"Gilets jaunes" : blocages levés aux dépôts de Brest et Lorient mais carburants parfois rares
Le blocage des dépôts pétroliers de Brest et Lorient ont été levés mardi après-midi, quelques heures après les annonces du Premier ministre Édouard Philippe dont les effets auprès des "gilets jaunes" sur le terrain restaient cependant difficilement mesurables.
Quelques heures après la levée du blocage au dépôt de Brest et après avoir maintenu leur mot d'ordre dans un premier temps, les entrepreneurs indépendants de travaux publics qui bloquaient depuis sept jours le dépôt pétrolier de Lorient (Morbihan) en soutien aux "gilets jaunes" ont mis un terme à leur action mardi en fin d'après-midi, a constaté un correspondant de l'AFP.
Après les annonces du Premier ministre sur le moratoire des hausses de taxes sur les carburants, les manifestants avaient, dans un premier temps, décidé de poursuivre leur action à Lorient. Mais, parmi eux, deux chefs d'entreprise qui étaient convoqués mardi matin devant le tribunal de commerce étaient menacés d'une forte astreinte par jour de blocage supplémentaire. La décision du tribunal devait être rendue mardi prochain.
Au dépôt pétrolier de Brest, également bloqué depuis sept jours par des indépendants des travaux publics, la revendication reste la même mais les manifestants ont salué "l'effort de l’État". "On juge satisfaisant le moratoire de six mois", a expliqué Julien Camblan, artisan-terrassier, en se disant prêt à "revenir" au bout de six mois si le tarif réduit du GNR est supprimé.
La mesure, qui figure dans l'article 19 du projet de loi de finances (PLF) devait supprimer le tarif réduit de taxe intérieure de consommation (TICPE) sur le GNR le 1er janvier 2019.
Au-delà de la seule question du GNR, Jacline Mouraud, figure bretonne des "gilets jaunes", a considéré que les annonces du Premier ministre "vont dans le bon sens" mais "je crains seulement qu'il ne soit trop tard", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Cependant, plutôt qu'une simple suspension de la taxe carbone au 1er janvier, "il fallait une annulation" (...) "et le rétablissement de l'ISF", a estimé Mme Mouraud qui s'est cependant déclarée inquiète pour la suite, en particulier concernant l'appel à manifester samedi prochain: "Le curseur de la colère est monté trop haut. Et ces annonces arrivent trop tard", a-t-elle dit.
- Files d'attentes interminables -
A court terme, la levée du blocage des deux dépôts pétroliers bretons devraient permettre un retour à la normale dans les stations-services de la région où la pénurie des carburants commençait mardi à gagner du terrain, notamment dans le Morbihan et les Côtes d'Armor, après avoir démarré lundi dans le Finistère.
Parallèlement, en Normandie et dans le Sud-Est, la situation s'est aussi aggravée mardi.
Dans l'Orne, plusieurs stations-service en rupture étaient fermées, a constaté un journaliste de l'AFP. Ailleurs, les automobilistes devaient faire face à des files d'attente interminables.
En Seine-Maritime, "on n'a pas de problème d'approvisionnement mais il y a eu une ruée" une "surconsommation par précaution", de la part d'automobilistes, relevait la préfecture.
Dans le Var, la gendarmerie est intervenue à 05H30 pour débloquer le dépôt pétrolier de Puget-sur-Argens, bloqué depuis 24 heures par les "gilets jaunes". L'évacuation s'est faite sans heurts selon la gendarmerie.
À la station Total Garigliano à Nice, un employé a confirmé une pénurie de gazole normal faisant suite au blocage du dépôt varois, de même qu'à Marseille où plusieurs stations-service étaient fermées.
Des pénuries se font sentir aussi chroniquement depuis une quinzaine de jours sur le Gard et l'Hérault, ont constaté des journalistes de l'AFP. Certaines stations sont fermées suite aux blocages récurrents des dépôts de Frontignan et Port-La Nouvelle.
Par ailleurs des manques de certains produits sont également visibles dans les supermarchés de ces deux départements suite aux blocages de plate-formes logistiques de grands groupes comme Carrefour ou Auchan.
En Loire-Atlantique, les "gilets jaunes" ont mené des opérations de barrages filtrants notamment à Saint-Nazaire, à proximité du port et Donges, près de la raffinerie Total.
Sur un barrage filtrant près de Nantes, les avis étaient partagés sur les annonces de Matignon. Joël Diot, brocanteur, soulignait une "avancée" du Premier ministre, tandis que Sandy Mehat, jeune vendeuse, jugeait "très décevante" son intervention. Et appelait à manifester samedi prochain, "avec le moins de casse possible".
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