Le recyclage des petits déchets, gros enjeu pour les centres de tri
Dans l'énorme tas de détritus déchargé toute la journée à Romainville au nord-est de Paris se cachent plastiques, aluminium et autres déchets valorisables, mais le tri de ces morceaux parfois minuscules s'avère complexe et coûteux.
Dans ce centre de tri de Seine-Saint-Denis, l'un des six exploités en Ile-de-France par le Syctom, l'agence régionale des déchets ménagers, le tri des petites pièces intervient dès le début de la chaîne.
Les déchets issus de la collecte sélective des "poubelles jaunes" sont répartis en permanence par des pelleteuses avant d'être dirigés sur un convoyeur. C'est le début d'une longue suite de tapis roulants, permettant progressivement de séparer les déchets, selon leur taille et leur nature.
En début de chaîne, les petits morceaux de moins de 6,5 cm prennent un chemin spécifique. Le reste passe dans un trommel, un tamis cylindrique tournant qui sépare les déchets de moins de 9 cm, de plus de 35 cm, et ceux entre ces deux tailles.
"On est en train de moderniser l'ensemble de nos installations et on est en mesure d'aller chercher les petits matériaux", en particulier les pièces métalliques pour lesquelles il existe des possibilités de recyclage, explique Aymeric Dulong, ingénieur à la direction du Recyclage du Syctom et responsable des opérations au centre de Romainville.
- Quantités encore modestes -
Fruit d'investissements massifs pour améliorer le traitement des déchets ménagers, presque tous les matériaux ont désormais une filière de recyclage dédiée. Mais les toutes petites pièces métalliques ou plastiques doivent aussi y trouver leur place.
L'objectif premier est de collecter les éléments métalliques non ferreux, essentiellement de l'aluminium, comme des plaquettes de médicaments. Les quantités restent assez modestes comparées à la masse de déchets traités dans un centre de tri.
Pour l'aluminium par exemple, c'est "à peu près 5 tonnes par mois à Romainville, qui trie 55.000 tonnes de collecte sélective par an", évalue M. Dulong. Soit 0,1% des déchets triés.
S'agissant de l'acier, certains centres de tri permettent d'obtenir un flux "de bonne qualité", assez pur, qui peut partir en recyclage. Si ce n'est pas le cas, il part en incinération.
C'est aussi ce qui se passe pour les petites pièces de plastique, ou en papier, qui font partie du "refus" ((déchets non valorisés).
"C'est faible comme pourcentage en comparaison de ce qui rentre, ça doit représenter peut-être 5% des plastiques", indique M. Dulong.
- cibler les plus gros volumes -
La récupération des petites pièces plastiques "n'est pas l'aspect le plus facile du métier", constate Antoine Robichon, directeur stratégie et innovation de Citeo, l'organisme de collecte des emballages ménagers.
"Toute la stratégie de la filière française mise en place les 25 dernières années, c'était d'aller cibler les plus gros volumes", explique-t-il.
S'agissant des plastiques, "une bonne moitié était des bouteilles et flacons assez faciles à capter", rappelle-t-il. "C'est ce qui a été fait" et ensuite "tout le travail depuis 5 à 10 ans, c'est de s'attaquer au reste du gisement de plastiques".
Mais la possibilité de réduire la quantité de refus et de capter davantage de petits éléments, notamment les plastiques, se heurte à une question de coût.
En théorie, "tous ces refus, on pourrait les +surtrier+ derrière", mais "économiquement, ça ne tient pas forcément la route", juge M. Robichon. "L'éco-conception va essayer de simplifier ça. Aujourd'hui, c'est peut-être le défi quand on parle de 100% recyclable", ajoute-t-il.
"En termes d'éco-conception, il faut toujours essayer de supprimer les petites unités" et s'agissant des petits éléments détachables, "voir s'il n'y a pas de solution pour faire en sorte qu'ils restent attachés au corps principal de l'emballage", explique Valentin Fournel, directeur de l'éco-conception chez Citeo, en prenant l'exemple des bouchons solidaires des bouteilles.
Mais "il faut surtout éviter l'écueil de se dire: je vais faire un emballage plus grand pour qu'il soit bien capté", prévient-il.
En sortie du cycle de tri, le centre de Romainville produit 17 flux différents comprenant différentes qualités de cartons et de papiers, plusieurs sortes de plastiques (polyéthylène, polypropylène, polystyrène), des métaux (aluminium, acier) et ce qui est refusé (matériels électriques et électroniques, verre, déchets dangereux).
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