Enquête ouverte suite à des soupçons de bizutage à la fac de médecine de Caen
Une enquête de police a été ouverte après que deux syndicats ont signalé à la justice des faits de bizutage à la faculté de médecine de Caen, a-t-on appris mardi auprès du parquet de Caen.
Il s'agira de "faire la lumière sur des faits remontant à l'année dernière", a indiqué à l'AFP la procureure de la République de Caen Carole Étienne. "Des auditions vont avoir lieu", a-t-elle précisé.
Les syndicats Sud Éducation et SL Caen (Solidaires Étudiant(e)s) ont été alertés en mars dernier par une affiche annonçant le gala de la fac de médecine. On pouvait y voir des hommes en toges romaines entourant, le sourire aux lèvres, une femme à terre, dénudée et ensanglantée.
Après avoir obtenu son retrait auprès de la présidence de l'université, les syndicats ont mené une enquête sur les réseaux sociaux et découvert "un bizutage institutionnalisé" sur le groupe Facebook secret de la corpo médecine.
Y figurait notamment une liste de 69 commandements à réaliser chaque rentrée par les étudiants de deuxième année afin de marquer des points, preuves vidéo à l'appui. Distillés au compte-gouttes, ils mélangeaient actions louables ("payer un sandwich à un clochard", "faire un don du sang"), blagues potaches et humiliations à caractère sexuel, jusqu'à la réalisation d'un film pornographique.
De quoi instaurer "un climat propice aux relations non consenties et agressions sexuelles", selon Clément, du syndicat étudiant SL Caen, qui pointe la "culture du secret" et "l'omerta" régnant au sein de la corpo médecine, en charge notamment de l'impression des polycopiés nécessaires au suivi des cours.
"Les étudiants en médecine revendiquent pour beaucoup une sexualité très libre. J'ai fait des choses que je ne faisais pas auparavant, poussée par l'esprit de groupe", témoigne une étudiante dans Ouest-France.
Prévenue par les syndicats, la direction de l'université de Caen a réagi en deux temps, convoquant d'abord la responsable de la corpo médecine, avant d'annuler le weekend d'intégration prévu ces 27 et 28 octobre.
"Les événements festifs sont généralement bien encadrés. Mais nous ignorions l'existence de ces commandements, réalisés en amont à titre individuel. Certains sont potaches, d'autres illégaux s'ils ont effectivement eu lieu", a déclaré à l'AFP le président de l'université de Caen, Pierre Denise.
Il s'est par ailleurs engagé à mettre en place "un contrôle plus strict" des fêtes étudiantes et "une formation obligatoire pour l'ensemble des responsables des associations étudiantes".
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