Fournitures scolaires : le filon de la rentrée pour les professionnels
A quelques jours de la rentrée des classes, liste de fournitures scolaires à la main, les familles arpentent fébrilement les rayons papeterie: un rituel souvent considéré comme une corvée, mais représentant une manne pour les professionnels du secteur.
Cette année encore, les parents d'un enfant entrant en 6e devront débourser près de 200 euros en moyenne, selon Familles de France.
"C'est un grand classique pour les familles, une dépense plutôt contrainte mais incontournable, un passage obligé que certaines essaient de répartir dans le temps" par souci d'économies notamment, explique à l'AFP Charly Hée, le président de l'association.
Il suggère de faire des stocks pendant les promotions, d'acheter en lots (notamment via les associations de parents d'élèves), de penser "durable" (notamment pour les cartables, qui coûtent cher), de recycler les fournitures non utilisées les années précédentes, etc.
Si pour les parents cette période est un mauvais moment à passer, pour les professionnels du secteur c'est une manne financière: le marché français de la papeterie pèse 2 milliards d'euros par an, selon l'institut GfK.
Dans une étude datant de février, le GfK estimait que la grande distribution se taille toujours la part du lion au moment de la rentrée (77% de parts de marché, en baisse toutefois de 3,4% sur un an), loin devant les magasins spécialisés et les sites de commerce en ligne (23%, soit une hausse de 12%).
- Listes "barrées" -
"Les grandes surfaces restent incontournables mais leur part s'érode depuis quelques années" face aux services et aux conseils proposés par leurs concurrents, explique à l'AFP Eric Joan, PDG du groupe de papeterie Hamelin, propriétaire des cahiers Oxford et basé à Caen.
Ce groupe familial, qui a réalisé 400 millions de chiffre d'affaires en 2018, revendique ainsi un million d'utilisateurs (élèves et étudiants) pour son application Scribzee, "qui numérise les notes manuscrites, permettant de les sauvegarder, stocker, classer et partager", souligne-t-il.
"Comme cela s'est fait dans d'autres secteurs - le sport ou l'alimentaire - on constate depuis quelques années un transfert des consommateurs des grandes surfaces vers la distribution spécialisée", renchérit Christel Jaffres, directrice générale de l'enseigne Bureau Vallée.
Ce réseau, qui dispose de 322 magasins répartis en France et à l'étranger, réalise lors de la rentrée 30% de son chiffre d'affaires annuel de 450 millions d'euros.
Au niveau des tendances fortes cette année, la dirigeante a constaté une demande accrue "de conseils, de services et de gain de temps", mais aussi davantage de listes "barrées" de produits déjà en possession des enfants et donc réutilisables. L'enseigne a aussi augmenté les ventes des produits "verts" (notamment pour les stylos et les colles) de 10% en deux ans.
- "Achats plaisir" -
Au Carrefour de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), ce "gros temps fort commercial" représente 50% du chiffre d'affaires annuel du rayon papeterie, précise à l'AFP le directeur du magasin, Cyrille Bouleau.
Mieux: mardi, lors du versement de l'allocation de rentrée scolaire (ARS) aux familles les plus modestes, il a constaté une augmentation de 70% sur le rayon, "et même de 80% mercredi".
Si la trousse, le cartable et l'agenda restent des "achats plaisir" souvent effectués "avant le départ en vacances, en juillet, avec les enfants", le reste de la liste se fait généralement la dernière semaine avant la rentrée, parfois sur internet, pour bénéficier de la livraison notamment, relève-t-il.
Pour certains parents pressés ou désireux de s'éviter la corvée, papeteries et sites internet proposent par ailleurs de réaliser eux-mêmes les courses (avec un "pack rentrée") en échange de la liste des fournitures, un service "clé en mains" qui séduit de plus en plus, explique Mme Jaffres à l'AFP. "Comme le +drive+ dans l'alimentaire."
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