LBD : des ophtalmologues réclament un moratoire sur son utilisation

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Par AFP - Paris
Publié le 10 mars 2019 - 13:57
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Un policier pointe un lanceur de balles de défense (LBD) vers des manifestants lors d'un défilé de "gilets jaunes" à Paris, le 9 février 2019
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP/Archives
Plusieurs ophtalmologues réclament à Emmanuel Macron un "moratoire" sur l'utilisation du lanceur de balles de défense (LBD).
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Plusieurs ophtalmologues réclament à Emmanuel Macron un "moratoire" sur l'utilisation du lanceur de balles de défense (LBD), et s'inquiètent d'une "+épidémie+ de blessures oculaires gravissimes" lors du mouvement des "gilets jaunes", dans un courrier publié par le Journal du dimanche.

"Une telle +épidémie+ de blessures oculaires gravissimes ne s'est jamais rencontrée", s'alarment les 35 ophtalmologues signataires, parmi lesquels des hospitaliers de renom.

Ces professionnels de santé demandent "instamment un moratoire dans l'utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l'ordre".

"Notre devoir de médecin est d'alerter", a expliqué à l'AFP Bahram Bodaghi, ophtalmologiste à la Pitié-Salpétrière. "Il n'y a aucune coloration politique, c'est une démarche très humaniste".

"Les blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l'inexpérience", estiment les signataires dans leur tribune, publiée car leur lettre est restée sans réponse.

Ils ont mis en place une cellule de veille sur les blessures provoquées par les LBD, qui a recensé une vingtaine de personnes ayant perdu un œil, en lien avec la Société française d'ophtalmologie. Celle-ci avait déjà alerté en février la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

"Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l'imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entrainer un grand nombre de mutilations", poursuivent les ophtalmologues.

Plus de 13.000 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) ont été enregistrés depuis le début du mouvement des "gilets jaunes" en novembre, et 83 enquêtes concernant des tirs de cette arme controversée sont en cours, avait détaillé jeudi le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez.

Malgré les blessures et les polémiques, Beauvau défend constamment l'usage de cette arme dite "intermédiaire" dans les opérations de maintien de l'ordre. En cas de retrait, les forces de l'ordre n'auraient plus que le corps à corps ou leur arme de service pour gérer une situation qui dégénère, argue le ministère.

Fin février, le Conseil de l'Europe avait appelé la France à "suspendre l'usage du LBD dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre" afin de "mieux respecter les droits de l'homme". Le Défenseur des droits réclame lui l'interdiction de cette arme dans l'arsenal du maintien de l'ordre depuis début 2018.

Une pétition contre l'usage de cette arme a également été lancée en janvier par un neurochirurgien de Besançon et totalisait dimanche presque 170.000 signatures. Samedi, pour l'acte 17 des "gilets jaunes", le maire sans étiquette de Phalsbourg (Moselle) a pris un arrêté "symbolique" pour interdire l'usage du LBD sur sa commune.

Depuis le début du mouvement, 2.200 manifestants ont été diversement blessés, et près de 1.500 côté forces de l'ordre, selon l'Intérieur.

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