"Gilets jaunes" : les étapes d'une fronde inédite en France

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Par Olivier THIBAULT - Paris (AFP)
Publié le 24 novembre 2018 - 12:39
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Des gilets jaunes à Toulouse, le 24 novembre 2018
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© Pascal PAVANI / AFP
Des gilets jaunes à Toulouse, le 24 novembre 2018
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Grogne sans chef ni organisation, née en octobre sur les réseaux sociaux, la fronde des "gilets jaunes", à l'origine contre la hausse des prix des carburants, agite la France depuis une semaine.

- La vidéo de Jacline Mouraud -

"Mais qu'est-ce que vous faites du pognon des Français?": tout part d'une vidéo postée sur Facebook le 18 octobre. Une parfaite inconnue, Jacline Mouraud interpelle sur un ton énervé "Monsieur Macron" pour dénoncer "la traque aux conducteurs".

Ce "coup de gueule" anti-taxes est vu plus de six millions de fois sur le réseau social. Les initiatives se multiplient pour lui donner une suite. Une pétition sur change.org "Pour une baisse des prix du carburant" cartonne avec près d'un million de signatures.

Les appels aux blocages de routes et autoroutes enflent sur internet. Une mobilisation nationale est fixée pour le samedi 17 novembre.

Le mot d'ordre lancé aux automobilistes en colère: étaler son gilet de sécurité fluorescent sur le tableau de bord du véhicule: le mouvement des "gilets jaunes" est né.

Agitation protéiforme, la grogne dépasse le simple mouvement d'humeur contre les taxes sur le gazole. Elle agrège les mécontentements d'une France périphérique, au pouvoir d'achat rogné.

- "Mobilisation générale" -

Samedi 17 novembre - "L'avis de mobilisation générale" contre le "racket gouvernemental" et l'appel au "blocage national des routes" rassemble près de 290.000 manifestants sur 2.000 sites (chiffres du ministère de l'Intérieur).

La journée se solde par un mort (une conductrice prise de panique renverse une manifestante en Savoie) et 227 blessés dont sept graves.

"Gilets jaunes, colère noire", "Jupiter, redescends sur terre, c'est la misère": les protestataires écrivent au feutre leur rancœur sur leur chasuble. Près de l’Élysée, des forces de l'ordre dispersent au gaz lacrymogène des hommes en jaune.

Si elle ne paralyse pas la France, cette action inédite, organisée en dehors de tout parti et syndicat, touche tout le territoire.

- "Tenir le cap" -

Dimanche - Moins nombreux que la veille mais toujours là, aux carrefours, sur les autoroutes, aux abords des centres commerciaux, les "gilets jaunes" continuent de filtrer ou bloquer la circulation.

Invité au 20h00 de France 2, le Premier ministre Édouard Philippe reste droit dans ses bottes: "Le cap que nous avons fixé, il est bon et nous allons le tenir".

- "Nous aussi!" -

Lundi - "Nous aussi on tient le cap!": une partie des "gilets jaunes" poursuit le blocage, ciblant autoroutes et dépôts pétroliers. 27.000 manifestants sur 350 sites.

L'inflexibilité du gouvernement est critiquée à gauche comme à droite: la porte-parole des Républicains Laurence Sailliet critique la "totale déconnexion" d'Édouard Philippe.

- "Dérive totale" -

Mardi - Les "gilets jaunes" continuent de bloquer autoroutes et dépôts pétroliers que les forces de l'ordre s'emploient à dégager.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner dénonce la "dérive totale" du mouvement, sa "radicalisation" et le "très très grand nombre de blessés". En quatre jours, l'agitation jaune a fait 530 blessés, dont 17 graves, et entraîné une deuxième mort accidentelle.

- Violences à La Réunion -

Mercredi - Blocages et protestations marquent le pas en métropole. La Réunion, en revanche, est secouée par une flambée de violence. En cause, des jeunes casseurs qui opèrent en marge des "gilets jaunes".

"Nous serons intraitables" prévient Emmanuel Macron sur Twitter. Un couvre-feu partiel est instauré sur l'île.

- En attendant samedi -

Jeudi - Le mouvement s'essouffle et espère se relancer samedi avec un appel à envahir les rues de Paris par une "marée jaune".

Le lieu de rassemblement fait polémique entre ministère de l'Intérieur qui propose le Champs-de-Mars et "gilets jaunes" qui veulent la Concorde. Marine Le Pen suggère les Champs-Élysées.

- "Message reçu" -

Jeudi soir/vendredi - Le ministre démissionnaire de la Transition écologique Nicolas Hulot juge que la crise était "évitable" avec un "accompagnement social" pour adoucir la hausse de la taxe carbone.

Le message de la rue est "reçu", assure l’Élysée: Emmanuel Macron fixera mardi le cap en matière de transition écologique et dévoilera des mesures.

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