Eric Drouet, figure des "gilets jaunes", au tribunal

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Par Caroline TAIX - Paris (AFP)
Publié le 15 février 2019 - 05:00
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Eric Drouet, figure des "gilets jaunes", à Paris, le 2 février 2019
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives
Eric Drouet, figure des "gilets jaunes", à Paris, le 2 février 2019
© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives

Le procès d'une des figures des "gilets jaunes" Éric Drouet, dont l'interpellation le 2 janvier pour deux manifestations non déclarées à Paris avait indigné à gauche comme à droite, s'est ouvert vendredi matin.

Le parquet a immédiatement demandé le renvoi, au motif qu'il doit également être jugé le 5 juin pour port d'arme prohibé -en l'espèce un bâton- lors de la manifestation du 22 décembre à Paris, mais le tribunal a décidé de juger l'affaire.

Le chauffeur routier de Seine-et-Marne comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris deux jours après l'ex-boxeur Christophe Dettinger, condamné à un an de prison ferme, aménageable en semi-liberté, pour avoir violemment frappé deux gendarmes le 5 janvier lors de l'acte 8 des "gilets jaunes".

Accompagné de son avocat Khéops Lara et d'une autre figure du mouvement de contestation, Jérôme Rodrigues, Éric Drouet est entré sans un mot dans la salle d'audience, entouré d'une nuée de journalistes.

Il est jugé pour l'"organisation sans déclaration préalable" de deux manifestations, le 22 décembre - l'acte 6 des "gilets jaunes" lors duquel il avait déjà été interpellé - et le 2 janvier. Il encourt six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

Le 2 janvier, Éric Drouet avait été arrêté près des Champs-Élysées, encadré par des policiers hués par des "gilets jaunes".

"Je ne pense pas qu'en marchant dans la rue on s'attend à finir en garde à vue", a-t-il déclaré avant l'ouverture de son procès.

À sa sortie de garde à vue, Éric Drouet avait dénoncé une interpellation "politique", affirmant qu'il devait juste rencontrer d'autres "gilets jaunes" pour un "rendez-vous au restaurant". Son arrestation montrait, selon lui, une volonté de "bâillonner" la contestation.

Éric Drouet s'était également défendu d'avoir lancé un appel à manifester. Quelques heures avant d'être interpellé, il déclarait toutefois dans une vidéo diffusée sur Facebook : "Ce soir, on va pas faire une grosse action, mais on veut choquer l'opinion publique. Je sais pas s'il y en aura qui seront avec nous sur les +Champs+ (...) On va tous y aller sans gilet".

- "Amateurisme" -

Le médiatique Éric Drouet est un des initiateurs de la première mobilisation nationale des "gilets jaunes" le 17 novembre. C'est lui qui avait créé l'événement Facebook "Blocage national contre la hausse des carburants". Il est devenu l'un des visages les plus connus de ce mouvement de contestation qui dure depuis trois mois et représente la plus grave crise du mandat d'Emmanuel Macron.

Ce père de famille de 33 ans se défend d'être un leader des "gilets jaunes" mais ses prises de parole pèsent dans la contestation.

Le prévenu, pour lequel le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit sa "fascination", est aussi controversé. Il a été accusé d'appeler au putsch lorsque, lors d'un débat où on lui avait demandé ce qu'il comptait faire si la manifestation arrivait devant l'Élysée, il avait répondu : "On rentre dedans". Des propos qu'il avait relativisés dès le lendemain.

Son interpellation le 2 janvier avait provoqué l'indignation de responsables politiques, de l'extrême droite à l'extrême gauche en passant par le centre. "Abus de pouvoir. Une Police politique cible et harcèle désormais les animateurs du mouvement gilet jaune", a tweeté Jean-Luc Mélenchon. Hervé Morin, le président des Centristes, a taxé le gouvernement d'"amateurisme" et l'a appelé à "sortir de l'arrogance et du mépris" vis-à-vis des "gilets jaunes".

Le gouvernement, qui veut faire voter une loi "anticasseurs" prévoyant notamment des interdictions administratives de manifester, a défendu l'interpellation du routier au nom de l'État de droit. "Quand quelqu'un organise une manifestation alors qu'elle n'est pas déclarée, c'est qu'il ne respecte pas l'État de droit", a estimé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

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