"Gilets jaunes" : semi-liberté pour le "boxeur" Christophe Dettinger

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Par Sofia BOUDERBALA - Paris (AFP)
Publié le 13 février 2019 - 16:22
Mis à jour le 14 février 2019 - 00:00
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Capture d'écran d'une vidéo montrant l'ex-boxeur Christophe Dettinger s'en prenant à un gendarme sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor dans le centre de Paris, le 5 janvier 2019
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Christophe Dettinger, jugé mercredi pour avoir violemment frappé deux gendarmes le 5 janvier, regrette une "erreur" qu'il explique par la "violence" subie par les "gilets jaunes" lors des manifestations.
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L'ex-boxeur Christophe Dettinger a été condamné mercredi à un an de prison ferme, aménageable en semi-liberté, et 18 mois de sursis avec mise à l'épreuve pour avoir violemment frappé deux gendarmes le 5 janvier lors de l'acte 8 des "gilets jaunes".

Le tribunal l'a également condamné à une interdiction de séjour à Paris pendant six mois, et à indemniser ses victimes, respectivement à hauteur de 2.000 et 3.000 euros.

"M. Dettinger, cela veut dire que ce soir vous dormez en prison. D'ici cinq jours, vous passerez devant le juge d'application des peines d'Evry, qui va mettre en place un régime de semi-liberté: vous dormirez en prison, mais vous pourrez continuer à travailler", a expliqué la présidente.

La joie a éclaté à l'extérieur de la salle, une fois la "bonne nouvelle" digérée par la famille et les proches du "boxeur". Chants et sifflets.

Le procureur avait requis trois ans dont un de sursis avec mise à l'épreuve et demandé le maintien en détention du prévenu, pour un geste d'une "violence inouïe" contre deux gendarmes, dont l'un s'est vu prescrire 2 jours d'ITT et l'autre n'a toujours pas repris le travail, après 40 jours.

A la barre, Christophe Dettinger a dit regretter son geste: "J'ai voulu empêcher une injustice et j'en ai créé une autre", a-t-il dit, cherchant à expliquer un moment de colère - 2 minutes 30 - face à la "violence" des forces de l'ordre, samedi après samedi.

L'audience a démarré avec la projection de vidéos amateur, devenues virales. On voit ce père de famille de 37 ans, fonctionnaire territorial en Essonne, frapper un gendarme au sol puis asséner une série de coups de poing à un gendarme sur une passerelle surplombant la Seine.

"Je cherche ma femme, je vois des coups de matraque de gendarmes donnés à des +gilets jaunes+. Bam, bam, bam. Je ne comprenais pas. Je vois une dame au sol, un coup de pied et un coup de matraque levée, c'est là que je me jette sur le gendarme et je tape", a-t-il dit d'une traite, très calme.

Le procureur avait une tout autre version. "Vous avez des militaires qui ont dû tenir une position" et un homme qui "reste en première ligne, invective, serre les poings" et frappe: "Il est dans ce registre de la violence légitime, du justicier".

Au prévenu, il assènera que comme dans les matches de boxe, "il y a des règles dans la vie". "Cela faisait huit manifs qu'il n'y avait pas de règle", a rétorqué le prévenu, avant d'ajouter, encore, qu'il regrette. "J'aurais dû juste pousser".

- "Pas un casseur de flic" -

Pourquoi les choses dégénèrent sur cette passerelle au-dessus de la Seine lors de l'acte 8 de la contestation sociale? Christophe Dettinger explique que les "gilets jaunes" étaient comme pris dans une nasse, avec des issues bouclées et la passerelle pour seul débouché.

A la barre, l'un des gendarmes frappés affirme qu'il avait été positionné sur le premier tiers de la passerelle et non au bord pour éviter de devoir mobiliser des troupes supplémentaires pour garder un escalier qui menait à la passerelle. "Economie d'effectifs".

Le gendarme nie avoir donné des coups de matraque comme le prétend Christophe Dettinger, dont les poings l'ont fait vaciller à plusieurs reprises, alors qu'il avait reçu l'ordre de reculer.

Le "boxeur" a répété qu'il n'était pas un "sale gitan, un casseur de flic". Il a fini par demander "pardon", parce qu'il a compris quelque chose aujourd'hui: ce qu'il a fait lui restera toute sa vie, mais "ce sera aussi le cas pour ces gendarmes et leurs familles".

"M. Dettinger, malgré lui, est devenu un symbole, quand on voit les soutiens dont il a bénéficié sur les réseaux sociaux. J'appelle chacun à la responsabilité, sinon il va y avoir un drame... quelqu'un va mourir", avait plaidé Thibault de Montbrial, un des avocats des gendarmes.

La défense, emmenée par Laurence Léger, Hugues Vigier et le vieux pénaliste Henri Leclerc, avait demandé une "peine juste", et "pas exemplaire", pour un homme "irréprochable pendant 37 ans".

"Justice a été rendue", a twitté quelques minutes après la décision le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner ajoutant que "nul ne peut violer la loi et attaquer impunément ceux qui risquent leur vie pour protéger la nôtre".

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