"Gilets jaunes" : la mobilisation se poursuit, le gouvernement "tient le cap"

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Par AFP - Paris
Publié le 18 novembre 2018 - 19:36
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A Virsac, près de Bordeaux, des manifestants font face aux forces de l'ordre, le 18 novembre 2018
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© NICOLAS TUCAT / AFP
A Virsac, près de Bordeaux, des manifestants font face aux forces de l'ordre, le 18 novembre 2018
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Des "gilets jaunes", bien moins nombreux que la veille, ont à nouveau ralenti dimanche la circulation automobile sur de nombreux axes routiers en France pour protester contre la hausse des taxes sur le carburant, le gouvernement assurant de son côté vouloir "tenir le cap".

"Le cap que nous avons fixé, il est bon et nous allons le tenir", a martelé le Premier ministre Édouard Philippe en début de soirée sur la chaîne de télévision publique France 2, après cette mobilisation inédite pendant tout le week-end.

Et ce même si, a-t-il concédé, dans les rassemblements de manifestants, "on a entendu de la colère mais on a aussi entendu de la souffrance, l'absence de perspectives, l'idée que les pouvoirs publics depuis longtemps ne répondaient pas aux inquiétudes et au sentiment de déclassement, d'abandon ressenti par une partie de la population".

Les manifestants se sont mobilisés contre la hausse du prix des carburants avant de se lancer dans une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et de la baisse du pouvoir d'achat.

Des blocages mais surtout des barrages filtrants et des opérations escargot ont été à nouveau observés dimanche par l'AFP dans de nombreuses régions, toujours à l'initiative de membres de la société civile organisés via des réseaux sociaux et en dehors des partis politiques et des syndicats.

Dans plusieurs endroits, les "gilets jaunes" ont affirmé qu'ils poursuivraient le mouvement lundi, comme par exemple à Brioude (centre). Dans le Morbihan (Bretagne, ouest), "les routiers nous rejoignent demain", a lancé un porte-parole des manifestants. Même son de cloche au Mans (ouest).

Sur environ 150 sites, les manifestants, dont le nombre a été évalué à environ 40.000 par des médias, avaient appelé à reconduire le mouvement pour le deuxième jour consécutif.

La veille, selon le ministère de l'Intérieur, près de 290.000 personnes avaient manifesté sur 2.034 sites.

Quant au bilan humain du week-end, il est particulièrement lourd avec un mort, une manifestante de 63 ans percutée par une conductrice prise de panique, et plus de 400 blessés - dont 14 grièvement y compris parmi les forces de l'ordre -, tandis que les dégradations ont été nombreuses. 282 personnes ont été interpellées.

Un manifestant a ainsi été grièvement blessé dimanche près de Saint-Quentin (nord) lorsqu'un automobiliste a forcé un barrage de "gilets jaunes" sur un rond-point. Mais ses jours ne sont pas en danger, a précisé la gendarmerie, selon laquelle l'automobiliste a pris la fuite.

Dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont par ailleurs dispersé, notamment au moyen de gaz lacrymogène, un millier de "gilets jaunes" qui avaient installé un barrage filtrant au sud de Caen (ouest).

Dans la matinée, elles étaient intervenues pour lever deux points de blocage sur le périphérique sud de cette ville, un radar ainsi que des palettes disposées sur la chaussée y ayant été incendiées pendant la nuit.

Une agression à caractère homophobe présumée samedi d'un conseiller municipal de Bourg-en-Bresse (centre-est) par des "gilets jaunes" suscitait en outre l'indignation, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner condamnant des "actes odieux".

- "Beaucoup de jeunes" -

En dehors des axes autoroutiers, plusieurs abords de zones commerciales ont été bloqués. Le groupe de distribution Auchan a ainsi évoqué une vingtaine de sites touchés.

"Nous constatons un essoufflement du mouvement (...) Ce sont cependant les éléments les plus motivés, parfois les plus durs qui sont restés mobilisés", a expliqué un porte-parole d'Auchan qui a évoqué des "rixes violentes" aux abords de centres commerciaux.

Dans le sud-est, à l'entrée de Cavaillon, quelques dizaines de manifestants qui avaient déployé un drapeau français, filtraient les voitures. "On est beaucoup de jeunes parce qu'on ne s'en sort plus. On travaille comme des forcenés et à un moment donné c'est stop. On ne vit plus, on fait de la survie", dénonçait Emilie, une commerciale âgée de 27 ans.

"Macron desserre l'étau, on étouffe", pouvait-on lire sur une banderole dans la banlieue de Nantes, à proximité de la principale zone commerciale de cette ville de l'ouest. Environ 150 "gilets jaunes" y occupaient un rond-point, arrêtaient les voitures et demandaient aux conducteurs de mettre un gilet jaune pour les laisser passer.

Un barrage filtrant a également été mis en place sur l'autoroute A6, dans le sens Lyon-Paris.

Dans les Pyrénées orientales (sud-ouest), des actions se poursuivaient au péage du Boulou sur l'A9, dernier péage avant l'Espagne tandis que la circulation sur l'A16 était fortement perturbée à Calais, près du tunnel sous la Manche, sans toutefois avoir d'impact sur le trafic du port ou du tunnel, selon la préfecture.

A Eurodisney, près de Paris, des "gilets jaunes" ont déclenché une opération parking gratuit. "Nous, on veut prolonger le mouvement aujourd'hui, demain. On est plusieurs à avoir posé une semaine de vacances pour continuer", a déclaré à l'AFP Arnaud, un fonctionnaire de 47 ans.

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