"Gilets jaunes" : mobilisation au plus bas une semaine avant la fin du grand débat

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Par Marie DHUMIERES, Shahzad ABDUL - Paris (AFP)
Publié le 09 mars 2019 - 15:45
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Un Gilet jaune lève le poing en manifestant sur les Champs-Elysées à Paris le 23 février 2019
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP
Le mouvement des "gilets jaunes" cherche samedi un nouveau souffle, avec plusieurs manifestations disparates aux revendications multiples (illustration).
© Zakaria ABDELKAFI / AFP

Plus faible mobilisation depuis le début de la contestation, programme avorté à Paris, éclatement des revendications et des cortèges: les "gilets jaunes" ont connu un coup de mou samedi pour leur acte 17, une semaine avant leur mobilisation cruciale pour la fin du grand débat.

Après presque quatre mois d'existence, le mouvement refluait déjà depuis plusieurs semaines, selon les chiffres officiels, systématiquement contestés par les manifestants.

Samedi, la mobilisation a atteint un plus bas historique, avec 28.600 manifestants recensés en France par le ministère de l'Intérieur, dont 3.000 à Paris. Soit encore moins que le 29 décembre: à la veille du réveillon, l'acte 7 avait mobilisé 32.000 manifestants. Et très loin de la fougue des débuts, lorsque 282.000 personnes avaient investi ronds-points et villes de France le 17 novembre.

Alors, véritable coup de pompe ou respiration avant la grande journée nationale du 16 mars? "On se prépare pour samedi prochain, ça va être gros", promet Christian, 67 ans, près des Champs-Élysées. L'acte 18 du mouvement aura lieu le lendemain de la fin officielle du grand débat et espère rassembler "la France entière à Paris" pour lancer un "ultimatum" au gouvernement.

Une semaine avant cette échéance déterminante, les "gilets jaunes" n'ont toutefois pas réussi à imposer leur tempo samedi à Paris.

Ils promettaient d'occuper le Champ de Mars tout le week-end, mais le projet a tourné court : les forces de l'ordre ont empêché toute installation près de la Tour Eiffel dès vendredi soir. A défaut, une poignée de "gilets jaunes", dont Priscillia Ludosky, se sont rassemblés avec des militants écologistes près du monument dans la matinée .

Quant à la manifestation qui promettait de faire "converger toutes les mobilisations" dans les rues de la capitale samedi, elle a finalement provoqué une scission des manifestants.

Au lendemain de la journée internationale des droits des femmes, un cortège emmené par des assistantes maternelles, vêtues de gilets roses, de femmes mobilisées contre les violences sexistes et arborant du violet, et de syndicats, ont fait plusieurs kilomètres dans Paris sur un parcours autorisé, avant de se disperser vers 16H00 sans incident.

Pendant ce temps, plusieurs centaines de "gilets jaunes" ont préféré rester massés en haut des Champs-Élysées. Un rassemblement sans incident majeur, mais qui a provoqué des tensions en fin de journée: des grenades lacrymogènes ont répondu à des jets de projectile. Sous les cris de "CRS enculés", les forces de l'ordre ont utilisé leurs canons à eau.

Vers 19H30, quelques dizaines de manifestants persistaient sur les trottoirs de l'avenue, tandis que le gros de la troupe avait quitté les lieux, selon une journaliste de l'AFP.

- "Manif de Teletubbies" -

"C'est une manif de Teletubbies aujourd'hui", soupirait Toufik à Paris. Ce trentenaire n'avait pas l'intention de rester mobilisé tout le week-end, sans pour autant vouloir jeter l'éponge. "Si on s'arrête, on va retourner dans l'anonymat".

Globalement calme, la mobilisation parisienne a donné lieu à des incidents sporadiques, entraînant des jets de gaz lacrymogènes et 19 interpellations selon la préfecture de police. A l'aéroport de Roissy, des "gilets jaunes" ont protesté en dansant contre le projet de privatisation d'Aéroports de Paris, sous le regard amusé des touristes.

En régions, le mot d'ordre restait le même : "on lâche rien", comme le chantaient des manifestants à Bordeaux, selon un journaliste de l'AFP. A Toulouse, autre foyer de la contestation, plusieurs dizaines de femmes ont pris la tête du cortège de quelque milliers de "gilets jaunes", en scandant des slogans féministes en début d'après-midi.

Ratée à Paris, la convergence s'est en revanche opérée à Nice, où des assistantes maternelles et leurs gilets roses ont rejoint la foule en jaune.

"On n'est pas entendus donc on continue", a expliqué Anne à Quimper, dans un cortège d'un millier de personnes qui s'est terminé par des affrontements. Pour cette ambulancière bretonne de 55 ans, le pouvoir d'achat reste la revendication numéro un. "Aujourd'hui tout le monde devrait pouvoir vivre de son salaire, de sa retraite ou d'une pension adulte handicapée".

Avec la fin du grand débat en perspective, La République en marche a esquissé des signes à l'attention des manifestants: le parti présidentiel a suggéré samedi de réindexer les retraites sur l'inflation et d'instaurer des "propositions de loi citoyennes", à l'initiative d'un million de personnes.

D'autres manifestations se sont déroulés sans incident majeur à Lyon, Marseille, Saint-Brieuc, Rouen, Dijon, Lille, Strasbourg ou encore Nancy, selon plusieurs journalistes de l'AFP.

Des échauffourées ont en revanche eu lieu à Nantes, mais aussi à Montpellier où 14 personnes ont été interpellées et à Caen avec 12 interpellations, selon la préfecture.

Au Puy-en-Velay, dont la préfecture avait été incendiée le 1er décembre, environ 2.000 personnes ont défilé, avec parfois des jets de projectile sur les forces de l'ordre. Dans la matinée, celles-ci ont saisi des boules de pétanque, des battes de baseball, un jerrycan ou encore un sabre japonais, selon la préfecture de Haute-Loire.

bur-mdh-we-rfo-sha/epe/cbn

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