En pré-campagne pour les européennes, Macron reçoit Merkel
Déjà en campagne pour les élections européennes dans plusieurs pays de l'UE, Emmanuel Macron a retrouvé vendredi à Marseille Angela Merkel pour consolider son "arc progressiste" face aux nationalistes antimigrants qui progressent en Europe et jusqu'au cœur du gouvernement allemand.
"L'Allemagne et la France ont la même approche des problèmes (...) Nous devons continuer à oeuvrer pour la souveraineté de l'Europe", a déclaré la chancelière allemande après avoir été chaleureusement accueillie par le président français au palais du Pharo, avec une vue imprenable sur le Vieux-Port de Marseille.
Les deux dirigeants devaient passer quatre heures ensemble pour parler en tête à tête, puis avec leur équipe et enfin autour de l'une des plus belles tables marseillaises des nombreux sujets de l'actualité européenne, comme les migrations, la défense commune, le Brexit ou l'avenir de la zone euro.
Ces questions migratoires, "la ville de Marseille les connait ô combien, comme toute la Méditerranée", a estimé Emmanuel Macron. Marseille, port d'accueil depuis des siècles, est "un lieu propice pour discuter de cette question", a abondé Angela Merkel.
- "Mortelle" -
En arrivant au Pharo, les deux dirigeants sont d'ailleurs passés en voiture à proximité de l'Aquarius, le bateau de l'ONG SOS Méditerranée, qui s'est retrouvé au coeur des disputes européennes pour accueillir les migrants cet été.
Jeudi, SOS Méditerranée a appelé "urgemment à un sursaut du couple franco-allemand" pour parvenir à "un mécanisme pérenne de débarquement" des migrants secourus en mer Méditerranée. La Méditerranée a été "plus mortelle que jamais" pour les migrants au cours des premiers mois de 2018, plus de 1.600 personnes ayant trouvé la mort depuis le début de l'année, selon un rapport du Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU publié lundi.
Emmanuel Macron a insisté sur la volonté de faire de cette question migratoire "une chance et pas une crainte" en Europe alors que la chancelière est de nouveau fragilisée au sein de sa coalition au terme d'une passe d'armes sur l'immigration jeudi avec son ministre de l'Intérieur.
Horst Seehofer, président du très conservateur parti bavarois CSU, a affirmé que "la question migratoire est la mère de tous les problèmes" en Allemagne, disant comprendre les manifestations antimigrants de Chemnitz qui ont donné lieu à des échauffourées faisant plusieurs blessés. Des débordements qui "ne sont pas tolérables", a rétorqué la chancelière.
Avant le début de la réunion, le chef de file de la France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon a fustigé les deux dirigeants en marge d'une manifestation "Stop Macron", qui a rassemblé environ 200 personnes sur le Vieux-Port.
"Les deux mêmes (...) qui imposent à toute l'Afrique des partenariats économiques où on supprime les droits de douane et où on pousse à la misère toute la paysannerie, les deux mêmes viennent faire les malins là en disant +nous sommes des humanistes+ mais pas du tout, ce sont des contre-humanistes!", a lancé le député de Marseille.
- Scission du PPE -
Avant d'arriver à Marseille, Emmanuel Macron, qui traverse actuellement une période de turbulences politiques, avait parachevé jeudi au Luxembourg une tournée européenne qui l'a conduit à rencontrer sept dirigeants en sept semaines.
Dans ce pays foncièrement europhile, Emmanuel Macron et les Premiers ministres Charles Michel (Belgique), Mark Rutte (Pays-Bas) et Xavier Bettel (Luxembourg) ont fait bloc pour défendre une Europe "progressiste" contre le "repli nationaliste", clivage que Paris veut mettre en avant pour les élections européennes de mai.
Ils ont décidé de proposer ensemble au Conseil européen du 20 septembre à Salszbourg (Autriche) des solutions plus concrètes pour réduire l'arrivée de migrants, dossier qui alimente la montée de l'extrême droite jusqu'en Suède, où ont lieu dimanche des élections législatives.
Décidés à fermer plus étroitement leurs frontières, l'Italie du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini et la Hongrie du Premier ministre Viktor Orban, ont désigné le président français comme leur principal adversaire. Rôle qu'il a aussitôt endossé.
Emmanuel Macron veut aussi faire émerger un nouveau mouvement politique progressiste en Europe d'ici la fin de l'année, autour de son parti En Marche, et comme en France, recomposer le paysage politique européen.
Pour y parvenir, il compte sur une scission du Parti populaire européen (PPE), principal parti du parlement, qui regroupe des partis conservateurs allant des chrétiens-démocrates d'Angela Merkel au parti nationaliste de Viktor Orban, le Fidesz.
Mardi aura lieu au Parlement européen un débat sur les accusations de violation de l'état de droit en Hongrie, en présence du Premier ministre hongrois qui viendra plaider sa cause.
M. Macron a expliqué qu'il y attendait une heure de vérité, une "clarification" au sein du PPE, car selon lui "on ne peut à la fois être du côté de Merkel et d'Orban".
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