"Gilets jaunes" : Philippe défend la ligne "déterminée" mais "raisonnable" de l'exécutif
Édouard Philippe a défendu mercredi la ligne "déterminée" mais "raisonnable" de l'exécutif face au mouvement des "gilets jaunes" qu'il se dit désormais prêt à recevoir, tandis que la pression monte au plan politique, entre appels au moratoire sur les taxes, au referendum et même à la dissolution.
Mardi deux porte-parole - contestés - du mouvement qui réclame plus de pouvoir d'achat et la suppression de la taxe carbone, ont été reçus par le ministre de la Transition écologique, après le discours d'Emmanuel Macron. Mais l'un des deux représentants, pas convaincu par le président comme de nombreux autres "gilets jaunes", a appelé à une nouvelle manifestation samedi à Paris.
La préfecture de police de Paris a reçu deux déclarations de manifestation liées aux "gilets jaunes" pour samedi, l'une à la place de la République et l'autre pour un parcours de Madeleine à République.
Mais face aux nouveaux appels sur les réseaux sociaux à venir manifester sur les Champs-Elysées, les autorités envisagent de fermer complètement le secteur et donc de prendre un arrêté pour interdire toute manifestation sur la célèbre avenue parisienne, a indiqué jeudi une source proche du dossier.
Au plan politique, Edouard Philippe a confirmé sur RMC et BFMTV la hausse de la taxe carbone sur les carburants au 1er janvier, qui doit entraîner une augmentation des taxes de l'ordre de 3 centimes sur l'essence et de 6 centimes sur le gazole.
"Le président l'a dit, on a fixé un cap, et puis on va tenir ce cap", a-t-il affirmé, tout en confirmant le mécanisme esquissé par Emmanuel Macron mardi. En cas de pic du prix du pétrole brut, le gouvernement pourra neutraliser la hausse des taxes survenue au 1er janvier de l'année.
"On verra l'évolution du prix de la matière première, et si elle est tellement élevée, alors on pourra revenir au niveau initial qui prévalait au 1er janvier", a résumé l'ancien maire LR du Havre.
Réponse à la fronde des "gilets jaunes" qui agite la France depuis le 17 novembre, cette inflexion inattendue était la principale mesure annoncée mardi par le président. Avec le lancement d'une grande concertation de trois mois.
Des annonces fraîchement accueillies et jugées "insuffisantes" par quelque 80% des Français, selon trois sondages publiés mercredi. Les mêmes enquêtes ont également enregistré une hausse du soutien de la population au mouvement.
Le président du Sénat Gérard Larcher (Les Républicains) a estimé dans Valeurs Actuelles que l'exécutif n'avait "qu'une seule solution aujourd'hui: accepter le moratoire sur les taxes énergie".
Le patron de LR Laurent Wauquiez a réclamé un référendum au président Macron sur sa politique fiscale en matière d'écologie. A gauche, le leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, "hostile à toute violence", a appelé les "gilets jaunes" à "transformer les barrages en assemblées citoyennes".
De son côté, la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen a jugé qu'une dissolution de l'Assemblée était "la seule solution" pour sortir de l'impasse.
Malgré le climat de tension sociale, l'exécutif se contentera de la hausse légale du Smic, liée à l'inflation, sans "coup de pouce", a annoncé Édouard Philippe.
Architecte désigné de la future grande consultation locale, le Premier ministre souhaite que cette discussion ait lieu "un peu en dessous" du niveau des départements.
- "Ras-le-bol généralisé" -
"Les solutions que je trouve dans mon bureau, même si j'y crois, c'est pas forcément les plus efficaces et tout le monde le sait", a reconnu le chef du gouvernement, qui avait annoncé il y a deux semaines de premières mesures d'accompagnement, notamment sur l'extension du chèque énergie et de la prime à la conversion automobile.
Le Premier ministre "souhaite" que les "gilets jaunes" soient associés à ces débats locaux. Il s'est dit prêt à recevoir "une délégation représentative" à Matignon.
"Dans ce qu'ils formulent, il y a beaucoup de choses très légitimes qui doivent être entendues", a-t-il dit, ouvrant une porte de Matignon jusque-là restée fermée.
Reste à trouver des porte-parole reconnus, Éric Drouet et Priscilla Ludosky reçus mardi étant contestés.
"Personne ne sait par qui ils ont été désignés, où, quand, comment. Ils se sont auto-proclamés représentants", a déploré Yves Garrec, un chauffeur VTC et "gilet jaune" toulousain, interrogé par l'AFP.
A La Réunion, où elle est arrivée mercredi, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a défendu la politique du gouvernement et égrené quelques mesures spécifiques pour l'île, paralysée par le mouvement "gilets jaunes" et des violences urbaines. "Vous avez raison de crier votre colère, je suis là pour l'entendre", a-t-elle dit.
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