La nouvelle doctrine du maintien de l'ordre à l'épreuve du 1er Mai

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Par Camille BOUISSOU et Katell PRIGENT - Paris (AFP)
Publié le 29 avril 2019 - 11:35
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Des équipes d'intervention de la police à moto, à Paris, le 20 avril 2019
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives
Des équipes d'intervention de la police à moto, à Paris, le 20 avril 2019
© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives

La doctrine du maintien de l'ordre instaurée depuis cinq semaines pour muscler la réponse face aux casseurs va être mise à l’épreuve lors du défilé du 1er Mai à Paris, que "gilets jaunes" et "black blocs" veulent transformer en "capitale de l'émeute".

Zone d'interdiction de manifester, contrôles préventifs, unités anti-casseurs plus réactives, commandement unique, utilisation de drônes: depuis l'arrivée du nouveau préfet de police Didier Lallement, les manifestations parisiennes de "gilets jaunes" sont encadrées par un maintien de l'ordre se voulant plus efficace.

Le changement de doctrine est intervenu après plusieurs épisodes spectaculaires de violences, dégradations et pillages lors des manifestations.

Samedi a été marqué par une mobilisation en berne, avec 23.600 manifestants en France dont 2.600 à Paris dans une ambiance calme. Il y a eu une "baisse d’intérêt pour l'acte 24 au profit du 1er Mai", selon une source policière.

La journée de mercredi, qualifiée sur les réseaux sociaux de "journée de l'apocalypse", sera le "véritable test", selon une autre source policière.

Un "test" aussi pour les militants radicaux des "black blocs", qui depuis des années évoluent et s'adaptent aux différentes doctrines policières. Ou aux nouveaux outils utilisés par les forces de l'ordre, comme les drones, qui risquent de faciliter la reconnaissance faciale.

Lors de l'acte 24, les forces de l'ordre ont notamment eu un recours massif à des équipages policiers à moto, sous les huées de certains manifestants.

"Le seul but de la moto est de pouvoir propulser des forces de l'ordre plus vite", explique une source policière. "Jusqu'ici ça fonctionne, les gilets jaunes courent en nous voyant, mais il faudra voir face à un black bloc constitué", s'inquiète une autre source policière.

"Nous avons clairement annoncé que la doctrine serait durcie. Dès que des black blocs se constituent, dès le début, nous intervenons", a rappelé la semaine dernière le secrétaire d'Etat Laurent Nuñez.

Lors de l'acte 23 à Paris, 227 personnes ont ainsi été interpellées. L'acte 24 a donné lieu à 19 interpellations.

- Ultras jaunes et noirs -

Le défilé du 1er Mai 2018 avait vu environ 14.500 personnes, selon les autorités, manifester dans Paris. Au milieu, 1.200 "black blocs", selon la police.

La manifestation avait été marquée par les images de dégradations, d'un Mc Donald's en feu face à la gare d'Austerlitz et de manifestants bloqués sur le pont du même nom.

Pour l'édition 2019, le parcours évitera de franchir la Seine.

Mais le trajet, de la gare Montparnasse à la place d'Italie, frôle au moins deux symboles macronistes: la Rotonde, restaurant où le candidat d'En Marche avait célébré sa qualification au second tour de l'élection présidentielle. Et la place de la Contrescarpe, où son ex-conseiller Alexandre Benalla avait brutalement interpellé un couple le 1e Mai 2018.

Et comme lors de tous les actes de "gilets jaunes", des manifestations sauvages ne sont pas à exclure, "black blocs" ou "ultra gilets jaunes" pouvant quitter le cortège.

Le 1er Mai, "on sait bien que les ultras violents, ultra gauche mais aussi des +ultras jaunes+ viendront pour casser sur Paris et pas seulement sur Paris", a déclaré vendredi Christophe Castaner sur France Info. Des appels régionaux à un 1er Mai "noir et jaune" ont d'ailleurs été lancés.

Du côté syndical, on se prépare aussi. "On va faire en sorte que nos militants, nos adhérents, ceux qui vont venir manifester avec nous, puissent venir manifester en toute sécurité", indiquait jeudi sur Europe 1 le secrétaire général de Force Ouvrière, Yves Veyrier.

Et au sein des services d'ordre, on reconnaît que la présence de "black blocs" peut engendrer des difficultés.

"Quand les flics commencent à lancer des lacrymos, (les "black blocs") veulent rentrer dans le cortège. Mais certains sont repérés et les CRS viennent les chercher. Sans faire dans la demi-mesure", dit un syndicaliste sous couvert de l'anonymat.

"On essaie de protéger les gens qui manifestent et en même temps on ne va pas les donner (les black blocs) aux flics...", ajoute-t-il.

Une équation difficile pour les syndicats, qui espèrent le plus de monde possible dans la rue. Tout en reconnaissant que, pour les ultras, "c'est d'autant plus facile s'il y a du monde".

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