En Corrèze, le procès du "bébé du coffre" ou d'une inouïe dissimulation

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Par Philippe BERNES-LASSERRE - Tulle (AFP)
Publié le 10 novembre 2018 - 11:10
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La Cour d'assises de Corrèze accueille à partir de lundi le procès d'une dissimulation d'enfant qui avait stupéfié à sa révélation en 2013: le bébé dit "du coffre" (de voiture), que sa mère a caché au
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© DIARMID COURREGES / AFP/Archives
La Cour d'assises de Corrèze accueille à partir de lundi le procès d'une dissimulation d'enfant qui avait stupéfié à sa révélation en 2013: le bébé dit "du coffre" (de voiture), qu
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La Cour d'assises de Corrèze accueille à partir de lundi à Tulle un procès hors normes, celui d'une incroyable dissimulation d'enfant qui avait stupéfié à sa révélation en 2013: le bébé dit "du coffre" (de voiture), que sa mère a caché aux yeux de tous, mari et enfants inclus, pendant près de deux ans.

Le garagiste de Terrasson (Dordogne) qui en octobre 2013 découvrit le bébé, mit du temps à s'en remettre. Lui, qui allait être papa trois mois plus tard, parla alors du "spectacle horrifiant" d'une enfant de deux ans ou un peu moins, entourée d'excréments, ne pouvant tenir sa tête droite, "blanche comme du plâtre, et avec des yeux révulsés".

Il venait de la trouver dans un couffin, dans le coffre d'une voiture apportée par une cliente. Les pompiers alertés, relèveront qu'à 15-30 minutes près, l'enfant aurait été "en grand danger" faute d'oxygène. Les gendarmes seront prévenus discrètement, et l'attitude de la mère, déjà, intriguera. Pas alarmée, voire "décontractée", comme si la découverte du bébé était "une délivrance", songea le garagiste.

La mère, Rose, et son mari, maçon, furent placés en garde à vue puis mis en examen. Mais lui bénéficia d'un non lieu: il a toujours affirmé n'avoir rien su de la grossesse, de la présence du bébé, dans la voiture (il ne conduit pas) ou dans le garage de leur maison de Brignac-la-Plaine (Corrèze). Et "aucun élément n'a permis de démontrer qu'il en avait connaissance", a conclu l'instruction.

Par cet aspect, mais pas seulement, le cas de "Séréna" --le prénom donné par la mère-- "défie l'imagination", admettra le procureur de Brive à l'époque. Le couple avait trois autres enfants de 6 à 12 ans, normalement scolarisés et socialisés.

La mère, 50 ans à présent, et sous contrôle judiciaire, est jugée pour violence suivie de mutilation ou infirmité permanente sur mineur de 15 ans par ascendant, privation de soins ou d'aliments compromettant la santé d'un enfant par ascendant, et dissimulation ayant entraîné atteinte à l'état-civil d'un enfant.

-Séquelles "vraisemblablement irréversibles"-

Elle encourt 20 ans de réclusion criminelle, une "criminalisation" de l'affaire --qui lui vaut les assises-- lié au caractère "permanent" des séquelles, révélé par les expertises successives. La dernière mi-2016 a relevé un "déficit fonctionnel à 80%", un "syndrome autistique vraisemblablement irréversible". Et "un lien de causalité" avec l'isolement, le confinement subis.

Serena, chez qui de "nombreuses carences" ont été diagnostiquées, aura 7 ans en fin de mois, vit dans une famille d'accueil en Corrèze, et va "mieux". "Elle va bien, si tant est qu'on puisse le dire sous cette forme-là", dit aujourd'hui Me Isabelle Faure-Roche, avocate du Service social d'aide à l'enfance du département de Corrèze, partie civile, comme trois associations de protection de l'enfance.

"Elle marche, elle court dans la nature, elle fait du vélo, elle aime faire beaucoup de vélo. Mais elle ne supporte pas d'être enfermée", précise à l'AFP une source proche du dossier. "Mais si vous essayez de lui parler, elle ne vous +calcule+ pas. Elle émet des sons, mais ne parle pas".

Des symptômes de Séréna, du lien avec le traitement subi, "l'altération de la sphère de communication", la "désorganisation précoce des récepteurs", il sera beaucoup question à Tulle.

Mais il sera aussi question du psychisme de la mère, et plus encore de "déni": qu'il soit absolu, relatif, ou... contestable. "On est totalement dans le déni de grossesse", estima, tôt dans le dossier, l'avocate de l'accusée Me Chrystèle Chassagne-Delpech, pour qui sa cliente n'a pas eu le "geste fatal" qu'ont de nombreuses femmes en déni de grossesse, mais l'a "laissée en vie... d'une certaine façon".

La mère elle-même, dans une interview à TF1 fin 2013, expliquera avoir accouché seule à l'aube, n'avoir pu en parler à personne le jour-même, ni le lendemain, ni le surlendemain. Et s'être "enfermée dans un mensonge, un gouffre". Elle racontera qu'elle nourrissait l'enfant, la sortait du coffre, passait du temps avec elle le soir, même si "elle ne pouvait s'en occuper comme des trois autres".

L'avocate de la défense n'a pas souhaité s'exprimer en amont du procès. Celui-ci est prévu jusqu'au 21 novembre.

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