"Gilets jaunes" : mobilisation en repli, avant un mois crucial pour le mouvement

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Par Fabrice RANDOUX - Paris (AFP)
Publié le 02 mars 2019 - 14:29
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Manifestation des gilets jaunes sur les Champs-Elysées à Paris, le 2 mars 2019
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© Eric FEFERBERG / AFP
Manifestation des "gilets jaunes" sur les Champs-Elysées à Paris, le 2 mars 2019
© Eric FEFERBERG / AFP

Les "gilets jaunes" ont défilé samedi en rangs clairsemés pour leur acte 16, émaillé de quelques heurts en régions, en espérant une mobilisation massive en mars pour marquer la fin du débat national qu'ils contestent et les quatre mois de leur mouvement social.

Au total, le ministère de l'Intérieur a comptabilisé 39.300 manifestants en France, dont 4.000 à Paris, en repli par rapport à la semaine dernière où 46.600 personnes avaient été recensées, dont 5.800 dans la capitale. Ces chiffres officiels sont régulièrement contestés par les "gilets jaunes".

A Paris, le cortège parti de l'Arc de Triomphe et auquel participaient les figures Éric Drouet et Maxime Nicolle, était pour la première fois encadré par des "gilets jaunes" faisant la sécurité à moto. S'il s'est déroulé sans incident, un homme a été blessé au visage en marge du cortège, "probablement" par un tir de LBD selon des sources concordantes, et une enquête judiciaire confiée à "la police des polices" a été ouverte.

Le lanceur de balle de défense est l'objet de vives controverses en France pour le nombre de blessés graves qu'elle a provoqués depuis le début du mouvement social le 17 novembre.

A Nantes (au moins 1.800 manifestants), Toulouse (quelques milliers) et Bordeaux (4.000 manifestants), les défilés ont été émaillés de heurts avec les forces de l'ordre qui ont interpellé une quinzaine de personnes dans chacune de ces villes. Dans la capitale, les autorités ont procédé à 33 interpellations.

A Bordeaux, le député de La France Insoumise Loïc Prud'homme a accusé la police de l'avoir matraqué alors qu'il quittait la manifestation, tandis que pour le préfet de Gironde, les forces de l'ordre ont "correctement fait leur travail".

Ces heurts et le nombre d'interpellations sont néanmoins sans commune mesure avec ceux que la France a connus dans les premiers actes de cette fronde populaire inédite.

Ils étaient plus de 2.000 à Lyon; entre 1.000 et 2.000 à Lille. Plusieurs centaines ont été recensés à Marseille, un millier à Montpellier.

"On est moins nombreux que d'habitude mais on est là quand même et c'est l'essentiel, on ne lâchera pas parce que la situation ne va pas s'améliorer on en est sûr", résumait Murielle, retraitée de Seine-et-Marne.

De nombreux manifestants interrogés par l'AFP ont dit placer leurs espoirs dans la mobilisation du 16 mars, présentée par les figures historiques du mouvement comme une journée clé. Partie d'un ras-le-bol contre la hausse des taxes et pour davantage de pouvoir d'achat, le mouvement s'est étendu à des revendications hétéroclites.

- "De l'enfumage" -

"16 mars, l'Aquitaine envahit Paris, ultimatum saison 2", proclamait ainsi une grande banderole accrochée sur un échafaudage à Bordeaux, où certains "gilets jaunes" ont brièvement envahi la gare.

Cette date coïncide avec la fin du grand débat national lancé le 15 janvier par Emmanuel Macron, qui avait estimé vendredi que le mouvement n'était "plus compréhensible par bon nombre de citoyens". Elle marque aussi les quatre mois de la fronde.

La consultation nationale sans précédent de deux mois, pour tenter de répondre à la colère en recueillant les doléances des Français, a suscité 10.000 réunions en France et plus d'un million de contributions sur internet: une masse énorme de données qu'il faudra analyser avant que l'exécutif ne prenne ses décisions.

"Leur grand débat, c'est de l'enfumage pour fadas", estime Marco, 27 ans, manifestant à Alès (Gard) où des heurts ont éclaté à la fin de la manifestation. Entre 600 et 1.500 personnes y ont battu le pavé derrière de grandes banderoles proclamant "Demain nous appartient", "Bloquons l'économie. Marre de survivre, on veut vivre" ou encore "Justice sociale".

L'un des participants à Toulouse, Olivier Barba, s'est dit déterminé à "maintenir la pression jusqu'à la fin du grand débat (...) pour que le gouvernement nous fasse le moins de mal possible".

"Le mouvement ne s'arrêtera pas tant que le gouvernement ne cèdera pas. Ils ne nous laissent pas le choix, ils ne nous écoutent pas", affirme quant à elle Karine, assistante maternelle dans la banlieue bordelaise.

L'une des images de la journée restera celle de "gilets jaunes" à Colmar qui ont enfilé une veste fluo géante sur la réplique de la statue de la Liberté.

Un "gilet jaune" a par ailleurs porté plainte à Paris pour "entrave à la liberté de manifester" et "privation de liberté illégale" après avoir été placé en garde à vue avant la manifestation du 26 janvier.

Et une information judiciaire a été ouverte à Marseille après la mort à l'hôpital en décembre 2018 d'une octogénaire, touchée la veille chez elle par un tir de grenade lacrymogène en marge de manifestations.

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