Les tableaux de Notre-Dame en sécurité au Louvre

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Par Alain JEAN-ROBERT, Jean-Louis DE LA VAISSIERE - Paris (AFP)
Publié le 19 avril 2019 - 16:58
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Des peintures sauvées de l'incendie de Notre-Dame sont chargées dans une camionnette pour être emmenées au Louvre, le 19 avril 2019 à Paris.
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© Lionel BONAVENTURE / AFP
Des peintures sauvées de l'incendie de Notre-Dame sont chargées dans une camionnette pour être emmenées au Louvre, le 19 avril 2019 à Paris.
© Lionel BONAVENTURE / AFP

Quinze tableaux de Notre-Dame en bon état de conservation ont été décrochés pour être emmenés au Louvre, afin d'y être sécurisés dès vendredi, avant que ne démarre le long chantier de restauration de la cathédrale parisienne ravagée par un incendie.

Quatre jours après le sinistre, sur le parvis de la cathédrale, où flotte une odeur persistante de brûlé, le ministre de la Culture Franck Riester confirme la bonne nouvelle : ces tableaux de grande taille, des mays du XVIIème siècle - les plus grands de 3 mètres sur 4 - "n'ont pas été abîmés" et "sont dans des conditions quasi normales".

Une bonne nouvelle que l'on espérait, puisque l'intérieur de la nef n'avait pas été directement attaqué par l'incendie.

Les tableaux "ont été préservés des flammes et peuvent être retirés, déposés et transportés dans des réserves sécurisées", précise le ministre.

L'opération se conclura dans la journée. Les 15 toiles de prix, signées Laurent de La Hyre ou Charles Le Brun, ont été soigneusement emballées et placées dans des camions, qui devaient les conduire au Louvre.

Une cinquantaine de personnes ont été mobilisées, dont quatre équipes de six transporteurs. Des restaurateurs, des conservateurs et un photographe ont contrôlé et entouré leur travail.

"La dépose se fait de manière pas facile. Les tableaux sont grands et lourds, les chapelles sont un petit peu encombrées", notamment par des confessionnaux modernes en verre, explique Isabelle Pallot-Frossard, directrice du Centre de recherche et de restauration des Musées de France.

"Le travail d'emballage est le plus long, puisqu'on les descend d'abord, on les observe, on fait le constat d'état, des photographies, et ensuite on les emballe", dit-elle.

Pour Judith Kagan, chef du bureau de la conservation du patrimoine, "ce que nous faisons actuellement est une évacution pour permettre au chantier de se dérouler sans être occupé avec les objets précieux au milieu". "Il n'y a aucun tableau endommagé dans l'incendie", tient-elle à souligner.

Seules quatre oeuvres, intactes mais pas encore accessibles, car les lieux où elles se trouvent doivent être sécurisés, devaient rester dans la cathédrale : deux tableaux, un reliquaire contenant les restes de Sainte Geneviève, patronne de Paris, et "une Vierge à l'enfant qui est toute droite et a gardé un petit cierge qui est resté allumé pendant plusieurs jours", raconte Judith Kagan.

- Chemin de Croix -

Pour expliquer le bon état de conservation, Mme Pallot-Frossard explique qu'"il n'y a pas eu du tout d'eau tombée dans les chapelles. Il n'y a pas eu de suie, car il n'y a pas eu de feu important dans la cathédrale. Quand des poutres enflammées sont tombées, les pompiers ont immédiatement jugulé le feu".

En ce Vendredi Saint, qui commémore la Passion de Jésus et sa crucifixion, l'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit, qui normalement prend part au chemin de Croix au Sacré-Coeur, participe à celui organisé autour de Notre-Dame avec les fidèles. Il devait partir à 15H00 du Pont Saint-Louis, juste derrière la cathédrale, pour rejoindre le Pont de la Tournelle.

La couronne d'épines, sortie de la cathédrale avec d'autres reliques dès lundi soir, ne sera pas portée sur le parcours, pour des questions de sécurité, a précisé le diocèse.

Emmanuel Macron, qui a annoncé la fin du chantier dans cinq ans - s'attirant les critiques des sceptiques, qui jugent qu'une telle opération prendra plus de temps - a reçu vendredi une délégation de l'Unesco.

Ils ont fait le point sur les aides internationales qui ont afflué, aux côtés du général Jean-Louis Georgelin, le "Monsieur Reconstruction" nommé par l'Elysée.

Selon l'expert en oeuvres d'art Eric Turquin, qui a réalisé de nombreuses expertises de toiles après incendies, "le fait que les tableaux étaient dans des chapelles latérales les a sans doute préservés d'une chaleur excessive, qui aurait cristallisé la peinture et aurait eu un effet irrémédiable".

En 2017, douze millions de touristes ont visité Notre-Dame, chef-d'oeuvre de l'architecture gothique qui faisait l'objet d'importants travaux depuis plusieurs mois. L'incendie a suscité une émotion dans le monde entier. Les dons de mécènes et de personnes privées ont afflué, et des escrocs ont tenté d'intercepter une partie des dons avec des faux sites.

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