Lagardère lance la vente de Elle à un groupe tchèque
Le groupe Lagardère a engagé la vente de ses magazines en France, en particulier l'emblématique magazine féminin Elle, au groupe tchèque du milliardaire Daniel Kretinsky, poursuivant son retrait d'un secteur difficile à rentabiliser.
Les titres concernés sont "Elle et ses déclinaisons, y compris les sites Internet de Elle en France, Version Femina, Art & Décoration, Télé 7 Jours et ses déclinaisons, France Dimanche, Ici Paris et Public", détaille le groupe diversifié dirigé par Arnaud Lagardère dans un communiqué.
Si l'affaire est menée à bien, Lagardère aura soldé ses derniers titres de presse, à l'exception de Paris Match et du Journal du Dimanche qu'il souhaite conserver, avec la radio Europe 1.
Lagardère garde cependant la propriété de la marque "Elle" pour la presse, le numérique, et les produits dérivés (vêtements, cafés...) en France comme à l'international. Et "donne une licence pour l'exploitation des magazines", moyennant une redevance, selon une source proche du dossier. Ce mécanisme avait déjà été utilisé lors de la cession en 2011 au groupe américain Hearst des principales éditions internationales de l'hebdomadaire féminin.
La filiale médias Lagardère Active n'a pas souhaité commenter.
Il s'agit de la deuxième cession en deux jours annoncée par Lagardère dans les médias après la vente à ce même groupe tchèque mardi de ses radios en République tchèque, Pologne, Slovaquie et Roumanie pour 73 millions d'euros.
Czech Media Invest, premier groupe médias en République tchèque, avec quatre quotidiens, de nombreux magazines et sites internet, enclenche ainsi une expansion européenne et veut faire de la France un "pilier de sa stratégie", selon Lagardère.
Le groupe du milliardaire Daniel Kretinsky, qui a fait fortune dans l'énergie, possède également deux imprimeries et est un leader national de l'édition de livres et de la distribution de presse.
Il est également copropriétaire du club de football Sparta Prague et "a été cité, selon la presse, dans l'enquête dite des Panama Papers pour la possession d'une société basée dans les îles Vierges britanniques", souligne un communiqué de l'intersyndicale du groupe.
Lagardère veut désormais se renforcer sur ses pôles édition (Lagardère Publishing), commerce dans les lieux de transports (Lagardère Travel Retail) et dans la production de contenus, des activités à la marge plus élevée que les médias.
Le patron du groupe Arnaud Lagardère a déjà réduit ces dernières années sa présence dans la presse en vendant une douzaine de magazines déficitaires (Pariscope au format papier, Be, Auto Moto, Psychologies Magazine, Première).
- Pôle médias restructuré -
Le groupe avait lancé, début 2016, un plan d'économies de 50 millions d'euros avec 224 départs volontaires, qui s'ajoutait à trois ans de restructurations.
Mais malgré un rebond l'an dernier, la diffusion des magazines est en baisse structurelle, ainsi que leurs revenus publicitaires, face à la concurrence des contenus en ligne.
Le magazine Elle a ainsi vu ses ventes baisser de 10% en France depuis 2013 à 329.932 exemplaires en moyenne par semaine en 2017.
La transaction avec Czech Media Invest, dont le montant n'a pas été dévoilé, pourrait être signée dans les prochaines semaines. Elle reste notamment soumise à la consultation des instances représentatives du personnel.
"Nous ne rentrerons pas dans une négociation de dupes sans garanties. Nous avons dénoncé la vente par appartements qui avait commencé en 2015. Aujourd'hui, c'est à la destruction du groupe de presse à laquelle nous assistons", a dénoncé l'intersyndicale à l'issue d'une assemblée générale.
Mi-mars les salariés avaient voté une motion de défiance "à l'unanimité" contre les directions de Lagardère Active et de Lagardère.
Le titre du groupe a perdu 1,54% à 23,04 euros dans un marché en hausse de 0,50% à la clôture,les analystes s'interrogeant sur le montant de l'opération.
Selon une note du courtier Gilbert Dupont "l'ensemble des actifs cédés devrait représenter une enveloppe globale autour de 100 millions d'euros".
La prochaine étape pour le groupe pourrait être la cession de chaînes de télévision, dont Gulli, selon plusieurs médias.
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