat.
Devant le lycée Colbert, la matinée de jeudi a commencé avec un gros feu. "Ce sont des poubelles et des vélos qui ont brûlé, les policiers sont venus pour disperser la foule mais vu que l'entrée est cramée, personne ne peut entrer", raconte Camelia, une élève de première.
La brigade anticriminalité est intervenue ensuite dans une avenue commerçante voisine, pour empêcher des jeunes d'y briser des vitrines. Quelques minutes plus tard, elle en interpellait trois dans une rue adjacente alors qu'ils tentaient d'incendier une voiture.
- Jet d'acide -
"Y'en a un qui a dans son sac de l'essence ou du +white spirit+, avec des pétards, c'est comme ça qu'ils mettent le feu", souligne un policier avant de repartir devant le lycée La Martinière. Là, un jeune est menotté pour un jet d'acide sur les forces de l'ordre, qui entourent alors une trentaine d'élèves pour fouiller leurs sacs.
"J'ai juste eu le temps de jeter le mien sous une voiture, tant pis pour les fumigènes", se félicite l'un d'eux un peu plus loin.
La situation était tendue devant plusieurs établissements en banlieue, notamment à Vénissieux, où du liquide inflammable a été lancé sur le proviseur d'un lycée, et à Saint-Priest.
"Ce (lundi) matin, c'était bien intentionné pourtant. On chantait, on avait une banderole, la place était remplie", témoigne Alexia, une élève de seconde venue bloquer l'entrée du lycée Condorcet, au centre ville.
"On est contre la réforme du bac car elle va créer des différences entre les lycées, on est très mal informé en plus, même les profs ne savent rien, or pour nous le bac ça commence l'an prochain et nos options, faut les choisir en décembre", dit-elle. "On soutient aussi les +gilets jaunes+", ajoute une camarade, Johanna.
Autour d'elles, le sol jonché de pierres et de restes de grenades lacrymogènes montre que la situation a rapidement dégénéré, coupant court à leur rassemblement. A la mi-journée, un petit groupe de jeunes faisait encore face aux policiers, dans le calme, avant l'interpellation soudaine de l'un d'eux.
Selon les autorités, une trentaine ont eu lieu jeudi matin dans l'agglomération, plusieurs dizaines depuis le début de la semaine.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.