Emmanuel Macron plaide pour un âge de consentement minimum à un acte sexuel fixé à 15 ans
"Horreur et honte": Emmanuel Macron s'est montré intraitable samedi contre les violences faites aux femmes, proposant une répression accrue de leurs auteurs, une meilleure protection des victimes et décrétant l'égalité entre les sexes "grande cause du quinquennat".
"C'est notre société tout entière qui est malade du sexisme", a déclaré le président de la République à l'Elysée à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes qui a donné lieu comme chaque année à de nombreux rassemblements.
Alors que depuis plusieurs semaines, des centaines de milliers de victimes s'expriment sur internet, M. Macron s'est dit pris d'un sentiment d'"horreur et de honte" en tant "qu'homme et décideur public".
Devant 200 personnes - responsables d'associations, d'institutions, politiques, personnalités dont l'humoriste Florence Foresti et Leila Slimani - il a décrété l'égalité entre les femmes et les hommes "grande cause du quinquennat".
"Sophie, Anna, Emilie, Fatima, Catherine... Elles sont 123 à être décédées en 2016", a poursuivi M. Macron, faisant observer une minute de silence en hommage aux femmes tuées l'an passé par leur partenaire ou ex-partenaire.
"La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur", a-t-il dit, détaillant "trois priorités" : "l'éducation et le combat culturel en faveur de l'égalité", un "meilleur accompagnement des victimes" et un "renforcement de l'arsenal répressif".
Tout en appelant à ne pas tomber "dans un quotidien de la délation", ni que "chaque rapport hommes-femmes soit suspect", il s'est dit déterminé à se "battre pour l'égalité non négociable entre les deux sexes".
En 2016, près de 225.000 femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de leur conjoint, dont moins d'une sur cinq a déposé plainte, selon des chiffres officiels.
Partout en France, de nombreuses initiatives - rassemblements, minutes de silence mais aussi chants et slogans anti-violences -, étaient organisées samedi pour appeler à une prise de conscience et rendre hommage aux victimes.
A Paris, en tête d'un cortège de 2.000 personnes, des femmes vêtues de noir portaient autour du cou le nom d'une victime tuée en 2017. A Nice, des femmes ont raconté leur agression sur des Post-it roses. La municipalité avait de son côté prévu d'illuminer dans la soirée différents bâtiments de la ville en orange, la couleur retenue par l’ONU.
A Nantes, ce sont des chaussures rouges qui ont symbolisé la violence, à Rennes une carte intitulée "où se faire agresser à Rennes?", à Bordeaux des photos de femmes en Turquie défigurées par l'acide.
A Lille comme au Puy-en-Velay, des femmes se sont allongées dans la rue pour représenter les victimes. Deux rendez-vous avaient été fixés à Lyon dès vendredi. "Silence, on harcèle, on tue, on viole, on brise", pouvait-on lire une une immense banderole rouge déployée à Grenoble.
- 'Nerf de la guerre ' -
Le chef de l'Etat a annoncé la création d'un "délit d'outrage sexiste" passible d'une amende "dissuasive" contre le harcèlement de rue et des "modifications législatives" contre les auteurs de cyberharcèlement. Il a aussi promis de "traquer" ceux qui pratiquent l'excision en France.
Emmanuel Macron a confirmé que le projet de loi "contre les violences sexuelles et sexistes", annoncé pour 2018, fixerait à 30 ans, au lieu 20, le délai de prescription des viols sur mineurs. Il a aussi proposé de fixer à 15 ans l'âge de consentement minimum à un acte sexuel.
Pour les victimes, un signalement en ligne sera créé dès le début de l'année, leur permettant de contacter des policiers ou gendarmes formés, 24h sur 24, 7 jours sur 7.
Pour lutter contre les représentations sexistes, un "module d'enseignement" sera mis en place dans les écoles. Brigitte Macron s'impliquera personnellement auprès d'"ambassadeurs lycéens" contre le harcèlement scolaire, a indiqué son entourage à l'AFP.
Évoquant par ailleurs la pornographie sur internet, accessible aux enfants, le chef de l'Etat a annoncé vouloir étendre les pouvoirs du CSA au contrôle des contenus vidéos numériques.
Pour lutter contre l'inégalité dans les entreprises, le président a souhaité des "opérations de testing sur la discrimination des femmes à l'embauche".
Les associations féministes ont salué "l'engagement du président" mais réclamé davantage de moyens, "le nerf de la guerre". Pour elles, les 420 millions d'euros de budget interministériel annoncés par Emmanuel Macron pour 2018 sont "insuffisants" car ils ne font que s'appuyer sur l'existant, ont résumé la militante féministe Caroline De Haas et Ernestine Ronai, membre du Haut conseil à l'Egalité.
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