Les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite à nouveau sur le tapis

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Par AFP - Fos-sur-Mer
Publié le 28 mai 2019 - 15:40
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La ministre des Armées Florence Parly à l'Assemblée nationale, le 28 mai 2019 à Paris
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© JACQUES DEMARTHON / AFP
La ministre des Armées Florence Parly à l'Assemblée nationale, le 28 mai 2019 à Paris
© JACQUES DEMARTHON / AFP

Entré au port de Marseille-Fos mardi, le cargo Bahri Tabuk doit y charger des munitions de canons français à destination de l'Arabie saoudite, accuse le média indépendant Disclose, des affirmations vivement démenties par l'armateur du navire.

Selon Disclose, ce cargo saoudien doit prendre livraison de munitions pour les canons Caesar français, à destination de Jeddah, en Arabie saoudite. Une accusation éminemment sensible, ces armes pouvant être utilisées pour tuer des civils au Yémen, selon des ONG.

Pour Shipping Agency Service, la société représentant en France l'armateur saoudien Bahri, ce sont uniquement des générateurs électriques que le Bahri Tabuk compte embarquer mercredi: "Le navire va charger, pour le compte de (l'entreprise allemande) Siemens, des stations mobile d'électricité à usage civil, et cela représente 100% de sa marchandise", a insisté auprès de l'AFP un porte-parole de SAS, selon qui "les informations sur un chargement d'armes ou d'explosifs sont complètement bidon".

"Ce sont des +fake news+, comme c'était déjà le cas au Havre", il y a deux semaines, quand un autre cargo saoudien du même armateur, le Bahri Yanbu, avait déjà été soupçonné de vouloir embarquer des armes françaises à destination de l'Arabie saoudite, a-t-il poursuivi. Ce navire avait finalement renoncé à accoster au port du Havre (Seine-Maritime, nord-ouest), après cette une polémique provoquée déjà par des accusations de Disclose.

Cette nouvelle polémique sur les livraisons d'armes françaises à l'Arabie saoudite et leur potentielle utilisation dans le conflit au Yémen a donné lieu à une passe d'armes à l'Assemblée nationale mardi après-midi.

"Nous sommes en train de vérifier", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly, interpellée mardi après-midi à l'Assemblée nationale sur ces munitions fabriquées par une filiale du groupe Nexter et leur possible départ pour le Golfe: "Et quand bien même ce serait le cas, cela serait-il étonnant? Non, car nous avons un partenariat avec l'Arabie Saoudite" a-t-elle poursuivi dans une ambiance houleuse, interrompue par un "vous mentez !" de François Ruffin, député de La France Insoumise (gauche radicale).

Dans un communiqué, Amnesty International a appelé mardi la France à bloquer le départ de ce "bateau de la honte" pour l'Arabie saoudite, son chargement pouvant servir pour des "crimes de guerre" commis par les forces armées saoudiennes au Yémen. Dans ce texte, l'ONG affirme que le Bahri Tabuk serait arrivé à Fos-sur-Mer avec des véhicules blindés canadiens à bord. Il y a des "raisons légitimes" de penser que des munitions françaises vont aussi être chargées, poursuit Amnesty.

Cette nouvelle livraison, si elle est confirmée, relance le débat sur les ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition qui intervient depuis 2015 au Yémen contre les rebelles houthis soutenus par l'Iran. Cette "sale guerre", selon la formule même des autorités françaises, a fait depuis 2015 des dizaines de milliers de morts et a entraîné l'une des pires crises humanitaires au monde, selon l'ONU.

"Oui c'est une sale guerre, oui il faut l'arrêter, oui il faut que les Saoudiens et les Emiriens arrêtent, oui il faut être extrêmement vigilant sur les ventes d'armes à l'égard de ces pays. C'est ce que nous faisons", a déclaré mardi sur France Inter le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. "Nous respectons scrupuleusement" le traité sur le commerce des armes, a-t-il assuré.

Le port de Marseille-Fos "ne servira pas à charger des armes ou des munitions", a pour sa part assuré à l'AFP Laurent Pastor, un responsable syndical des dockers, promettant que le chargement serait "vérifié". Selon M. Pastor, le chargement du Bahri Tabuk a été présenté comme du "matériel civil pour un projet lié à l'énergie".

L'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) France a indiqué avoir déposé mardi après-midi un référé-liberté contre l'autorisation de charger des armes qui aurait été délivrée au cargo Bahri Tabuk par la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI). Cette association avait déjà déposé un recours contre le chargement du Bahri Yanbu au Havre, mais celui-ci avait été rejeté le 10 mai.

burs-ol/mdm/lpt

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