La CGT en congrès pour définir une stratégie face à Macron et aux "gilets jaunes"
Prise de court par les "gilets jaunes", ignorée par Emmanuel Macron et tombée de son piédestal au profit de la CFDT, la CGT se retrouve en congrès du 13 au 17 mai, pour réélire Philippe Martinez à sa tête et surtout trouver une stratégie pour "remporter des victoires".
"Les +gilets jaunes+ sont le reflet de tous les déserts syndicaux de la CGT: petites entreprises, moyennes entreprises, les retraités, des précaires, des privés d'emploi et beaucoup de femmes. J'insisterai beaucoup sur cette question lors du congrès", a relevé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, en début de semaine devant l'association des journalistes sociaux (Ajis).
Il doit être réélu lors de ce congrès à Dijon par le millier de militants dépêchés par leurs fédérations et unions départementales respectives.
Le précédent Congrès, en 2016, se déroulait sous des auspices plus favorables pour la CGT, encore premier syndicat français, unie avec FO contre la loi travail, sous un quinquennat plutôt ouvert aux organisations syndicales.
En 2019, la donne a changé: la CGT est désormais deuxième syndicat derrière la CFDT, les divisions syndicales ont repris le dessus, l'entente avec FO a éclaté, la bataille de la loi travail a été perdue, d'autres échecs ont suivi (ordonnances réformant le Code du travail, réformes SNCF ou de la fonction publique) et les relations avec Emmanuel Macron sont glaciales.
"Les meilleurs Congrès sont ceux qui suivent des victoires, comme celui de 2006, après le contrat première embauche. Là, nous sommes dans une perte de confiance dans le syndicalisme, il y a les +gilets jaunes+ avec qui nous avons des rapports ambivalents... Tout ça va faire du remou" à Dijon, résume Denis Gravouil, membre de la direction.
"La vraie question, c'est comment on arrive à trouver les moyens de remporter des victoires et à empêcher le rouleau-compresseur libéral de la politique d'Emmanuel Macron. Ce sera le sujet des débats, mais il n'y aura pas de divergences absolues", pense-t-il.
- "Panier percé" -
Une des questions récurrentes animant la confédération depuis des années, et ce congrès ne fera pas exception: comment attirer des adhérents et surtout les garder (653.000 adhérents en 2017).
"Si on ne fait rien, je suis inquiet pour mon organisation", a prévenu Philippe Martinez, évoquant un phénomène de "panier percé" avec des gens qui adhèrent -- 30.000 à 35.000 par an -- mais qui "ne restent pas".
Autre problème: l'absence de la CGT dans un grand nombre d'entreprises et la réticence de certains militants à intégrer les auto-entrepreneurs ou les travailleurs de plateformes comme Uber. "Dans plus de la moitié des lieux de travail, on ne voit jamais la CGT", regrette Philippe Martinez.
Les antennes CGT sont "souvent loin de nos lieux de travail: les bassins de travail sont en périphérie et les bourses du travail au centre-ville", constate-t-il, regrettant que le syndicalisme en général soit divisé, empêtré dans des débats "idéologiques", "réformistes" d'un côté, "contestataires" de l'autre.
"On ne peut pas dire que +les syndicats sont mortels+ et ne pas arriver à travailler sur ce qui nous rassemble plutôt que sur ce qui nous divise", souligne Philippe Martinez, en référence à des propos de Laurent Berger, son homologue de la CFDT.
Si la grève et la manifestation restent les principaux outils de revendication de la CGT, elle tente de se renouveler, surtout depuis l'avènement des "gilets jaunes", en organisant des journées de mobilisation les samedis ou en tentant d'améliorer sa présence sur les réseaux sociaux.
Des militants radicaux réclament une CGT "révolutionnaire". Ayant proposé un document d'orientation alternatif à celui de la confédération, ils organisent une conférence de presse à Dijon lundi, premier jour du Congrès.
"Nous sommes déçus de l'écho rencontré par ce document", reconnaît Romain Altmann (Info'Com-CGT). Une trentaine de syndicats ont signé le texte, dit-il, sur plus de 36.000 syndicats et sections syndicales.
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