En Côte-d'Or, des contrôles pédagogiques avant les PV sur les routes à 80 km/h
Dissimulés sur un chemin forestier, des gendarmes scrutent une route départementale pour arrêter les véhicules dépassant les 80 km/h, nouvelle limite en vigueur. Sur une dizaine de contrevenants lundi matin, la majorité a échappé au PV en remplissant un "questionnaire pédagogique".
"Une Opel Zafira à 99 km/h", lance l'un des militaires. Cinq minutes après le début du contrôle, une voiture grise, première de la journée, vient se ranger sur un parking situé un peu plus loin, dans le bourg de Binges, en Côte-d'Or.
"Aujourd'hui, c'est un dispositif pédagogique, vous ne serez pas verbalisée", annonce la gendarmerie à Sandrine, la conductrice de 35 ans. Elle en sera quitte pour répondre à un questionnaire, sa petite fille de 11 mois dans les bras.
L'occasion pour un fonctionnaire de la préfecture de rappeler le nombre de morts sur les routes en 2017 en France (3.684) et dans le département (35), ou le fait que la distance de freinage augmente de 13 mètres à 90 km/h par rapport à 80.
La première cause de mortalité sur les routes hexagonales ? "Je pense que c'est la vitesse", répond la contrevenante, pas tout à fait au hasard. "C'est pas toujours évident mais oui, je vais essayer de m'adapter" à la nouvelle limitation, promet-elle avant de reprendre le volant.
Depuis dimanche, la vitesse sur toutes les routes à double sens, à une voie chacune et sans séparateur central, est passée à 80 km/h. La préfecture ne ménage pas ses efforts pour expliquer cette mesure impopulaire. "Pendant quelques jours, il va y avoir une tolérance, on va faire de la pédagogie et de l'accompagnement", indique la directrice de cabinet du préfet, Pauline Jouan.
- "Discernement" des gendarmes -
"En agissant sur la vitesse, ça permettre de sauver 300 à 400 vies", fait-elle valoir, avant d'insister: 55% des accidents mortels ont lieu sur des routes concernées par la mesure.
"Plus vous roulez vite, plus le choc est violent et plus les dégâts sont importants", martèle de son côté le procureur de la République à Dijon, Éric Mathais, en tentant lui-même de convaincre Aymeric, un conducteur de 26 ans arrêté à 89 km/h, du bienfondé de la mesure.
"Il ne s'agit pas d'embêter les gens. Les habitudes doivent changer et peut-être que beaucoup de gens se demandent pourquoi on est passé de 90 à 80. Or, il y a des raisons objectives, tout le monde ne sait pas que la cause principale des accidents mortels, c'est la vitesse", explique-t-il.
Le commandant de la région de gendarmerie de Bourgogne-Franche-Comté, le général Olivier Kim, est présent lui aussi pour cette opération ouverte à la presse et assure que "les gendarmes feront preuve de discernement" dans l'application de la nouvelle loi.
Lionel, 46 ans, a été intercepté à 103 km/h, au-delà de la tolérance fixée pour ce contrôle à 100 km/h. Il s'en tirera finalement lui aussi en répondant au questionnaire. "C'est bien, ça fait réfléchir", souffle-t-il, soulagé, reconnaissant avoir "bien exagéré sur la vitesse".
Un conducteur espagnol n'aura pas sa chance, contrôlé à plus de 130 km/h, soit plus de 50 km/h au-dessus de la limite. Un excès qui lui vaut un retrait de permis... qu'il aurait pu conserver sur une route limitée à 90 km/h.
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