Timide mobilisation des "gilets jaunes" pour leur "acte VII"

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Par Claire DOYEN avec les bureaux de l'AFP en région - Paris (AFP)
Publié le 29 décembre 2018 - 05:00
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Un "gilet jaune" sur les Champs-Elysées, le 22 décembre 2018
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© Zakaria ABDELKAFI / AFP
Pour leur "acte VII" plus d'un mois et demi après le début du mouvement, les "gilets jaunes" peinent à mobiliser samedi entre deux fêtes de fin d'année mais promettent de nouvelles actions en janvier.
© Zakaria ABDELKAFI / AFP

Pour leur "acte VII" plus d'un mois et demi après le début du mouvement, les "gilets jaunes" ont peu mobilisé samedi entre deux fêtes de fin d'année mais promettent de nouvelles actions en janvier.

Avec quelque 2.500 manifestants dans les rues, Bordeaux est la ville où la mobilisation a été la plus forte tandis qu'à peine un millier de personnes ont défilé à Marseille, Rouen ou Nantes et 800 à Paris. Quelques incidents ont éclaté à Bordeaux, Lille, Metz, Toulouse.

Le mouvement semble poursuivre sa décrue. A midi, ils étaient 12.000 d'après les chiffres du gouvernement, qui n'a pas donné de chiffre de mobilisation à la fin de la journée.

Au total, 38.600 manifestants étaient descendus dans la rue le 22 décembre, contre 66.000 une semaine plus tôt et 282.000 pour la première journée de mobilisation le 17 novembre, toujours d'après le ministère de l'Intérieur.

Mais pour une grande partie des "gilets jaunes", cette baisse est uniquement due aux fêtes et ils promettent une reprise très forte des actions en janvier.

"On tient le coup même si on nous dit qu'on est de moins en moins nombreux. Là, il y a les fêtes de fin d'année, les vacances. Ca va repartir en janvier parce qu'il y en a marre qu'on nous prenne pour des lapins de six semaines", explique Murielle, 55 ans, employée de bureau dans la manifestation à Bordeaux.

"On veut retrouver du pouvoir d'achat et avoir notre mot à dire dans les décisions", a déclaré à Marseille Priscillia Ludosky, figure du mouvement qui avait lancé la pétition contre la hausse du prix des carburants.

Convaincue que le mouvement va durer en 2019, elle estime que les annonces du gouvernement "ne suffisent pas" et réclame un "référendum sur la mise en place du référendum d'initiative citoyenne (RIC), la baisse des taxes sur les produits de première nécessité et la baisse des rentes du gouvernement".

- Slogans anti-Macron -

A Marseille comme à Bordeaux, où des heurts ont éclaté entre des protestataires et les forces de l'ordre, les manifestants ont principalement scandé des slogans anti-Macron.

Tout comme dans le XVe arrondissement de Paris à proximité des locaux de BFMTV et de France Télévisions, où plusieurs centaines de "gilets jaunes" sont venus conspuer les "journalistes collabos".

En début de soirée, plusieurs voitures ont brûlé dans ce même quartier devant le siège du Parisien. Une enquête était en cours pour déterminer la cause du sinistre.

"On n'a rien obtenu ! (...). Les annonces de Macron ? Une misère. Du pipi de chat. Peut-être que monsieur Macron a du caviar mais nous on a du pâté de foie", s'insurge Christelle Camus, secrétaire médicale de 49 ans qui a participé aux sept samedis de mobilisation dans la capitale.

"Petit papa Macron, arrête de prendre notre pognon, pour le filer aux grands patrons", dénonce une pancarte déposée sur les Champs-Elysées. A Paris, 57 personnes ont été interpellées et 33 placées en garde à vue.

Confronté à une deuxième affaire Benalla, le chef de l'Etat continue de cristalliser les rancœurs des "gilets jaunes", dont certains ont tenté de pénétrer dans le Fort de Brégançon, la résidence d'été des présidents.

Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont aussi éclaté à Rouen, où la porte de la banque de France a été incendiée, et à Nantes, où les premiers tirs de grenades lacrymogènes ont fusé dès le départ du cortège.

A Metz, où 1.200 personnes étaient réunies, des manifestants ont jeté des pavés et grilles d'égouts sur les forces de l'ordre et à Lille, où les précédentes manifestations s'étaient déroulées dans le calme, plusieurs personnes ont été blessées.

Des dégradations ont également eu lieu à Toulouse où s'étaient rassemblées 1.350 personnes dont "650 profils violents", selon la préfecture.

Sur les autoroutes, les actions s'étiolent: seuls quelques échangeurs ont été fermés notamment sur l'A7 et l'A10 et quelques opérations péage gratuit menées mais dans des proportions moindres que les week-end précédents.

Dans un courrier adressé aux préfets samedi, dont l'AFP s'est procuré une copie, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a demandé à la "libération complète et définitive" de la centaine de ronds-points encore occupés.

- Image négative à l'international -

La prochaine grande date pour les "gilets jaunes" sera maintenant le réveillon du Nouvel an: des rassemblements sont annoncés sur le pont d'Aquitaine à Bordeaux, place Masséna à Nice ou sur les Champs-Elysées à Paris.

Une mauvaise nouvelle pour les hôteliers français qui ont déjà annoncé qu'ils ne feraient pas le plein pour la Saint-Sylvestre: les touristes étrangers, surtout ceux au fort pouvoir d'achat, ont été refroidis par les images des manifestations violentes.

Ailleurs, le mouvement semblait en inspirer certains. Selon Belga, une soixantaine de gilets jaunes ont mené une "action de sensibilisation" à Namur (Wallonie) en distribuant des tracts réclamant notamment un referendum d'initiative citoyenne pour obtenir une TVA à 6% sur les produits énergétiques de base.

Et à La Haye, entre 150 et 200 "gilets jaunes" néerlandais ont manifesté et huit personnes ont été interpellées après des échauffourées.

Depuis le début du mouvement en novembre, 10 personnes ont été tuées sur des points de blocage en France et plus de 1.600 manifestants ont été blessés, dont une cinquantaine gravement.

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, a été saisie par la justice de 48 affaires de violences policières présumées lors de manifestations de "gilets jaunes" et de lycéens, a précisé vendredi le ministère de l'Intérieur.

Sur les réseaux sociaux, certains groupes ("Stop, maintenant ça suffit" et "les foulards rouges") qui souhaitent s'opposer aux blocages et aux violences ont lancé un appel pour une manifestation à Paris le 27 janvier en soutien à Emmanuel Macron.

bur-cld-mig-asl/tib/cam

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