Le métro du Grand Paris fait son trou à travers la banlieue

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Par Jean LIOU - Bagneux (AFP)
Publié le 07 mars 2019 - 08:00
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Le site du construction du terminus de la ligne 4 du Grand Paris Express, le 20 mars 2018 à Bagneux, au sud de Paris
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Le site du construction du terminus de la ligne 4 du Grand Paris Express, le 20 mars 2018 à Bagneux, au sud de Paris
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives

Le trou du prolongement de la ligne 4 était à peine rebouché qu'un nouveau chantier est venu éventrer ce quartier excentré de Bagneux (Hauts-de-Seine): en 2025, le métro du Grand Paris en fera un carrefour majeur de la banlieue parisienne.

"Ici, il y avait un immeuble de quinze étages!", raconte le chef de projet, Jack Royer. A la place, entre une église cernée par les palissades et un rond-point des Martyrs de Châteaubriant qui n'a plus de rond-point que le panneau, on trouve des baraques du chantier. Des ouvriers s'affairent au milieu de ce qui devait être une avenue, juste au pied des tours d'habitation.

Et juste à côté, la moitié d'un jardin public a été sacrifié pour lancer un tunnelier.

La Société du Grand Paris (SGP) s'apprête maintenant à creuser la station de la ligne 15, où il faudra descendre 33 mètres, l'équivalent de dix étages, pour accéder aux quais. A deux pas, la RATP achève les travaux du prolongement de la ligne 4, qui aura ici son terminus sud "Bagneux Lucie-Aubrac" en 2021.

Les 22.000 habitants du secteur auront donc subi près de dix ans de travaux avant de bénéficier d'une station de correspondance de ce fameux métro du Grand Paris, un projet dont ils entendent parler depuis déjà longtemps. Et le paysage urbain devrait bien changer, avec un écoquartier alliant logements, commerces et services dans des immeubles très arborés.

Le chantier est moins spectaculaire à la station suivante, Arcueil-Cachan, dans le Val-de-Marne. On a tout de même dû déménager le marché et démolir un hôtel pour faire de la place, après avoir percé un pont sous les voies du RER B. Ici, la ligne 15 passera à 25 mètres sous terre.

Quant à la station de Villejuif-Institut Gustave-Roussy conçue par l'architecte Dominique Perrault, elle va être aménagée dans un immense cylindre profond de 53 mètres, où se croiseront les lignes 14 (à -37 mètres) et 15 (à -49 mètres).

Promis à l'origine pour 2020, les 33 premiers kilomètres de la ligne 15 --on parle aussi de "15-Sud"--, en rocade au sud de Paris, sont maintenant annoncés pour la mi-2025.

- 17 ans à La Défense -

Dernier avatar en date, une mauvaise surprise car un parking qu'il fallait démolir à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) était contre toute attente solidaire d'un talus du RER A. Six mois de retard!

Pas étonnant que les riverains s'impatientent...

La construction de tels ouvrage "n'est pas une science totalement exacte", explique Bernard Cathelain, l'un des trois membres du directoire de la SGP.

Il faut en effet jongler entre ce genre d'imprévus, la nature du sous-sol et l'organisation des travaux, sans compter les risques de défaillance des entrepreneurs, note-t-il.

Si la ligne 15 ne sera donc pas au rendez-vous des jeux Olympiques de 2024 --pour lesquels elle ne sera de toute façon pas très utile--, quelques tronçons stratégiques du métro du Grand Paris devraient être prêts, selon lui: la ligne 14 prolongée de l'aéroport d'Orly à Saint-Denis Pleyel (Seine-Saint-Denis), l'amorce de la ligne 16 jusqu'au Bourget RER et peut-être celle de la ligne 17 jusqu'à l'aéroport du Bourget où sera installé le centre de presse.

Au-delà de ces tronçons déjà en travaux, la Société du Grand Paris s'est lancée dans une course contre la montre pour achever comme prévu les 200 kilomètres du nouveau métro d'ici à 2030 tout en compressant les coûts.

Il va d'ailleurs falloir faire des choix, et vite. "Avec les méthodes traditionnelles qu'on connaît, il faudrait 200 mois pour construire la gare de La Défense telle qu'elle est prévue" sous le centre commercial des Quatre Temps, note ainsi Bernard Cathelain. Dix-sept ans!

"Ca peut conduire à déplacer la gare", dit-il diplomatiquement, alors que les élus locaux s'inquiètent déjà de la perspective de nouveaux retards.

"Je souhaite que le calendrier soit tenu", estime la ministre des Transports Elisabeth Borne, rappelant que le calendrier avait déjà été "détendu" en février 2018 pour être "plus réaliste".

"Je connais suffisamment les sous-sols de la région parisienne pour admettre qu'il peut y avoir des aléas, mais ça me paraît un peu tôt pour qu'on dise qu'il y a des aléas qu'on n'a pas pris en compte l'an dernier", soupire-t-elle.

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