Le prélèvement à la source entre en vigueur pour 25 millions de salariés
Après les retraités, les chômeurs et les travailleurs indépendants, la réforme du prélèvement à la source va franchir dans les prochains jours une nouvelle étape, avec l'envoi des premiers bulletins de paye amputés du montant de l'impôt sur le revenu.
"Les premiers bulletins de salaire prélevés du montant de l'impôt commencent à arriver", a annoncé vendredi sur Twitter la Direction générale des finances publiques (DGFIP), qui rappelle que la France compte 25 millions de salariés, secteurs public et privé confondus.
Parmi ces salariés, 11 millions ne sont pas imposables et ne verront pas de changement par rapport au salaire qui leur était jusqu'à présent versé. Restent donc 14 millions de Français, qui vont donc être confrontés pour la première fois à la retenue à la source.
"C'est une étape très importante" mais "il n'y a aucune raison qu'elle ne se passe pas aussi bien que les étapes précédentes", a assuré le directeur général des finances publics Bruno Parent lors d'une intervention sur Facebook.
D'après Bercy, 10% des salariés en France reçoivent leur salaire le 25 de chaque mois. Les autres le reçoivent de façon échelonnée dans les jours qui suivent, une grande majorité étant payée en toute fin de mois.
- Heure de vérité -
Le versement des salaires a souvent été présenté comme l'heure de vérité pour la réforme du prélèvement à la source, qui a fait craindre des bugs et des erreurs chez les contribuables mais aussi chez les entreprises, désormais chargées de collecter l'impôt.
L'administration fiscale s'est toutefois efforcée ces derniers jours de dédramatiser cette étape, assurant que 30 millions d'opérations liées à l'impôt à la source avaient été d'ores et déjà réalisées, sans accroc particulier.
Début janvier, l'impôt sur le revenu a ainsi été prélevé pour la première fois sur les pensions de retraites, les allocations chômage, et pour les salariés des entreprises pratiquant le décalage de paie (salaire de décembre versé en janvier).
Le 15 janvier, ce sont les acomptes d'impôts dus par les commerçants, les artisans et les professions libérales qui ont été perçus. Dans le même temps, l'administration fiscale a versé des acomptes sur les crédits d'impôts à quelques 8,8 millions de Français.
"Nous n'avons pas connu de problème" au cours de ces opérations, a assuré le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, qui avait défendu contre vents et marées la réforme lorsqu'Emmanuel Macron avait émis durant l'automne des doutes sur sa faisabilité.
- "Accumulation de petits problèmes" -
Signe que la réforme suscite néanmoins des inquiétudes: les opérations réalisées ces trois dernières semaines ont donné lieu à de multiples sollicitations, avec un grand nombre d'appels sur la ligne téléphonique dédiée à la réforme (0 809 401 401).
Cette affluence a obligé l'administration fiscale à déployer des renforts, avec 200 puis 500 agents supplémentaires dans les 14 "centres de contact" mis en place par le gouvernement pour répondre aux appels des contribuables.
Au guichet, les sollicitations sont en revanche restées plus limitées, malgré une pointe de fréquentation début janvier. Selon Bercy, un million d'usagers ont ainsi été reçus depuis le 2 janvier, contre 5,4 millions lors de la dernière campagne déclaration de revenus (avril/mai).
Les syndicats, qui disent s'attendre à un regain de sollicitations avec l'arrivée des bulletins de paye, mettent cependant en garde le gouvernement, assurant que la réussite de la réforme ne pourra pas être évaluée avant plusieurs semaines.
"Dire que tout va bien" est "prématuré", a prévenu Alexandre Derigny, secrétaire général adjoint de la CGT Finances publiques. "Ce qui risque de gripper la machine, ce n'est pas tant un gros bug que l'accumulation des petits problèmes", a-t-il expliqué.
La CGT, qui dénonce depuis début janvier une "surcharge de travail" notamment dans les centres d'appels, a déposé avec deux autres syndicats (Force ouvrière et Solidaires finances publiques) un préavis de grève du 28 janvier au 15 février.
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