La haine anti-LGBT, plus virulente en Outre-mer que dans l'Hexagone, selon un rapport

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Par Cécile AZZARO - Paris (AFP)
Publié le 19 juin 2018 - 17:03
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La haine anti LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) est "plus virulente" en Outre-Mer que dans l'Hexagone
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© GREGOR FISCHER / DPA/AFP/Archives
La haine anti LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) est "plus virulente" en Outre-Mer que dans l'Hexagone
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Un jeune homosexuel torturé en Guadeloupe, un autre jeune rejeté par sa famille à Mayotte, une femme licenciée pour avoir été vue embrassant sa compagne à La Réunion: dans les Outre-mer, la haine anti LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) est "plus virulente" que dans l'Hexagone.

Un rapport des députés Laurence Vanceneubrock-Mialon (Allier), Raphaël Gérard (Charente-maritime) et Gabriel Serville (Guyane), fait le constat dans les Outre-mer "d'une haine anti-LGBT plus marquée" et "d'un rejet latent", renforcés par "le poids de la famille, de la religion, des préjugées sexistes et de l'insularité", dans des territoires où "l'anonymat n'existe pas" et où "la loi du silence domine".

Un "constat cruel", sur un sujet qui manque de données, que ce soit en matière de plaintes, d'agressions recensées, de témoignages de discriminations ou de chiffres sur les unions de même sexe, a expliqué Raphaël Gérard.

Il fait état de "multiples actes de violence en direction des personnes homosexuelles", comme l'agression d’un jeune Guadeloupéen séquestré puis torturé pendant plusieurs jours en janvier 2016 par un groupe de jeunes à l’aide d’un fer à repasser.

Une violence aussi verbale et psychologique: le rapport raconte les insultes et humiliations vécues par les personnes qui affichent leur homosexualité, comme Julia, Réunionnaise licenciée pour avoir embrassé sa compagne sur le parking de son entreprise, ou ces hommes insultés sur internet en Guyane après que leur homosexualité a été révélée.

Les rapporteurs notent aussi "des violences intrafamiliales répandues" (rupture des liens de filiation, interdits d'exprimer son homosexualité, menaces de mort), avec une violence homophobe "culturellement admise" liée au poids de l'honneur, et "de fréquentes expulsions du domicile familial", comme pour ce jeune Antillais, "expulsé par son père sous la menace d'un coutelas", ou ce Mahorais rejeté par les siens pour avoir embrassé son petit ami.

- Exode vers l'Hexagone -

La tolérance vis-à-vis de l’homosexualité est toujours conditionnée à son "invisibilité au sein des sociétés ultramarines", constate le rapport, ce qui pousse les personnes LGBT à la clandestinité, et à un "exode vers l’Hexagone pour pouvoir vivre librement leur identité sexuelle ou de genre".

Pour Laurence Vanceneubrock-Mialon, "le poids de la colonisation" peut expliquer cette haine. "Les sociétés pré-coloniales était plus ouvertes", mais la colonisation et l'évangélisation ont "systématisé l'homophobie dans les sociétés ultramarines".

Paradoxalement, dans ces territoires, l’homosexualité est aujourd'hui souvent "perçue comme une donnée culturelle exogène", les populations caribéennes ou afro-descendantes l’imputant à "quelque chose qui appartiendrait à la +civilisation blanche+", notent les auteurs.

Ils mettent aussi en avant le poids de "l’insularité, de l'interconnaissance et de la rumeur", et "la honte du regard des autres". "Quand ils ont appris que j'étais homosexuel, j'étais quelqu'un de rejeté (...)", témoigne dans le rapport Julien, 42 ans. Ses parents ont aussi souffert: "ils ont eu beaucoup de :+ton enfant n'est pas normal (...), tu n'es pas capable d'élever tes enfants+".

Les auteurs évoquent "de graves atteintes aux droits", notamment sur le plan de la justice - difficulté à porter plainte-, de la santé ou du droit d’asile-, et des "formes insidieuses de discriminations" (harcèlement à l'école, marginalisation, etc.).

Ils constatent également "la faiblesse des associations", souvent peu visibles voire inexistantes, et un "manque de soutien des élus et des collectivités locales". "La teneur des discours de certains élus ou personnalités publiques en Outre-mer participe parfois à la légitimation de violences homophobes", notent-ils.

En début de séance, le président de la délégation Olivier Serva, député LREM de Guadeloupe, qui lors de la campagne des législatives de 2012 avait eu des propos homophobes, a réitéré ses excuses, disant regretter "le mal que ses propos ont pu causer".

Le rapport préconise notamment de "mieux documenter les LGBT phobies en Outre-mer", "renforcer la prévention en milieu scolaire", renforcer le tissu associatif local, sensibiliser le grand public et libérer la parole, via par exemple des lignes d'écoute locales.

"Mais le chemin qui reste à faire est difficile tant les préjugés sont prégnants", a reconnu Gabriel Serville.

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