"Gilets jaunes" : le gouvernement précise le "grand débat" et jongle avec le meccano des aides

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Par Jérôme RIVET - Paris (AFP)
Publié le 18 décembre 2018 - 06:02
Mis à jour le 19 décembre 2018 - 00:08
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Le président de la République Emmanuel Macron le 10 décembre 2018 à Paris
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© Yoan VALAT / POOL/AFP
Le président français Emmanuel Macron à Paris, le 17 décembre 2018
© Yoan VALAT / POOL/AFP

Emmanuel Macron et le gouvernement ont tracé mardi les lignes du "grand débat" qui doit fournir une issue politique à la crise des "gilets jaunes", tout en tentant, dans une certaine confusion, de mettre en oeuvre les mesures sociales.

Au cours d'une réunion à l'Elysée, le chef de l'Etat et 12 ministres se sont entendus pour que "la grande concertation nationale" se déroule en deux phases.

"La première, qui a déjà débuté et qui durera jusqu’à la mi-janvier, doit permettre de nourrir la dynamique portée au niveau des maires, qui ont déjà commencé à faire remonter le résultat de leurs échanges avec leurs administrés", a expliqué l'Elysée à l'issue de la réunion.

Débutera alors une seconde phase qui, "pendant deux mois pleins", portera "sur les thématiques annoncées par le Premier ministre, autour de questions précises sur lesquelles les Français seront invités à débattre".

Annoncé par Emmanuel Macron dans son allocution télévisée du 10 décembre, ce "grand débat" doit servir d'exutoire à la colère des manifestants et fournir une issue politique à la crise des "gilets jaunes", la plus grave depuis le début du quinquennat.

Pour tenir la réunion avec ses ministres, le chef de l'Etat avait annulé son déplacement à Biarritz destiné à préparer le G7, ce qui n'a pas découragé 200 "gilets jaunes" de tenter de perturber la réunion de Biarritz. La police les a repoussés à coups de gaz lacrymogènes et balles de défense.

Les modalités du "grand débat" doivent être détaillées jeudi par Chantal Jouanno, la présidente de la Commission du débat public (CNDP), autorité indépendante qui a été chargée de l'organiser. Initialement conviée à la réunion de mardi soir, l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy n'est finalement pas venue.

La CNDP s'inquiète déjà que ce "grand débat" n'apparaisse comme piloté par le gouvernement et se transforme en "meetings politiques" pro-Macron. Elle en a averti Édouard Philippe dans une lettre révélée par franceinfo.

"J'en ai ras-le-bol de cette suspicion généralisée", a répliqué Benjamin Griveaux. Si on voulait cornaquer le débat, le corseter, ça se ferait en préfecture avec le préfet en maître de cérémonie".

Le débat doit aborder quatre thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l'État, et démocratie et citoyenneté, dont l'immigration). Il pourrait aussi porter sur le référendum d'initiative citoyenne (RIC), réclamé par les "gilets jaunes" mais aussi par l'opposition, de la France Insoumise à LR. Édouard Philippe s'est dit ouvert à la discussion.

- Confusion -

Mercredi, le Conseil des ministres devra trancher sur les mesures sociales annoncées par Emmanuel Macron sur le Smic, les heures supplémentaires et la CSG qui n'ont pas convaincu des "gilets jaunes".

Les discussions se sont poursuivies dans une certaine confusion, Matignon annonçant d'abord l'abandon des premières aides annoncées mi-novembre pour accompagner la transition énergétique, puis faisant volte-face en déclarant qu'elle seraient finalement maintenues.

Il s'agit de l'extension du chèque énergie à deux millions de foyers supplémentaires, du relèvement du barème kilométrique et du doublement de la prime à la casse pour les gros rouleurs.

Leur abandon a été dénoncée par des élus de la majorité, dont le député Matthieu Orphelin, pour lequel "renoncer à ces mesures est "une vraie erreur. Et inaudible et incompréhensible dans la situation actuelle".

"On n'allait pas être compris, on a appris de nos erreurs et on a rapidement abandonné cette décision", a résumé un conseiller de Matignon pour justifier ce revirement.

Sur un autre front, les policiers, épuisés par le conflit, ont à leur tour réclamé des primes, le syndicat Alliance appelant à "fermer les commissariats". Pour calmer cette colère, le gouvernement a proposé mardi une prime de 300 euros pour 111.000 fonctionnaires. Coût: 33 millions d'euros.

Le chef de l'État a continué à solliciter le secteur privé pour l'aider à améliorer le pouvoir d'achat, réunissant une vingtaine d'assurances et de mutuelles, après les grandes banques mardi dernier. Il a tapé du poing sur la table en exigeant un gel des tarifs des complémentaires santé ou au moins de limiter les hausses, leur donnant 48 heures pour se décider. Les patrons ont accepté d'au moins ne pas augmenter leurs tarifs 2019 en lien avec le reste à charge zéro, mais sans s'engager sur le reste. Les banques elles, avaient accepté de geler leurs tarifs 2019.

Péripétie dans ces marchandages, le groupe Vinci a renoncé à réclamer aux automobilistes qui ont passé gratuitement les péages bloqués par les "gilets jaunes" le règlement de leurs facture, après des critiques du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Sur le terrain, les forces de l'ordre ont délogé des manifestants des ronds-points dans plusieurs régions.

Une partie d'entre eux reste très décidés, ciblant notamment les péages. Celui de Bandol (Var) a été incendié dans la nuit de lundi à mardi et dix-sept personnes ont été interpellées.

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