En Alsace, vignerons et bénéficiaires du RSA font vendanges communes

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Par Marie JULIEN - Barr (France) (AFP)
Publié le 22 août 2018 - 22:04
Mis à jour le 23 août 2018 - 10:28
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Des vignes en Alsace près de la petite ville de Barr, le 22 août 2018
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© PATRICK HERTZOG / AFP
Des vignes en Alsace près de la petite ville de Barr, le 22 août 2018
© PATRICK HERTZOG / AFP

Au premier jour des vendanges en Alsace, les sécateurs n'ont pas encore tous trouvé de mains pour les manier. Mercredi, les vignerons sont allés à la rencontre de bénéficiaires du RSA pour constituer leurs équipes de vendangeurs.

Dans la petite ville de Barr (Bas-Rhin), entourée de vignes écrasées par le soleil, une trentaine de bénéficiaires du revenu de solidarité active sont venus se présenter à une dizaine de vignerons, à l'invitation du conseil départemental.

"Il reste de la place, mais n'attendez pas pour contacter les vignerons. (...) Ils recherchent des métiers de coupeurs de raisin, de porteurs et éventuellement de tractoristes", leur explique Alain Renou, directeur du syndicat des vignerons indépendants d'Alsace.

Comme le Haut-Rhin, le Bas-Rhin va permettre pour la première fois à ses 24.000 bénéficiaires du RSA de cumuler l'allocation avec ce travail saisonnier.

"Je ne touche pas beaucoup alors je dois aussi faire les vendanges", explique Eugène Mutombo, un sexagénaire habitant Barr, trouvant ce nouveau système "plus motivant".

"Vigneron, ce serait pas mal, pourquoi pas essayer?", s'interroge, entre deux entretiens avec des viticulteurs, Yannick Grevies, 39 ans, qui ne veut "pas continuer sa vie au RSA".

Ce cumul possible entre RSA et salaire de vendangeur "peut être une opportunité pour certains de trouver une activité qui leur plaît, alors que le secteur agricole a besoin de main-d'oeuvre", estime Jean-Daniel Hering, producteur de vins bio à Barr.

Il a pris les coordonnées de neuf personnes "qui avaient l'air motivé" et leur dira dans une semaine s'il les embauche ou pas.

Pour le coup d'envoi de ses vendanges de crémant jeudi, son équipe d'une dizaine de personnes est constituée, avec "un noyau dur d'habitués" complété de personnes recrutées durant l'été "avec plus ou moins de difficultés".

Ces difficultés ne sont pas propres à l'Alsace. "Cela se complique d'année en année, déjà parce que les vendanges sont de plus en plus tôt" et qu'elle se heurtent au retour de vacances mais aussi "parce que les étudiants rentrent très tôt", analyse Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB).

Levier supplémentaire pour recruter, le cumul RSA et salaire saisonnier, qui "peut constituer un retour à un emploi durable", a aussi été décidé dans l'Aube, en Champagne, tout comme depuis plusieurs années dans le Rhône et, en Bourgogne viticole, en Côte-d'Or et Saône-et-Loire. La Gironde n'offre, elle, pas cette possibilité.

- Vendanges discontinues -

L'Alsace complique encore la donne avec des vendanges par à-coups. La vingtaine de jours nécessaires pour vendanger les 11 hectares avec sept cépages différents de Jean-Daniel Hering s'étale sur plusieurs mois. Il va vendanger jeudi, puis lundi "et le reste se décidera au fur et à mesure" en fonction de la maturation du raisin.

Cueillir le raisin des 15.000 hectares de vignes alsaciennes nécessite 20.000 vendangeurs. Environ un tiers des postes cherchent encore preneurs, selon Pierre Bernhard, président du syndicat des vignerons indépendants d'Alsace.

Les qualités nécessaires sont déroulées aux bénéficiaires du RSA rassemblés: ponctualité, travail en équipe, respect des consignes, bonne condition physique. Pour Armand Landmann, "la motivation et le sérieux" sont l'essentiel.

"J'ai encore besoin de la moitié de mon équipe, mais j'y arriverai d'une façon ou d'une autre, ça va se décanter", assure ce vigneron de Nothalten, qui attendra le 4 septembre pour vendanger ses douze hectares.

Il a déjà rencontré une personne lors de la réunion de mercredi et a trois rendez-vous samedi, via la cellule dédiée au Pôle Emploi de Colmar, "Alsace Vendanges".

Rien que mercredi, cette cellule a reçu plus de 500 appels de demandeurs d'emploi au 03.89.20.80.70, a indiqué à l'AFP Grégory Weitz, son coordinateur.

Plus de 1.900 postes sont proposés et 1.300 mises en relation ont été faites entre viticulteurs et vendangeurs potentiels.

Pour Louis-Clément David-Beaupère, vigneron sur la commune de Juliénas (Rhône), la clé est que les vendangeurs, "dernier maillon d'une année de travail", se sentent bien. Chez lui, "ils ont un toit, une couverture, on mange bien, et après la journée, ils profitent de la piscine."

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