"Gilets jaunes" : au côté de Juppé, Macron appelle à "un retour calme"
Emmanuel Macron a appelé les "gilets jaunes" à un "retour au calme" vendredi à Bordeaux, bastion du mouvement où le président se rendait au dernier jour de la carrière politique du maire Alain Juppé.
Avec lui, il s'est par ailleurs accordé pour dire que "les maires sont la colonne vertébrale de la république", lors d'un débat de 3H30 devant une cinquantaine d'élus girondins sous la verrière du jardin d'hiver Art déco de l'hôtel particulier de Nesmond, résidence officielle des préfets de Gironde.
Après des mois de tension avec les élus locaux, le chef de l’État a parlé "contractualisation ad hoc", "expérimentation et différenciation" dans les territoires.
A 150 mètres de là, sur la place Pey-Berland, où samedi après samedi des heurts éclatent en fin de manifestation des "gilets jaunes", une centaine de manifestants s'étaient rassemblés dans le calme. "Macron, c'est bon, dégage !", scandaient certains d'entre eux.
"Comme vous, je pense que la situation que nous vivons n'est plus compréhensible par nombre de nos concitoyens", a répondu le chef de l’État à l'édile de Saint-Seurin-sur-l'Isle, Marcel Berthomé, doyen des maires de France à 96 ans, qui l'interpellait sur le "défilé insupportable" des manifestants "rebelles".
Souhaitant "un retour au calme " à la veille de l'acte 16 du mouvement, le chef de l’État a qualifié "d'intolérables" les violences qui émaillent les manifestations, et ont notamment touché les commerces du centre de Bordeaux. Le mouvement a toutefois semblé s'essouffler ces derniers temps.
Mardi lors d'un débat dans le grand Est, il s'était attiré de vives critiques de l'opposition et des "gilets jaunes" en estimant que "lorsqu'on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire".
- "Majorité silencieuse" -
Bordeaux est une ville "en bonne santé, on le lui reproche parfois, notamment le samedi après-midi depuis le mois de novembre dernier, mais nous n'allons pas nous excuser", a de son côté lancé M. Juppé lors du débat.
A des commerçants qui l'attendaient avant son petit-déjeuner avec M. Macron, feuilles A4 autour du cou pour dire "stop aux manifestations", le maire de Bordeaux les a exhortés à s'"exprimer", car "la majorité silencieuse est trop silencieuse".
M. Juppé devait remettre au préfet sa démission de son mandat dans la journée. Il prêtera serment au Conseil constitutionnel le 11 mars.
Maire de Bordeaux depuis 1995, avec une interruption de deux ans, il avait annoncé le 13 février, à la surprise générale, accepter la proposition du président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand de prendre la succession de Lionel Jospin au Conseil Constitutionnel.
En attendant de rejoindre les Sages, l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997) a profité de sa "liberté d'expression politique" pour se dire "très impressionné par la capacité d'écoute du président de la République" à Pessac la veille.
- "République décentralisée" -
Ouvrant le débat devant les élus, Alain Juppé s'est aussi fait leur porte-parole, insistant sur leurs "difficultés", prenant pour exemple le "séisme budgétaire" constitué par la division par deux en dix ans des dotations de l’État dans les recettes de la métropole bordelaise.
L'ancien Premier ministre a appelé à ce que cesse le transfert de "responsabilités et de charges sans transférer les recettes qui vont avec", regrettant que "beaucoup trop de choses continuent à monter à Paris".
"Appuyez-vous sur nous, parce que nous sommes aussi d'une certaine manière la colonne vertébrale de la République", a-t-il exhorté devant M. Macron.
"Vous n'avez pas à me convaincre" qu'ils le sont, a répondu le président qui, après des mois de tension, a multiplié les débats avec les élus locaux dans le cadre du grand débat.
Il a dit croire en "la république décentralisée, pas la république fédérale", en plaidant pour des "solutions d'aménagement (du territoire) beaucoup plus adaptées qui permettent à la fois différenciation et expérimentation".
"L'intercommunalité forcée fait rarement des économies, l'intercommunalité voulue et la commune nouvelle voulue produisent des économies", a-t-il aussi remarqué.
Dans le dossier de l'usine Ford de Blanquefort, à une quinzaine de kilomètres de là, il a assuré que l’État allait "forcer" le groupe à payer pour la revitalisation du site.
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