"Gilets jaunes" : l'exécutif à l'heure des comptes après un week-end calamiteux

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Par AFP - Paris
Publié le 18 mars 2019 - 05:00
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Un "gilet jaune" devant un kiosque à journaux en feu sur les Champs Elysées, à Paris, le 16 mars 2019
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives
Un "gilet jaune" devant un kiosque à journaux en feu sur les Champs Elysées, à Paris, le 16 mars 2019
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Ereinté par l'opposition, l'exécutif promet de nouvelles mesures sécuritaires dès lundi pour pallier les "dysfonctionnements" apparus lors du saccage samedi des Champs-Elysées qui a relancé la crise des "gilets jaunes" dont Emmanuel Macron voulait sortir par le grand débat.

Edouard Philippe sera à l'Elysée dès lundi à 11H30 avec le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nunes, ainsi que la garde des Sceaux Nicole Belloubet. Il fera "ses propositions d'adaptation au président (...) pour renforcer la doctrine d'emploi des forces de l'ordre" et "s'assurer à tout moment de la fermeté de son exécution", a indiqué Matignon.

Car l'heure est aux comptes et Matignon l'avoue: il y a eu des "dysfonctionnements" du dispositif de sécurité face à une flambée de violence qui renvoie à un niveau de tension connu en décembre, avec le saccage de l'Arc de Triomphe, alors que le mouvement des "gilets jaunes", lancé il y a quatre mois, semblait marquer le pas dans la rue.

Christophe Castaner et son homologue pour l'Economie Bruno Le Maire devront aussi s'expliquer mardi devant les commissions des Lois et des Affaires économiques du Sénat sur ces violences et leurs conséquences économiques. M. Le Maire recevra lundi à Bercy des représentants des secteurs d'activités touchés (commerçants, assurances, hôtellerie).

L'indignation est générale après les images de pillages et d'incendie du restaurant Fouquet's, de magasins ou d'une succursale bancaire des Champs-Elysées, vitrine de la France à l'étranger, qui ont tourné en boucle dans les médias. Même si elles tranchaient avec celles des autres défilés globalement très calmes samedi de dizaines de milliers de manifestants "gilets jaunes" ou pour le climat dans la capitale et le reste du pays.

Des violences dévastatrices pour l'image de l'exécutif, d'autant que certains médias les juxtaposaient à celles du chef de l'Etat en week-end de ski à La Mongie et à celles du ministre de l'Intérieur embrassant une jeune femme lors d'une soirée dans une discothèque parisienne la semaine précédente.

Emmanuel Macron a d'ailleurs fini par rentrer samedi soir en promettant des "décisions fortes".

- Laxisme sécuritaire -

L'opposition de droite a dénoncé en boucle le "laxisme sécuritaire" de l'exécutif, selon le mot de François-Xavier Bellamy, qui mène la campagne des Républicains pour les Européennes de mai.

"Pourquoi les forces de l’ordre ne sont pas intervenues, quelles consignes ont été données?", a aussi interrogé Xavier Bertrand (ex-LR).

La droite reproche à M. Macron de s'être privé d'une application rapide de la loi "anticasseurs", votée au Parlement mais qui fait l'objet d'une saisine du Conseil constitutionnel, de la part du président lui-même, pour répondre aux craintes de risque d'atteinte à la liberté de manifester.

"Nous sommes dans une situation d'urgence absolue. Il faut trouver des solutions cette semaine", a tranché dimanche soir sur BFMTV Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains.

La gauche dénonce, elle, une solution uniquement sécuritaire qui ne suffira pas à éteindre la crise.

Pour le numéro un du PS Olivier Faure, le gouvernement est entré "dans une logique sécuritaire" qui lui "permet d'esquiver un autre débat, le débat social".

"Le mal-être profond ne se résoudra ni par la répression, ni par l'interdiction de manifester, ni par un appel au calme, mais par de véritables mesures politiques", a relevé Hayk Shahinyan, président fondateur du Mouvement alternatif citoyen (MAC), résumant le sentiment de nombreux "gilets jaunes".

- "Accélérer la réponse" -

Ces violences, après quatre mois de mobilisation des "gilets jaunes" renvoient aux tensions connues en décembre, alors que le gouvernement espérait sortir de la crise avec le grand débat national pour lequel le président n'a pas hésité à mouiller la chemise, enchaînant les débats-marathons avec des élus et des citoyens.

L'exécutif vante une "réussite" pour le gouvernement, avec plus de 10.300 réunions locales et de 1,4 million de contributions sur le site dédié.

Il s'est donné jusqu'à la mi-avril pour décider ce qu'il compte faire des très nombreuses propositions qui ont émergé. Mais le gouvernement devra "accélérer certainement la réponse", a avancé sur BFMTV Nadia Bellaoui, l'un des cinq garants du grand débat.

Sept Français sur dix pensent que le grand débat ne permettra pas de sortir de la crise que traverse le pays, selon un sondage récent, alors qu'Edouard Philippe lui-même a dit craindre des "déceptions", d'après des propos rapportés.

Des "gilets jaunes" ont déjà annoncé d'autres actions pour les semaines à venir. Selon un sondage Opinionway paru dimanche mais réalisé avant samedi, le mouvement est toujours appuyé par 49% des Français contre 48% qui ne le soutiennent plus.

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